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Les contradictions du président Wade

En 2001, le Sénégal a importé du riz pour une valeur de 98 milliards de francs CFA, contribuant largement au déséquilibre de la balance des paiements. Et cela ne va qu'en augmentant. Compte-tenu de l'excédent céréalier du Sénégal pour la saison de culture 2003, le président Wade a déclaré fin décembre :

"J'ai demandé aux ministres compétents que l'on n'importe plus 1 kg de riz."

Bien sûr, nous n'avons jamais pensé que le Sénégal allait interdire toute importation de riz, mais nous avions espéré que le président Wade avait compris que laisser entrer dans son pays n'importe quel riz (jusqu'à 95 % de brisures de riz) à n'importe quel prix, n'était pas bon pour son pays, car c'est condamné les producteurs de riz sénégalais (et plus largement de la sous-région) au chômage ! Nous avions espéré que le président Wade allait taxer le riz à l'importation pour que les producteurs de riz africains puissent vivre dignement de leur travail. Apparemment, le président sénégalais a oublié ses bonnes résolutions. Pour s'en convaincre, il suffit de lire l'article ci-dessous, tiré du quotidien sénégalais "Le soleil" en date du 19 mai.

BANGKOK - Le Premier ministre thaïlandais, Thaksin Shinawatra, a fait part au chef de l'Etat, Me Abdoulaye Wade, de la volonté de son gouvernement d'étudier avec les autorités sénégalaises, les voies et moyens d’obtenir une baisse du prix du riz thaïlandais exporté vers le Sénégal.

Recevant hier, en début de matinée, le Président de la République en escale technique de quelques heures sur le chemin le menant vers Taiwan où il devra part aux cérémonies d’investiture du président Chen Shui Bian, M. Shinawatra a annoncé à son interlocuteur le désir de son pays de créer prochainement à Dakar, un centre d’éclatement pour l’approvisionnement en riz des pays de la sous-région africaine.

Cette initiative permettra, selon lui, de favoriser une notable baisse du prix du riz thaïlandais très apprécié par les Sénégalais. Le centre d’éclatement sera utilisé par la Thaïlande pour approvisionner à partir de Dakar, tous les pays de la sous-région, leur épargnant ainsi le déplacement jusqu’à Bangkok.

Dans le même ordre idées, le Premier ministre thaïlandais qui avait retardé de quelques heures la tenue hebdomadaire du Conseil des ministres de son gouvernement afin de recevoir en audience le président Wade, a aussi indiqué que son pays pourrait également installer une usine de brisure de riz à Dakar.

Le chef du gouvernement thaïlandais a, par ailleurs, annoncé la prochaine visite au Sénégal du ministre thaïlandais du Commerce afin d'étudier sur place, en relation avec le gouvernement sénégalais et le secteur privé, les modalités d’application des mesures annoncées. Le Sénégal est le principal client en riz de la Thaïlande.

Il est temps, me semble-t-il, que les producteurs de riz de l'Afrique de l'Ouest se mobilisent et fassent pression sur leurs gouvernements et sur la commission agricole de l'U.E.M.O.A. pour que le T.E.C. (tarif extérieur commun) appliqué au riz soit revu à la hausse. Si non, ce centre d’éclatement pour l’approvisionnement en riz des pays de la sous-région africaine, si jamais il voit le jour, risque d'être une très mauvaise nouvelle.

Maurice Oudet,
Koudougou, le samedi 5 mai 2004


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