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Allons-nous vendre notre mort ?

Du 9 au 11 octobre le Burkina Faso va accueillir le forum mondial du développement durable. Il aura pour thème : « Changements climatiques : Quelles opportunités pour un développement durable ». Ce forum se présente comme la rencontre incontournable pour les africains qui se préparent au sommet sur le climat de Copenhague. Le commerce du carbone figure à l’ordre du jour de ce sommet. Il n’est pas impossible qu’à l’issue de ce sommet, des sommes considérables soient disponibles sous ce label « Commerce du carbone ». Que faut-il en penser ?

 Les objectifs de ce forum sont indiqués sur le site officiel du Forum Mondial du Développement durable .
Voici comment les objectifs 2 et 3 y sont formulés :
2- Faire un inventaire et une évaluation exhaustive des nouvelles opportunités de développement que pourraient offrir les changements climatiques au plan financier , des marchés de carbone, de l’adaptation, la coopération internationale, les prospections de nouvelles sources d’énergies renouvelables propres, le protocole de Kyoto, les métiers verts face aux changements climatiques ;
3- Permettre à des opérateurs économiques d’avoir une bonne compréhension et une maîtrise des dispositifs et mécanismes internationaux pour mieux  s’insérer dans le marché mondial du carbone  à travers des partenariats ;
Le commerce du « carbone » est-il une opportunité ou une menace pour l’Afrique ? A qui peut-il profiter ? Pour quoi faire ? Pour y planter du jatropha ?
Alors que le Burkina pourrait profiter de « cette opportunité » pour développer l’énergie solaire, le risque est donc grand qu’il se tourne vers le jatropha. Pourquoi une telle affirmation ?
Oui, le risque est grand car « la culture du jatropha est une technique reconnue de réduction des émissions de gaz à effet de serre par la séquestration du dioxyde de carbone. Cette technique a une valeur monétaire dans le cadre de Mécanisme de Développement Propre (MDP) instauré par le Protocole de Kyoto. »


Jatropha (invisible, car trop petit, mais appelé à grandir) dans un champ de maïsJatropha au milieu d'un champ de rizOui, le risque est grand  que le jatropha envahisse tout le Burkina. Partout on vante le mérite de cette plante, qu'on appelle déjà l'or vert (alors qu'elle n'a pas fait ses preuves comme culture industrielle) : elle n’entrerait pas en concurrence avec la production de produits alimentaires, puisque c’est un poison, ou parce qu’elle pousse sur des terres arides. Mais tout le monde sait que si on veut une production intensive d’huile (ce que recherchent les sociétés industrielles) il vaut mieux lui offrir une bonne terre bien arrosée ! Donc une terre, qui pourrait produire du maïs ou du riz, mais qui produira du poison. Ce n’est pas pour rien que les mossis appellent cette plante « wã-n-bãng-ma », c’est-à-dire, « croque moi, et du comprendra qui je suis », un vrai poison !
Va-t-on sacrifier un tiers des terres du Burkina pour produire du poison alors que notre préoccupation est de pouvoir nous nourrir nous-mêmes, et pas d’offrir du carburant aux véhicules des grandes puissances.
Oui, le risque est grand, car déjà une filiale la compagnie espagnole BPR (Bio Pétrole Renouvelable) du secteur énergie, située dans la ville de GRANADA, au sud de l’Espagne, a installée sa filiale BPR Afrique à Abidjan avec l’ambition de couvrir 10 millions d’hectares (plus d’un tiers de la superficie du Burkina) de nos terres de jatropha
Certains prétendent que l’on peut faire pousser ensemble le maïs, le sorgho ou le riz, et le jatropha. Il suffirait d’espacer les haies de jatropha d’environ 6 m. Et pour le prouver, ils vous invitent à visiter leurs champs où le jatropha pousse au milieu du maïs ou du riz ! Oui, mais qu’en sera-t-il quand le jatropha atteindra sa taille adulte, 5 à 6 m de haut (et autant en largeur), voire jusqu’à 8 à 10 m dans de bonnes conditions? Il suffit d’examiner les photos du haut, et d’imaginer ce qui se passera en regardant les photos juxtaposée d’un pied de jatropha adulte ci-dessous. Oui, cela coûte cher d'être pauvre !

Pensez-vous vraiment que le maïs (ou le riz) pourra pousser à l'ombre de ces arbres ?!

 

Jatropha de taille adulte ( à 7 m de haut et de large)

Jatropha de taille adulte ( à 7 m de haut et de large)

Jatropha de taille adulte ( à 7 m de haut et de large)

Jatropha de taille adulte ( à 7 m de haut et de large)

 

 

 

 

 

 

 

 

Oui, cela coûte cher d'être pauvre !

Le risque est grand de voir les puissantes sociétés industrielles acheter à vil prix les terres des paysans pauvres.

N'oublions pas que notre population double tous les 25 ans. Pensons à l'avenir de nos enfants.

Nos états doivent se protéger.  Ne laissons pas l'agriculture entrer dans le  marché  des droits à polluer !

 

Ne vendons pas notre mort parce que nous sommes pauvres.

 

Koudougou, le 20 septembre 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

 

 

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