La Spiruline

1. Introduction :

spiruline grossie 250 foisLe savant l’appelle "cyanobactérie Arthrospira Platensis" et dit que c’est une algue bleue… Mais nous la voyons verte et comme, regardée au microscope, elle se présente souvent sous la forme d’un ressort à boudin, nous l’appelons la spiruline.
Micro algue presque aussi vieille que la vie sur terre, elle croît à l’état naturel dans des lacs salés et alcalins des régions chaudes de la Terre.

Ne mesurant pas plus de 0,2 à 0,3 mm de long, elle est à peine visible à l’œil nu, mais colore en vert (vert épinard, ou vert des feuilles de baobab) l’eau dans laquelle elle se développe, vivant de photo synthèse comme les autres plantes.

Pour se développer, il lui faut de l’eau, de la lumière, de la chaleur, et les éléments essentiels à la vie des plantes : carbone, azote, phosphore, potassium, fer, magnésium.

Depuis la nuit des temps, les hommes riverains des lacs où cette algue se développe naturellement (les oiseaux aquatiques apportent par leurs fientes la nourriture et par leurs ébats l’agitation de l’eau) en ont fait un complément à leur nourriture.

Elle était déjà consommée de façon traditionnelle chez les Aztèques du Mexique qui la récoltaient dans un lac aujourd’hui disparu sur le site de la ville de Mexico.

De nos jours encore, une ethnie tchadienne la récolte en écumant certains étangs saumâtres. La purée verte ainsi recueillie est mise à sécher au soleil, puis vendue sous forme de galettes sous le nom de " dihé ". Elle apporte ainsi un complément nutritionnel dans la préparation des sauces qui accompagnent habituellement les bouillies ou boulettes de céréales (mil) et de manioc.

On sait en effet que dans les contrées subsahariennes céréales et tubercules jouent le rôle de coupe-faim mais manquent cruellement de protéines et de vitamines, entraînant malnutrition et carences multiples.

Retrouvée au Tchad en 1940, c’est surtout à partir de 1946 qu’intrigués par les pratiques anciennes que nous venons d’évoquer et à la recherche de ressources alimentaires à bon marché, des scientifiques ont redécouvert la spiruline et ses propriétés remarquables.

C’est d’abord l’aliment le plus riche actuellement connu en protéines (60 à 70% en poids sec) et ces protéines sont d’excellente qualité puisqu’elles contiennent tous les acides aminés essentiels.

La spiruline constitue ainsi un complément alimentaire riche de promesses dans des pays où l’alimentation traditionnelle, soit par manque de ressources soit par ignorance, ne procure pas en quantité suffisante la nourriture équilibrée nécessaire à la santé.

Elle est tout particulièrement recommandée aux jeunes enfants et aux femmes enceintes. Chez les adultes la spiruline est utile pour renforcer les résistances du corps aux infections et aux états de faiblesse.

Utilisée à titre préventif, l’intérêt de la spiruline est vite évident.

Mais les malnutris représentent dans les pays du Sahel une majorité d’enfants de 0 à 14 ans ainsi qu’un pourcentage important de la population adulte. Pour les malnutris, comme pour les personnes atteintes d’anémies, les effets de la spiruline en tant que traitement curatif sont rapidement incontestables.

L’addition de 5 à 10 g par jour pendant 3 à 4 semaines à la nourriture conduit à des résultats reconnus.

C’est non séchée, dès sa récolte, que la spiruline est la plus agréable à consommer et qu’elle fournit le plus de vitamines. On peut la conserver quelques jours au réfrigérateur ou en lui ajoutant 5 à 10% de sel de cuisine et en la recouvrant d’huile.

Mais en général pour sa conservation elle est séchée, réduite en granulés fins ou en poudre et conditionnée à l’abri de l’air et de la lumière.

Elle dégage alors une odeur rappelant celle du foin ou du poisson séché, souvent peu appréciée en Europe, mais finalement bien adaptée à l’odorat africain ou asiatique.

Cette poudre doit être mélangée à des sauces, purées, boissons ...

L’odeur disparaît alors et la spiruline ne change pas le goût de l’aliment considéré, mais modifie sa couleur à moins que celle-ci soit déjà verte (cas de la sauce au gombo ou des épinards).

