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Quelques conséquences économiques 
de la crise Ivoirienne au Burkina Faso

Nous ne venons de fêter Noël dans la joie. Dans de nombreux villages du Burkina Faso la joie était grande car les greniers sont bien remplis. La récolte a été bonne. Dans d'autres villages, la fête a permis d'oublier quelques temps les inquiétudes pour demain.

Dans le nord du pays, ce sont surtout les éleveurs qui sont inquiets (mais les paysans sont en même temps éleveurs). Avec la crise de la Côte d'Ivoire (le pays est coupé en deux), la route vers Abidjan est fermée. Le bétail ne se vend plus. Les prix ont chuté.

Il y a quelques jours, j'étais à Ouahigouya (à 180 km au nord de Ouagadougou). Là, j'ai rencontré quelques responsables de groupements d'éleveurs et d'organisations paysannes. Un des éleveurs présent à notre rencontre est resté silencieux, ponctuant seulement notre conversation de ces simples mots : "C'est dur !". C'est que le bétail ne se vend plus. Heureux encore quand vous arrivez à ventre une vache 70 000 F CFA (un peu plus de 100 euros) au lieu des 150 000 F CFA (près de 230 euros), il y a trois mois. Les beaux moutons Bali-Bali sont passés de 50 000 F CFA à 20 000 F. Les pintades de 1 200 F CFA à 425 F.

Un autre phénomène important : les immigrés burkinabé envoyaient régulièrement de l'argent à leur famille restée au pays. Un exemple : beaucoup de jeunes lycéens ou collégiens comptent sur un parent travaillant en Côte d'Ivoire pour payer la scolarité (les frais d'étude). L'argent n'arrive plus. Nombreux sont donc les jeunes qui se demandent  s'ils pourront poursuivre leurs études. Comme les jeunes sont nombreux dans ce cas, les directeurs de ces collèges ou lycées sont inquiets à leur tour : l'argent ne rentre pas. Comment vont-ils payer leurs professeurs ? Seront-ils obligés de fermer leur établissement ?

Les producteurs de coton eux aussi sont inquiets. Ils élèvent la voix pour dire que ce n'est pas à eux de supporter les dépenses supplémentaires à l'exportation. La route vers Abidjan étant coupée, le coton doit rejoindre le port de Cotonou au Bénin. Cela entraîne un coût supplémentaire de 25 F CFA par kilo. Soit une perte pour le pays d'environ  4,2 milliards de F CFA.

Il est vrai que ces jours-ci le prix mondial du coton est remonté quelque peu à 1/2 dollar la livre. Mais comme dans le même temps le dollar a baissé par rapport à l'euro la situation reste difficile. Cependant le Burkina devrait arriver à équilibrer à peu près les recettes et les dépenses. Mais, au niveau de l'état, les bénéfices ont fondus.

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