Avez-vous essayé
les semences améliorées ?

Tous les paysans savent que pour obtenir une bonne récolte, il faut semer de bonnes semences. C’est pour cela qu’à la récolte, ils mettents à part les plus beaux épis. Leurs graines leur serviront de semences la saison prochaine.

Aujourd’hui, nous t’invitons à semer des graines encore meilleures. On les appelle les « semences améliorées ». Elles sont le résultat de nombreuses années de travail des « chercheurs » de Saria (près de Koudougou), de Kamboinsé (près de Ouagadougou, de Farakoba (près de Bobo-Dioulasso-Dioulasso) ou encore d’autres lieux. Il y a certainement des semences améliorées faites pour toi : c’est-à-dire qui te donneront une bonne récolte si tu les nourris bien. Déjà nous vous avons présenté, dans des numéros précédents, une semence de sésame (la S-42) et une de niébé (la KVx 61-1). Aujourd’hui, nous voulons vous présenter une semence de petit mil (la IKMV 8201), deux semences de sorgho, les variétés Sariaso 11 et Sariaso 14, et enfin une semence de maïs (la KEJ).

Seulement il faut savoir que si ces semences peuvent donner de très bonnes récoltes, elles ont besoin d’une bonne nourriture. Mal nourries, ces semences ne donneront rien de bon, et tu auras perdu ton argent, car un kilo de semences coûte le plus souvent 500 F.

Quelle nourriture peux-tu lui donner ?

Si tu cultives le coton, tu connais les engrais chimiques et tu en mets sûrement sur ton champ de maïs. C’est bien, mais n’oublie pas de mettre aussi du compost (ou du fumier bien décomposé), tu pourras récolter jusqu’à 50 sacs de maïs sur un hectare, sans fatiguer ton champ.

Si tu ne connais pas les engrais chimiques, tu dois nourrir tes semences avec un bon compost ou un fumier bien décomposé. Pour les semences améliorées, on conseille souvent de mettre 5 tonnes de ce compost sur un hectare (tous les deux ans); cela représente 30 à 40 charretées de compost. Si tu le fais déjà, c’est bien. Continue. Tes champs resteront de bonne qualité toute ta vie !

Si tu n’as pas assez de compost pour cela, il y a une autre bonne façon de faire que nous te conseillons : le zaï. (Voir l’article sur le zaï page 5). Les semences améliorées donnent de très bon rendements avec la méthode zaï. Essaie donc, tu ne seras pas déçu.

Ce qui peut t’aider à nourrir ces graines, c’est de pratiquer la rotation des cultures. Le mil, le sorgho ou le maïs poussent mieux si on les sème dans un champ où l’année précédente on a cultivé le niébé ou les arachides (ou le coton suivant la zone).

Et si, à la récolte, tu mesures le rendement de ton champ, écris-nous. Nous sommes très intéressés par tous les résultats que nous pouvons obtenir.

Tu peux trouver les semences que nous allons te présenter à la « station de Saria », près de Koudougou (téléphone : 44 00 42), ou à celle de Kamboinsé (téléphone : 31 92 08), près de Ouagadougou. Tu peux aussi contacter les responsables de ton groupement villageois, de ton association, ou un agent du CRPA, ou une ONG d’appui aux paysans.

Une bonne façon de cultiver : le zaï.

Au Burkina, surtout dans le nord du pays, les paysans cultivent, de plus en plus, selon la méthode du zaï; Cette méthode vient du Yatenga. Elle donne de bon résultats même quand la pluie est en retard, et même quand la pluie manque.
Quand la pluie est bonne, les récoltes sont très bonnes. Cette méthode est très bonne pour les semences améliorées qui ont besoin d’une bonne nourriture.

Avant la pluie

Les cultivateurs creusent des petits trous dans leurs champs. Ils placent ces trous comme pour semer,
en lignes et avec les bonnes distances entre eux (bons écartements).
Ils font ces trous plus grands que pour semer,
ils les font grands comme une calebasse pour boire.
Ils remplissent ces trous avec du fumier bien décomposé ou du compost qu’ils apportent et ils ferment ces trous avec la terre tirée du trou.
Ils sèment tout de suite si la pluie peut venir vite
ou bien ils sèment après la première bonne pluie.

Pourquoi cette façon de faire est bonne là où il ne pleut pas beaucoup  ?

Les trous boivent l’eau des premières pluies;
elle ne coule pas et mouille bien la terre.

Le compost ou le fumier décomposé retiennent bien l’eau :
elle s’évapore moins vite et ça sèche moins vite que la terre, et les cultures ne souffrent pas trop si la pluie manque plusieurs jours.

Le compost ou le fumier sont une bonne nourriture pour les cultures :
les jeunes pieds de mil, de sorgho ou de maïs poussent vite.

Dans la partie nord du Burkina, et même au centre, l’eau manquent souvent. Aussi, de plus en plus, les cultivateurs font de cette façon qui s’appelle zaï au Yatenga, son pays d’origine. Fais de même, tu ne seras pas déçu.

Luttons tous contre le mildiou  !

Qu’est-ce que le mildiou du mil  ?

Le mildiou ou lèpre du mil est la maladie la plus importante du mil au Burkina Faso.

Cette maladie est présente dans toutes les régions ou l’on cultive le petit mil.

Le mil est la principale plante-hôte du champignon responsable du mildiou (qui peut aussi se trouver sur le sorgho ou le maïs).

Symptômes et dégats

Avant l’épiaison (la sortie des épis), les plantes malades présentent d’abord une décoloration jaunâtre de leur feuillage pouvant apparaître très tôt sur les jeunes plantes.

