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Les difficultés de la culture du coton profitent aux céréales

Contre toute attente, la campagne agricole 2007-2008 sera excédentaire selon le bilan prévisionnel officiel gouvernemental. Cette situation s'explique en partie par l'abandon de la culture du coton par des producteurs au profit de celle des céréales.

Comme il fallait s'y attendre, la production cotonnière 2007 va connaître une baisse significative.
L'information a été portée au public par le ministre chargé de l'Agriculture, Salif Diallo, au cours d'une conférence de presse tenue le 7 novembre sur la campagne agricole 2007-2008.
Le nombre de producteurs de coton serait passé de 200 000 personnes en 2006 à 150 000 en 2007. Quant aux superficies emblavées, elles passeraient de 570 000 hectares à 386 000 hectares. Conséquence logique, la production cotonnière connaîtra selon les prévisions, une chute de 31%, soit 525 700 tonnes contre 760 000 tonnes, l'année dernière.


Les abandons et les réductions de superficies cotonnières auraient profité aux cultures céréalières.
Ainsi, malgré les inondations constatées çà et là, les baisses de rendements et la fin brutale des pluies, la production céréalière serait excédentaire. Elle a augmenté de 3,680 millions de tonnes en 2006 à 3,736 millions de tonnes cette année, alors que les besoins céréaliers nationaux se chiffrent à 2,875 millions de tonnes.


Ces résultats place le Burkina Faso, au 2e rang des pays du CILSS en matière de production céréalière après le Niger.

Sur les 45 provinces du pays, 20 provinces pourront enregistrer un taux de couverture des besoins céréaliers d'au moins 120%, 10 provinces seront en situation d'équilibre et 15 en situation déficitaire.

Paradoxalement, les provinces traditionnellement déficitaires ont enregistré de bonnes productions. Ainsi le Yatenga, le Séno, le Lorum, le Soum, l'Oudalan et le Namentenga auraient les plus forts taux de couverture céréalière allant de 138% à 201% grâce à une pluviométrie très excédentaire.

En revanche, certaines provinces comme le Houet et le Poni ont enregistré une pluviométrie déficitaire en plus des inondations et des poches de sécheresse. Un coup a été porté à la production céréalière. A titre d'exemple, les stations de Bobo-Dioulasso et de Gaoua notaient respectivement à la date du 30 septembre 2007, 897,1 mm et 810,1 mm contre 960,3 mm et 1043,8 mm en 2006. Ouahigouya et Dori notaient quant à elles, à la même date, respectivement 969,9 mm et 531,5 mm contre 626,5 mm et 367,8 mm, l'année dernière.


La nouvelle d'une campagne agricole excédentaire est pratiquement une surprise.

Depuis quelques mois, des rumeurs font état d'une famine imminente. Selon Salif Diallo, des rétentions de stocks ont été opérées à des fins de spéculations, particulièrement à Koudougou, Ouhigouya, Djibo, Dédougou et Banfora. Du coup, et malgré les récoltes, les prix des céréales ont connu une hausse. Certains pays, du fait des souvenirs amers de 2005, sont très réticents à mettre leurs nouvelles récoltes sur le marché. Les autorités qui se disent très informées de la situation entendent prendre des mesures pour lutter contre les spéculations afin de maintenir un niveau de prix des céréales acceptable sur le marché. Ainsi, le dispositif national de veille, sera maintenu à travers l'activation des mécanismes de gestion des crises alimentaires, le renforcement des cultures irriguées de contre-saison et la réhabilitation des pistes détruites et des barrages endommagés pour faciliter les transferts interzones. Toutefois, des inquiétudes demeurent quant au commerce inter-Etats. Les besoins céréaliers des pays voisins comme le Nigeria et le Ghana, pourraient avoir des répercussions sur le pays. Pour cela, le CILSS a prévu des mesures d'accompagnement.

Aussi, Le secrétaire exécutif du CILSS, le professeur Alhousseini Bretaudeau, s’est voulu rassurant :

" La campagne agricole est satisfaisante dans toute la zone du CILSS".

Les chiffres fournis par le rapport seraient, de son avis, fiables à 95%.

Fatouma Sophie OUATTARA
Le quotidien Sidwaya du 9 novembre 2007 

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