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Regard critique d’un acteur de la Société Civile !

Du 8 au 9 septembre s’est tenu à Ouagadougou au Burkina Faso un sommet extraordinaire sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique. Organisé à l’initiative de Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE, Président du Faso et sous l’égide de l’Union africaine, ce sommet a regroupé une vingtaine de Chefs d’Etat et de gouvernement du continent ainsi que des représentants de la Société Civile et des partenaires au développement. Présent à ce sommet, du côté des organisations des acteurs de la Société Civile, Monsieur François B. TRAORE, Président de l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina et de la Confédération Paysanne du Faso, lance un cri du cœur pour que ce Sommet atteigne véritablement les espoirs qu’il aura suscités.


Si les Sommets en Afrique et à travers le monde sont monnaie courante, rares sont ceux-là qui se sont réellement penchés sur des questions cruciales pour la jeunesse comme le récent sommet de Ouagadougou qui a opté de réfléchir sérieusement sur l’emploi et la pauvreté. Au regard de l’état actuel du chômage dans nos Etats respectifs et de la croissance galopante de la pauvreté qui en dérive, le sujet ne pouvait passer inaperçu. A l’issue de 48 heures de concertations, les Chefs d’Etats qui ont été précédés en cela par le groupe des employeurs et employés, ont pris des engagements qu’il s’agira maintenant de concrétiser. Sans revenir en détail sur la liste de ces engagements, je note qu’au nombre des secteurs clé à même de promouvoir l’emploi, figure en priorité le monde rural.

Un Secteur qui, en dépit des opportunités qu’il renferme, demeure encore le siège de la pauvreté et de la misère. Non pas parce qu’il n’emploie pas mais parce que tout simplement le niveau de revenus qu’il offre est quasi-insignifiant du fait de l’absence d’initiative réelle de valorisation des produits à travers l’industrialisation et la transformation locales.

Au regard de l’état actuel dans lequel évolue le monde rural qui demeure pourtant un terrain très convoité par les hommes politiques en quête d’un électorat important, il me semble plus que urgent d’en appeler à un véritable changement de la nature et du contenu du débat politique.

Les acteurs du monde rural et de la Société Civile doivent faire preuve de rigueur dans le choix de leurs dirigeants, en ayant comme souci premier la mise en application des promesses tenues lors des sommets et des recommandations prises en faveur du milieu rural et de la Société Civile. Ce faisant, il me semble que l’enjeu majeur réside du côté de la Société Civile qui demeure une force inimaginable, à même d’imposer son point de vue et de faire basculer le débat politique, lui ôtant son aspect folklorique pour le rendre plus conséquent et concret.

En effet, parlant de l’engagement politique, il existe deux types d’attitudes observables chez certains décideurs. Les uns, et c’est l’attitude la plus révoltante, demeurent étrangers aux débats qui se mènent sans se faire le moindre souci, leurs préoccupations se situant ailleurs. D’autres, font l’effort de participer au débat mais malheureusement ne tiennent pas compte, une fois le sommet terminé, des engagements qui y ont été pris. Le manque de vision et l’absence d’idéologie expliquent dans de nombreux cas ce genre d’attitude. Ce faisant, tout se passe comme si le discours politique était différent des recommandations des sommets.

Le rôle des partenaires au développement dans cette dynamique de promotion de l’emploi devrait être plus visible et garder toute sa cohérence. Au regard de l’effet de la politique de délocalisation des usines de l’Occident vers des pays comme la Chine et autres, l’on en arrive à s’interroger sur la volonté réelle des pays développés à aider le continent africain. Au nombre des contraintes qui sont souvent évoquées pour exclure nos états des opportunités de l’industrialisation figurent en bonne place les coûts élevés de l’énergie, des télécommunications et des moyens de transport. Mais, je demeure convaincu que ces contraintes ne sont pas une fatalité au regard de l’évolution actuelle de la science et de la technologie occidentales. Pour preuve, les armes inondent notre continent à un rythme fulgurant, gonflant souvent la dette de nos Etats et la détournant de ces objectifs prioritaires de développement.

Le sommet de Ouagadougou aura donc proposé des axes intéressants à explorer pour promouvoir l’emploi et réduire la pauvreté. Reste maintenant à souhaiter que les propositions formulées se concrétisent par des actions concrètes car si les autres continents ont pu réussir leur développement, il n’y a pas de raison que l’Afrique échoue eu égard à l’importance et la diversité de ses richesses humaines et naturelles.

François B. TRAORE
Bobo-Dioulasso
le 22 septembre 2004

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