Les personnes qui font l’essai constatent rapidement un mieux-être qui est très stimulant surtout lorsqu’elles ont des efforts physiques ou intellectuels à fournir (cas des athlètes, des étudiants, 
des malades ...).

La mise en route de "fermes de culture" locales ne peut être envisagée qu’en respectant 3 conditions principales :

2. Pourquoi cultiver la spiruline au Burkina et plus largement en Afrique, et dans quelles conditions ?

  • La première est d’ordre économique.

Il faut pouvoir produire à un coût très bas, compatible avec le pouvoir d’achat des populations rurales ou périurbaines des pays du tiers-monde.

Les projets déjà réalisés montrent que c’est possible.

Ajoutons que la consommation de spiruline fraîche, possible dans certains cas (quand les consommateurs sont sur place), simplifie le processus de fabrication.

Classiquement, une partie de la production sera vendue sur le " marché libre " (pharmacies, …) à un prix dégageant une marge suffisante pour une distribution à coût marginal dans les dispensaires ou centres de renutrition.

A titre d’exemple, les chiffres suivants illustrent les dispositions adoptées.

Au Burkina Faso, en 2001, le prix de vente au détail est de 19,8/25,9 € (130/170 FF par kilo) (0,9 € le sachet de 40 g, # 6 FF) et le prix de distribution dans les centres de renutrition  de 12,2 € / kilo (80FF)

Sans prétendre vendre la spiruline au prix du mil, il est important qu’elle ne dépasse pas le prix raisonnable que nous venons d’indiquer.

Assimilée à une " vitamine ", elle se place de ce fait sur le marché des produits pharmaceutiques.

Dans ce cadre, elle est d’un prix attractif (0,9 à 1,2 € le sachet de 40 g (6 à 8 FF), correspondant à un traitement de 8 jours, contre 2,3 à 12,2 € (15 à 80 FF) pour la plupart des médicaments classiques.

Naturellement l’économie d’un projet est liée à sa taille et aux conditions locales particulières.

L’une des premières conditions consiste donc à définir les besoins et à s’assurer, au-delà de l’investissement matériel initial, de l’équilibre économique à terme du projet. Pour ce faire, on constituera un bilan d’exploitation prévisionnel de la ferme intégrant les dépenses (salaires, intrants, consommables, entretien et provision pour le renouvellement des équipements) et les recettes provenant des ventes de spiruline.

  • La deuxième condition est à caractère technique.

Si la production de spiruline dans des " fermes " est relativement simple, il faut néanmoins recourir à des technologies adaptées au pays (disponibilité des matériaux, compétence des artisans...) et aux conditions climatiques (saison des pluies, vents violents...).

Il est nécessaire de former du personnel, de le motiver et de le placer dans un cadre suffisamment structuré pour garantir la pérennité de l’opération.

C’est pourquoi de trop petites unités (quelques dizaines de m²) disséminées dans la nature, sans électricité et moyens de télécommunication et ne bénéficiant pas d’un soutien logistique suffisant sont vouées à un échec probable.

Par ailleurs, elles sont, sur un plan économique, difficilement rentables et ne se justifient que par la mise à disposition de spiruline fraîche aux habitants et malades vivant à proximité.

  • La troisième condition est d’ordre psychologique.

La couleur verte de la spiruline a plutôt tendance à rebuter les jeunes enfants lors des premières prises. L’expérience montre qu’elle est cependant consommée avec plaisir dans 80% des cas. Parmi les cas restants, il faut prendre en compte la perte d’appétit des enfants atteints de malnutrition grave. Dans ce cas, il est nécessaire de nourrir l’enfant par sonde gastrique. La spiruline, après mouture en poudre fine, sera alors mise en suspension dans une solution aqueuse.

La distribution du produit doit être précédée et accompagnée par des "campagnes " d’explications, de formation des jeunes mères, de promotion auprès des prescripteurs (médecins, pharmaciens, infirmiers...). Il faut expliquer en quoi la spiruline est utile, montrer comment l’utiliser, et, dans certains cas contrôler sa réelle utilisation.

On devra enseigner à stocker le produit dans le logement à l’abri des parasites, de la lumière et de l’humidité.

2° partie : Comment construire et exploiter une "ferme spiruline"

3° partie : Suite de "Comment construire et exploiter une "ferme spiruline" 

4° partie : Exemples de réalisations au Burkina et contacts.

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