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Haricot vert, la filière va mal...

On produit et on exporte du haricot vert au Burkina depuis plus de 30 ans. Cette production permet aux producteurs d’avoir une activité et un revenu en saison sèche et participe ainsi à la sécurité alimentaire du pays. Elle contribue en outre à fixer les jeunes dans leurs terroirs, en témoigne le nombre de jeunes hommes et de jeunes filles installés sur des périmètres maraîchers.

Cependant, depuis une dizaine d’années, les exportations stagnent malgré une amélioration de la qualité du haricot vert du Burkina depuis les deux dernières années (le prix de vente en France est de 2000 Fcfa/kg en moyenne cette année contre 1600 Fcfa en 1999/2000). Face aux nombreux problèmes de la filière, les producteurs ne restent pas inactifs. En 1996 est née l’association nationale des producteurs de haricot vert (ANPHV), reconnue comme une structure filière organisée de la FENOP. Cette association est née de la volonté de quelques périmètres maraîchers à s’engager dans une stratégie de renforcement de la filière et de défense des intérêts des producteurs.

Pour la campagne 2001-2002, la situation s’est aggravée, en effet, on peut estimer que les exportations sont tombée à environ 1500 à 1600 tonnes seulement contre environ 2 500 tonnes l’année dernière.

 

L’ANPHV a souhaité connaître plus en détail la situation de ses périmètres et grâce à des enquêtes menées par des animateurs endogènes, a pu faire le bilan de la campagne pour 29 périmètres adhérents.

Pour cette campagne, les périmètres de l’ANPHV ont produit plus de 500 tonnes de haricot vert exportés en fin ou en très fin vers la France et l’Italie. Ils représentent donc 30% de la production pour cette campagne.

Les trois maux de la filière restent :

- le préfinancement

la plupart des périmètres sont pré-financés par l’exportateur, ce dernier fourni les semences, l’engrais, le gasoil pour irriguer, les pesticides à crédit et coupe ensuite sur les livraisons de haricot vert. Parfois, les intrants arrivent en retard, parfois, les semences sont de mauvaises qualité… parfois, les intrants sont détournés vers d’autres productions et les livraisons de haricot vert ne permettent pas de rembourser le crédit…En outre, cela limite l’indépendance des producteurs vis à vis de leur exportateur et leur pouvoir de négociation.

- l’absence de contrats :

Trop peu de périmètres signe des contrats avec leurs partenaires. Même quand c’est le cas, ils ne sont souvent pas respectés de part et d’autres : parce que les producteurs acceptent de signer des contrats sur la base de rendements qu’ils n’atteignent pas mais aussi parce que les exportateurs ne respectent pas les délais de paiement même lorsque les producteurs ont pu pré-financer leur campagne grâce à des crédits auprès de systèmes financiers décentralisés.

- les impayés

Les impayés sont importants sur la filière et découragent les producteurs à continuer à cultiver le haricot vert, rien que pour la campagne 2001-2002, l’ANPHV a estimé les impayés à plus de 54 millions de francs CFA pour neuf périmètres. Certains périmètres ne sont pas payés depuis 1997 ! A l’inverse, certains périmètres doivent à leur exportateur parce que leur production n’a pas suffit pour rembourser le crédit : on estime pour cette campagne la dette des périmètres à environ 2 700 000 Fcfa.

Cette situation contribue à dégrader la confiance entre producteurs et exportateurs alors qu’une collaboration est nécessaire pour que chacun trouve son compte sur la filière. Un espace de concertation est nécessaire à mettre en place entre producteurs et exportateurs pour discuter de tous ces problèmes et trouver des solutions (généralisation des contrats, pré-financement de la campagne par les systèmes financiers décentralisés etc…).

- les problèmes de fret

Enfin et surtout, les problèmes de fret qu’a connu le Burkina ses deux dernières campagnes a fortement perturbé les exportations vers les pays européens. Sur ce dernier point, producteurs et exportateurs restent impuissants ! alors que c’est le point névralgique de la filière, sans fret, pas d’exportations. Les importateurs français ont souligné la très bonne qualité du haricot vert mais déplorent les irrégularités d’approvisionnement. Ils ne peuvent pas compter sur cette origine de façon fiable.

Ces problèmes de fret ont mis en difficulté à la fois exportateurs et producteurs : les exportateurs parce qu’ils n’ont pas toujours pu livrer les quantités prévus à leurs importateurs européens et les producteurs parce qu’une grande partie de leur haricot n’a pas pu être exportée (jusqu’à 15% de leur production).

Devant ce constat général de déshérence de la filière, les producteurs attendent du gouvernement qu’il s’attaque au problème de transport aérien sans lequel toute action en faveur de la relance de la filière restera vaine mais aussi qu’il mettre en œuvre une véritable politique d’appui à la filière en collaboration avec les organisations paysannes qui puissent répondre aux principaux points de blocage de la filière.

Source la FENOP : http://fenop.zcp.bf

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