En cas d’infection précoce ou sévère (forte), les plantes peuvent mourir (au bout de 10 ou 15 jours) ou se rabougrissent.

A l’épiaison, les fleurs attaquées se transforment, en partie ou entièrement, en feuilles avec production d’épis difformes, appelés parfois « balais de sorcières ».

Quand il y a beaucoup de mildiou dans un champ, il arrive qu’on ne récolte même pas la moitié de ce qu’on aurait pu espérer.

La transmission du mildiou se fait :

à partir de semences de mil contaminées par les germes du champignons (d’où l’importance du traitement des semences).

A partir de sols contaminés par les débris de feuilles malades (brûler ces feuilles).

A partir de plantes malades : quand vous retournez les feuilles, vous pouvez voir une poudre blanche. Cette poudre contient beaucoup de germes de la maladie. L’eau de pluie et le vent les aident à se répandre dans tout le champ pour attaquer les autres pieds de mil.

N.B. : l’utilisation des restes de plantes malades pour nourrir les animaux ou pour leur litière contribue à propager la maladie.

Méthodes de lutte

Si, chaque année, il y a beaucoup de mildiou dans votre village, procurez-vous des semences qui résistent mieux à cette maladie, comme le IKMV 8201, que nous venons de vous présenter (il y en a d’autres).

Le traitement des semences : nous vous recommandons le traitement des semences avec Apron plus 50 DS. C’est le meilleur remède que l’on trouve au Burkina (à Ouaga chez SOPAGRI, près du grand marché, en face de la CICA).
N’oubliez pas de demander le mode d’emploi. Il faut un sachet de 10 grammes pour traiter 1 kg de semences si vous avez une variété qui résiste déjà au mildiou comme le IKMV 8201.
  Procédé à suivre :
Mélanger, dans un plat ou une boite, l’Apron plus 50 DS avec les semences.
Ajouter quelques gouttes d’eau
Mélanger de nouveau avant de semer. Semer seulement 2 ou 3 graines par poquet. Garder quelques graines pour les semer sous forme de pépinière : vous pourrez alors remplacer les plants manquants.

Pendant la culture : faites des semis précoces, repiquez les plantes saines, arrachez et brûlez les plantes malades. Tout cela pour que les plantes malades ne transmettent pas la maladie à celles qui sont en bonne santé.

Si vous suivez tous ces conseils, vous aurez certainement une bonne récolte.

 

A Zuma, province du Nayala,

le groupement des femmes a 19 ans !

Tout a commencé en 1981, avec Madame Véronique Daya, l’ancienne présidente. 34 femmes ont décidé de se regrouper et de former une association qu’elles ont nommée Konpan. Dans leur langue, le samo de Toma, Konpan veut dire « la calebasse tenue ensemble ne peut pas se casser ». Elles ont commencé à cotiser chacune
50 F (aujourd’hui, pour faire partie de l’association, une femme verse 1 000 F). Quelqu’un les a aidées, ce qui fait qu’elles avaient alors 10 000 F dans leur caisse. Avec cela, elles ont acheté des semences d’arachides. Elles ont donc cultivé un grand champ d’arachides. Elles ont vendus leur récolte. Elles avaient alors 55 000 F dans leur caisse. C’est alors qu’elles ont commencé à faire des prêts à leurs membres.

Assez vite, elles ont obtenu la confiance d’organismes de crédits. Leur association a pu emprunter à ces organismes, pour prêtrer à leurs membres des sommes plus importantes, ou même pour acheter un moulin.

Cette année, elles ont obtenu un prêt auprès du FAART (le Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes), et un autre auprès de l’Union Départementale de la FENOP (Fédération Nationale des Organisations Paysannes), si bien qu’elles peuvent prêter de l’argent aux 87 femmes de leur association.

Prenons un exemple pour voir comment se font les remboursements : quand une femme emprunte 25 000 F, elle doit rembourser 2 500 F chaque mois, pendant 12 mois. Les remboursements des 11 premiers mois servent à rembourser l’organisme qui a prêté au groupement. Le versement du 12ème mois appartient au groupement. C’est ainsi que le groupement possède aujourd’hui un moulin (mais qui était en panne le jour de notre visite) et 370 000 F de fonds propre. Cet argent, elles le prêtent aux femmes du groupement.

Le règlement est très sévère. Quand tu es en retard pour rembourser, l’association prend dans ta cour du matériel pour la valeur de ta dette : une marmite, un sceau, un vélo…

Grâce au groupement, les femmes ont pu également bénéficier de nombreuses formations, soit au village, soit – le plus souvent – à Toma (à 13 km de Zuma). Ces formations ont porté sur la gestion, la santé, l’animation d’un groupement…

Au début, il arrivait que des maris ne laissaient pas leur femme partir se former à Toma. Aujourd’hui, les hommes ont compris l’intérêt de ces formations, et les femmes n’ont plus tellement de difficultés. C’est ainsi que le mari de la présidente prête facilement sa moto à sa femme pour qu’elle se rende à Tougan, pour y effectuer les remboursements.

Les femmes du groupement sont maintenant bien respectées. Elles sont écoutées. Quand il y a une affaire qui intéresse tout le village, on demande séparément aux hommes et aux femmes leur avis, puis on réunit tout le monde pour voir l’affaire tous ensemble.

Les principales difficultées signalées sont le retard aux réunions et les absences aux travaux communs (comme la culture dans le champ collectif).
Malgré cela, on peut dire que ce groupement, Konpan, continue à faire beaucoup de bien aux familles de Zuma.

« Que Dieu lui donne de continuer son bon travail dans la paix et dans l’entente ! »