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Les producteurs de coton burkinabè semblent mieux s’adapter au marché mondial que les sociétés cotonnières !

Comme le Président de l’UNPC-B (Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina Faso), François Traoré, l’écrivait dernièrement : « Le jeudi 11 mai 2007, le prix du coton au Burkina Faso a été fixé en tenant compte des cours du marché mondial et de la parité euro – dollar. Ce prix a été fixé à 145 F CFA le kilogramme de coton graine au producteur, contre 165 F CFA en 2006–2007, 175 F CFA en 2005–2006 et 210 F CFA en 2004–2005 ; avec une augmentation considérable du prix des intrants. »

Il était sans doute difficile de faire mieux. En tous cas, les sociétés cotonnières ont refusé d’offrir davantage aux producteurs de coton. Mais on aurait apprécié que les responsables de ces sociétés annoncent en même temps qu’ils allaient réduire leur salaire dans les mêmes proportions !

Lors de ma dernière visite à Boni (voir l’abc n° 251), j’ai remarqué que de nombreux champs de coton s’étaient transformés en champs de soja. Interrogés, les paysans m’ont dit qu’avec un prix d’achat fixé à 145 F, ils n’avaient plus d’intérêt à cultiver le coton. Que déjà, l’an passé, quelques-uns d’entre eux s’étaient lancés dans la culture du soja, et qu’ils en étaient très satisfaits. C’est pourquoi cette année, tous ont voulu faire du soja. Certains ont abandonné la culture du coton au profit du soja. D’autres continuent à faire du coton, mais ils ont diminué la surface du coton et font du soja sur les surfaces libérées.

Quelques kilomètres plus loin, à Kulo (au sud de Pa), c’était la même chose. Partout du soja et peu de coton. Quand on sait que cette année l’aliment pour bétail a manqué, on se dit que les producteurs de Boni ont fait un bon choix. Oui, l’aliment pour bétail a manqué, à tel point que les éleveurs qui fournissaient la laiterie de Kaya n’ont pu nourrir convenablement leurs animaux. Ce qui fait qu’ils n’ont pu fournir assez de lait à la laiterie. Ainsi, une des meilleures laiteries du Burkina, qui transformait jusqu’à 1 000 litres de lait local par jour, est tombée à 150 litres par jour parce que l’aliment pour bétail a manqué ou est devenu hors de prix.

Des études récentes faites au Burkina ont montré que 1 kg de soja pouvait remplacer 3 kg des sous-produits agro-industriels (SPAI) destinés à l’alimentation du bétail fabriquée au Burkina. Or ces sous-produits sont, pour l’essentiel, des sous-produits de la culture du coton. Avec la chute de la production du coton, il est donc quasiment certain que ces sous-produits vont encore manquer cette année. Le soja les remplacera avantageusement. Oui, les producteurs de Boni et de Kulo semblent avoir fait le bon choix !

En rentrant sur Koudougou, au volant de ma voiture, je m’interrogeais : comment se fait-il que les sociétés cotonnières continuent à demander aux paysans burkinabè de faire toujours plus de coton. Il faut sauver le coton, oui ! Mais avant tout, il faut sauver les producteurs de coton ! Ces derniers semblent mieux s’adapter au marché mondial que les sociétés cotonnières ! Pourquoi celles-ci n’ont-elles pas invité les producteurs de coton à réduire leur surface de coton au profit du soja, mais aussi au profit de la production de fourrage pour développer l’élevage et donc la fumure organique ? Sans abandonner le coton, le moment n’est-il pas favorable pour conseiller aux producteurs de coton d’abandonner pour toujours les alternances « coton-maïs » (désastreuses pour l’environnement), au profit de rotations sur 4 ans, par exemple le cycle suivant « coton - maïs - oléagineux (soja ou autre) - fourrage ». De telles rotations permettraient de conserver la qualité des sols, et donc de sauver non seulement le coton, mais aussi les producteurs de coton !

Le 30/10/2007
Maurice OUDET
Koudougou

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