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Sur la route de Hong Kong : L’appel des cotonniers africains

 
 Depuis Cancùn, la mobilisation contre les subventions distorsives et injustes sur le coton de certains pays développés s’est renforcée avec la consolidation de l’Association Cotonnière Africaine (A.C.A), la création de l’Association des Producteurs de Coton d’Afrique (AProCA), mais aussi l’arrêt rendu en appel par l’Organe de Règlement des Différends de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en faveur du Brésil, la contestation de plus en plus importante aux Etats-Unis par l’opinion publique des subventions massives octroyées à une infime minorité de producteurs de coton ainsi que la nouvelle proposition de modalités de négociations du groupe africain à Genève.

Pour autant, les lenteurs constatées dans le traitement du « dossier coton » contrastent fortement avec la priorité accordée aux objectifs du millénaire, les déclarations du G8 sur les stratégies de réduction de la pauvreté en Afrique mais surtout avec l’esprit du
« cycle de Doha », appelé aussi « cycle de développement ». Des dizaines de millions de petits producteurs africains ne parviennent plus à vivre décemment de leur travail et s’enfoncent chaque jour un peu plus dans la précarité, en dépit de leur professionnalisme et de la qualité de leur production. Parallèlement, les emplois industriels de nombreuses villes secondaires et les économies de régions entières
liées à la filière cotonnière sont fortement menacés. L’existence même de ces filières est en péril.

Cependant, le contexte n’a jamais été aussi favorable qu’aujourd’hui pour la résolution définitive de la crise que traversent les producteurs et les sociétés cotonnières d’Afrique.

C’est pourquoi, à l’initiative de l’Association Cotonnière Africaine, de l’Association des Producteurs de Coton d’Afrique (AProCA), de l’ONG Enda Tiers Monde et de l’Institut Seatini (Southern and Eastern African Trade Information and Negociations Institute), et avec le soutien de Oxfam International et du DFID (Department for International Development), un large panel d’acteurs intéressés par le développement des filières cotonnières africaines, s’est réuni à Saly Portudal au Sénégal, les 6 et 7 mai 2005, en vue de tisser une stratégie gagnante de sortie de crise pour ces filières.

Ce forum panafricain a renforcé la forte mobilisation des différents acteurs afin d’obtenir la mise en œuvre immédiate de réponses concrètes et opérationnelles d’ici la Conférence Ministérielle de Hong Kong pour empêcher la disparition des filières cotonnières africaines.

L’atelier panafricain de Saly a surtout souligné l’urgence de poser des actes concrets et tangibles pour améliorer les réformes commerciales de certains pays producteurs de coton du Nord, pour aider les filières africaines dans la crise qu’elles traversent et enfin, pour soutenir le développement durable des filières en garantissant des prix minimums aux producteurs afin de préserver leurs revenus.

Nous, producteurs, sociétés cotonnières, Ambassadeurs auprès de l’OMC, représentants des Ministères chargés du Commerce, représentants des Organisations Non Gouvernementales et de la Société Civile de l’ensemble du continent africain, décidons de poursuivre notre mobilisation et lançons un vibrant appel pour plus de justice et d’équité à l’opinion publique internationale et aux décideurs afin qu’ils prennent en compte les deux axes prioritaires suivants :

  • L’accroissement et le renforcement des alliances stratégiques afin de soutenir le développement durable des filières cotonnières africaines et des agricultures du Sud à travers :

  • L’engagement vigoureux, résolu et opérationnel de l’Union Africaine et de l’ensemble de ses Etats membres autour de l’initiative sectorielle coton ;

  • Un soutien et un appui, par les moyens les plus appropriés, des missions permanentes africaines auprès de l’OMC à Genève en charge de ce dossier ainsi que les producteurs et les sociétés cotonnières africaines ;

  • La sensibilisation de l’opinion publique internationale, américaine en particulier, sur les effets dévastateurs des subventions au coton sur les économies africaines et la nécessité de respecter les accords de l’OMC, en s’appuyant notamment sur les représentations diplomatiques à Washington, Genève et Bruxelles ;

  • La création d’un fonds d’urgence d’appui à la filière cotonnière africaine.

La consolidation de la compétitivité et de la qualité des filières cotonnières africaines par :

  • La promotion d’une recherche cotonnière plus adaptée et de qualité ;

  • La diminution du coût des intrants agricoles dans le cadre de stratégies plus larges d’amélioration de la productivité ;

  • Le développement d’une industrie de transformation (filature, tissage, confection).

Fait à Saly le 7 mai 2005

Liste des participants

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