Le prix
du coton a beau avoir gagné du terrain ces derniers jours, le président
de l’Association Cotonnière Africaine, Ibrahim Malloum, ne décolère
pas. De retour de Cancun où il est allé suivre la conférence de
l’OMC, il n’a pas de mot assez dur pour qualifier ce qui s’est
passé ce week-end. «C’est inadmissible» affirme-t-il
dans le taxi qui le ramène vers ses bureaux parisiens. «Sur le
dossier du coton, les pays développés auraient pu faire un geste.
Mais ni les Européens ni les Américains ne l’ont fait. Ils ont
raté une occasion Les pays africains avaient des propositions très
concrètes sur la disparition des subventions aux producteurs de
coton en Europe et aux Etats-Unis. Il n’y a même pas eu de
contre-proposition». Ibrahim Malloum ne va quand même jusqu’à
la position extrémiste des ultras de l’altermondialisation qui se
réjouissent de l’échec de Cancun. Mais l’amertume est bel et
bien là. «Les mots de développement, d’aide au tiers-monde
sont vides de sens» conclue-t-il. Cette colère, ce dépit sont
aisément compréhensibles. Après un combat de l’intensité de
celui livré dans la station balnéaire mexicaine, l’échec est
dur à vivre.
Pourtant, quand Ibrahim Malloum aura posé sa valise et repris ses
esprits, peut-être considérera-t-il qu’un pas important a malgré
tout été franchi. La question des subventions européennes et américaines
à leurs producteurs de coton est posée. La situation pour le moins
inéquitable faîte aux producteurs africains n’est plus du seul
ressort de militants tiers-mondistes acharnés. Le dossier est désormais
sur le dessus de la pile des grandes questions commerciales
internationales. Une étape a été franchie.
C’est
vrai la route sera longue mais ce n’est une découverte pour
personne…
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