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Le soja cru et concassé (pilé) au secours des éleveurs et de leurs vaches !

L’abc Burkina précédent, le n° 375, avait pour titre : « Une vache laitière se nourrit d’abord d’herbes fraîches ou de foin. » Ceci étant dit, pour être en bonne santé et pour produire davantage de lait, une vache laitière a souvent besoin de compléments alimentaires. Jusqu’à aujourd’hui, on a fait croire aux éleveurs burkinabè qu’ils devaient chercher le salut de leurs vaches dans le tourteau de coton et nulle part ailleurs. Et cela, pour le bonheur de la filière coton ! Mais trop souvent, pour le malheur des éleveurs et de leurs vaches.

Les éleveurs ne veulent plus subventionner la filière coton !Un paysan de Boni fier de son champ de sojaC’est ainsi que les sociétés cotonnières ont réussi à vendre le sous-produit (le tourteau de coton, sous-produit de la graine de coton dont on a extrait l’huile) d’un sous-produit (la graine de coton, le coton étant cultivé pour sa fibre), plus cher qu’un produit pur aux nombreuses qualités. Je veux parler du soja ! Avec la bénédiction du gouvernement, qui lui aussi cherche son salut dans la filière coton.

L’alliance des sociétés cotonnières et du gouvernement a tellement bien fonctionnée que la plupart des éleveurs réunis le lundi 3 mai autour de M. Cothenet, docteur vétérinaire (voir l’abc précédent) ne savaient même pas ce qu’était le soja ! Les organisateurs ont dû aller en chercher pour le faire connaître. Et pourtant, il est cultivé au Burkina, notamment dans la zone cotonnière. Le plus souvent pour la consommation humaine, mais aussi, depuis quelques années pour les éleveurs modernes installés autour de Ouagadougou et qui élèvent des vaches laitières exotiques (venues d’Europe ou du Brésil) ou des métis, choisies pour leur capacité à produire 12 à 18 litres de lait par jour. Mais, à ces éleveurs, on ne vend pas du soja cru, mais du soja torréfié. Ce soja est alors vendu deux fois plus cher que le soja cru (environ 30 000 F le sac de 100 kg pour le soja torréfié, contre 12 000 F à 15 000 F pour le soja cru), donc à un prix qui ne menace pas le tourteau de coton (souvent 7 000 F ou 7 500 F le sac de 50 kg).
S’appuyant sur son expérience au Brésil (et sur d’autres expériences menées en France) M. Georges Cothenet, docteur vétérinaire, a été formel :

Une vache de 250 à 300 kg peut très bien consommer jusqu’à 2 kg de soja cru et concassé (pilé) par jour.
C’est même une très bonne chose !

Mais ce n’est pas tout : les qualités nutritives du soja pur sont bien supérieures à celles du tourteau de coton.
A titre d’exemples, voici la quantité de protéines digestives de quelques produits utilisés dans l’alimentation des vaches laitières :

Soja
34 %
Son de blé
11 %
Maïs
9 %
Tourteau de coton
24 %
Drèche de maïs
5 %

 

1 kg de soja par jour devrait permettre à cette vache de doubler sa production de lait, et à cette femme de doubler ses revenusLe soja devrait permettre d'améliorer le complément alimentaire de ces vachesAinsi, on peut dire qu’ un kg de soja « vaut » 1,5 kg de tourteau, ou encore, 3 kg de son de blé.
Une très bonne vache laitière peut donner 7 à 8 litres de lait supplémentaires grâce à un complément de 2 kg de soja par jour. Un complément de 1 kg de soja cru concassé par jour permettra à une vache goudali ou une bonne laitière zébu peul de donner 4 litres de plus par jour.

Tout changement pour les vaches (comme pour les hommes !) est un peu difficile. A une vache habituée au tourteau de coton, on diminuera progressivement sa part de tourteau de coton au profit du soja. Au bout de quelques jours elle n’aura plus besoin de tourteau de coton, et elle appréciera le soja cru concassé (pilé).

Bien sûr, il faudra compléter avec la pierre à lécher et des vitamines.

Le plus souvent, donner 1 kg de soja par jour à une bonne laitière zébu peul ou goudali, est un bon choix, pourvu qu’elle donne alors plus de 4 litres de lait par jour. Avec une goudali, vous pouvez augmenter la ration et vérifier qu’elle donne alors davantage de lait. Avec 1,5 kg par jour elle doit donner 6 litres de lait supplémentaires par jour.

Si avec 2 kg de soja par jour, la goudali ou autre bonne laitière vous donne 7 à 8 litres supplémentaires, vous pouvez continuer ainsi. Mais si elle ne donne pas plus qu’avec 1,5 kg par jour, il faut revenir à 1,5 kg par jour.
Si une vache zébu peul ne donne que deux litres de lait supplémentaires par jour avec une ration journalière de 1 kg de soja, il vaut mieux réduire sa ration à 0,5 kg de soja par jour.

En résumé, 1 kg de soja cru pilé ou concassé par jour doit permettre à votre vache
de donner 4 litres de lait supplémentaires par jour.

Les éleveurs ne sont plus obligés de « subventionner » la filière coton.

Une alternative existe, plus économique ! Le soja est déjà disponible. Mais surtout, les éleveurs peuvent se tourner dès maintenant vers les agriculteurs pour leur exprimer leurs besoins et s’entendre sur un prix. 12 000 à 13 000 F le sac de 100 kg à la récolte semble un prix acceptable par tous. Les producteurs de coton qui pratiquent l’alternance coton/maïs, auraient tout intérêt à introduire le soja pour faire une rotation sur 3 ans : coton/maïs/soja. Ils auraient plus de chances de conserver la fertilité des sols. Le soja est une légumineuse. Le fait de cultiver le soja sur un sol rend ce dernier riche en azote, donc meilleur pour d’autres cultures.

Oui, le soja est bon pour le sol. Il est bon pour les éleveurs. Il est bon pour les agriculteurs.
Pourquoi s’en priver ?


Koudougou, le 17 mai 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

P-S : Prochainement, un numéro avec une proposition de complément alimentaire composé de plusieurs produits (maïs, soja, son...)  et une proposition pour l’alimentation du veau.

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