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A Niassan et à Débé (au milieu des rizières du Sourou),
les 500 jeunes filles des Centres de Production et de Formation
délaissent le bon riz du Sourou au profit du vieux riz thaïlandais !

Le 10 octobre 2005, Madame Chantal COMPAORE, épouse du chef de l’Etat  présidait  la cérémonie de lancement officiel de la rentrée de la 4e promotion des jeunes filles des Centres de Production et de Formation (CPF) de Niassan et Débé. Cette cérémonie a eu lieu au stade du 4-Août en présence des épouses du Premier ministre et du président de l’Assemblée nationale qui avaient à leurs côtés le ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale et l’Ambassadeur de la République de Chine.

C'est dire toute l'importance que le gouvernement apporte à la formation de ces jeunes filles. Cela se comprend puisque ces Centres de Production et de Formation (CPF) de jeunes filles sont le fruit des Engagements nationaux pris par le chef de l’Etat en 1994. Depuis l’ouverture de ceux-ci, c’est environ 2000 filles qui ont été formées.

Ce projet des Centres de production et de formation pour jeunes filles vise à améliorer les conditions sociales et économiques de l’adolescente rurale à travers l’acquisition de connaissances lui permettant de jouer le rôle d’agent-relais de développement au sein de leur communauté. Depuis la création de ces centres, ce sont, au total, 1910 filles réparties en trois promotions qui y sont passées. Pendant deux ans, ces jeunes filles sont pensionnaires dans ces centres situés au milieu des rizières du Sourou.

Il y a quelques jours, j'ai été rendre visite à des amis producteurs de riz à Niassan, et aux éleveurs de Débé. J'ai appris que dans un des restaurants de Niassan, la propriétaire y préparait du riz thaïlandais ou vietnamien ! Je m'en étonnais devant mes amis. Il m'a été répondu : " Il y a plus grave ! Cette restauratrice n'est pas la seule à délaisser le riz du Sourou. Savez-vous que les 500 jeunes filles des Centres de production et de formation de Niassan et Débé consomment du riz thaïlandais ? " Non, je ne le savais pas. Je ne pouvais même pas l'imaginer !

Quel gâchis !

Ainsi, dans ces fameux centres, on apprend à ces jeunes filles, l'avenir du monde rural du Burkina, à délaisser le riz burkinabè au profit de riz importés dont on ne peut garantir la qualité.

Quel gâchis, surtout parce qu'on aurait pu offrir à ces filles une formation très utile : apprendre à étuver le riz paddy. Déjà au Burkina, pour de nombreuses femmes, ce travail constitue l'essentiel de leur revenu. Mais le Burkina peut faire mieux. Quand on sait qu'en Guinée les importations de riz ont diminué de moitié quand on a généralisé l'utilisation d'étuveuses performantes, on peut se demander pourquoi le Burkina ne se lance pas sur cette voie. Les étuveuses de M. Tomojema pourraient très bien faire l'affaire ! On en trouve même à Niassan !

Des soucis économiques ne peuvent légitimer ce choix. Cette année, l'association Cani, pour donner un exemple, a vendu son riz paddy à 115 F le kilo. Un riz de qualité telle qu'avec 3 kg de riz paddy on obtenait plus de deux kilos de riz étuvé. Ce qui, tout frais compris, nous donne le kilo de riz étuvé à moins de 200 F. C'est moins cher que le kilo de riz thaïlandais rendu à Niassan. Et même si le riz thaïlandais gonfle plus que le riz burkinabè, il faut savoir que le riz étuvé gonfle plus que le simple riz blanc décortiqué, et surtout qu'il est plus nourrissant !

Quel mépris surtout envers les producteurs du riz du Sourou. Comment penser que ces filles, après leur formation, vont se transformer en "agents-relais de développement au sein de leur communauté", alors que pendant toute leur formation elles n'auront pas su apprécier la qualité du travail des producteurs de la communauté au milieu de laquelle elles ont passé deux ans de leur vie ?

Dans deux jours, nous aurons de nouveaux députés au Burkina Faso. Je suis sûr que le prochain député du Sourou saura interpeller le gouvernement sur ce scandale à l'Assemblée Nationale !

Koudougou, le 4 mai 2007
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

P-S : Le 30 octobre 2006 nous avons écrit : De plus, M. Tomojema, présent à chaque salon (le SIAO), offre aujourd’hui des étuveuses « démontables » qui peuvent traiter 50 kg de riz en une fois, à un prix abordable pour les groupements de femmes qui vivent de ce travail. Ces étuveuses sont en vente à 75 000 F.

Vous pouvez voir une de ces étuveuses en vous rendant à l'adresse ci-dessous :

http://www.abcburkina.net/content/view/471/55/

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