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Il faut défendre le droit de mettre en place des politiques agricoles fortes au Nord comme au Sud.

A l’heure où le nombre de personnes souffrant de la faim est passé de 854 à 923 millions en moins d’un an, les ONG rappellent qu’il ne s’agit pas de mettre la main sur le cœur en déclarant que la situation est grave mais bien de changer de politique.

Les ONG prônent la souveraineté alimentaire et remettront le 8 décembre, pas moins de 80.000 pétitions aux présidents et présidentes des partis politiques francophones.

17 personnes meurent des suites de la malnutrition chaque minute ; surtout des enfants vivant en milieu rural. Et, comble du comble, c’est dans les pays principalement agricoles qui ont les moyens de se nourrir que la faim frappe le plus durement..

Nous voudrions voir autant d’énergie à solutionner cette tragédie qu’à « tempérer » les effets de la débâcle financière. Mais évidemment, cela nécessite des choix politiques qui remettent en cause plus fondamentalement le système économique actuel.

En effet, dans tous les pays où ont éclaté les émeutes de la faim des derniers mois, on note une extrême dépendance vis-à-vis des autres pays pour leur alimentation. Ces pays étaient pour la majorité d’entre eux pourtant autosuffisants avant que les échanges agricoles internationaux ne prennent le pas sur les marchés locaux et avant le retrait forcé de l’Etat. Les véritables causes de la crise alimentaire se trouvent dans les choix politiques.

Qui les mettra devant leurs responsabilités ?

- Ceux qui ont cédé aux discours des marchés internationaux « Ne cherchez plus à produire ce que les marchés ouverts peuvent vous fournir moins cher grâce à la concurrence » s’en mordent aujourd’hui les doigts. En 2007, les coûts des importations alimentaires des pays en voie de développement ont augmenté de 33 %.
- Ceux qui ont poussé les Etats à abandonner la gestion publique des stocks alimentaires sous prétexte que cela coûte cher devraient mesurer le nombre de morts qu’a entraîné la spéculation sur les produits comme le blé, le maïs, le riz. Les stocks alimentaires européens et mondiaux sont au plus bas depuis 25 ans, rendant les marchés extrêmement tendus et à la merci des spéculations.
- Ceux qui ont poussé à l’abandon d’une politique agricole forte aux profit du marché ont amené le désinvestissement dans le secteur agricole, la diminution de la productivité de régions entières, la pauvreté, la faim et l’exode vers les bidonvilles alors que des acteurs financiers investissent les terres fertiles pour satisfaire les désirs des plus nantis. Qui les mettra devant leurs responsabilités ?

Cette crise alimentaire est la démonstration de l’échec cuisant d’un modèle. Et ce n’est pas la temporaire baisse des prix agricoles qui peut nous faire croire à l’accalmie. Non seulement les causes de l’instabilité des prix sont toujours présentes. Mais, elles continueront de frapper à chaque fois les plus faibles, les producteurs lorsque les prix chutent et les consommateurs pauvres quand ils augmentent.

Éviter le crash alimentaire pourtant, c’est possible, mais pas avec des demi-mesures !

Les décideurs doivent agir.

Il faut défendre le droit de mettre en place des politiques agricoles fortes au Nord comme au Sud. Chaque pays a le droit de se protéger des importations à bas prix et de soutenir son agriculture. Nous constatons le récent enthousiasme de certains pour la régulation financière mais les besoins de régulation sont tout autant nécessaires dans le secteur agricole.

Seuls les marchés ne peuvent dicter les politiques agricoles. Il s’agit de soutenir l’agriculture familiale durable et les organisations paysannes déterminées à assurer le développement de leur agriculture.
Pour cela il faut des politiques pour leur garantir l’accès à la terre, à l’eau, aux semences, augmenter fortement et rapidement l’aide public à l’agriculture, reprendre les accords internationaux par produits tels que café, cacao, coton, qui garantissent des prix rémunérateurs et limitent leur volatilité.
Il faut enfin donner la priorité aux marchés locaux et à l’intégration régionale ce qui implique la révision des accords que l’Union européenne cherche à imposer avec les pays les plus pauvres.

Il n’y aura pas demain d’agriculteurs et de paysans qui pourront nous nourrir avec des produits de qualité en préservant l’environnement si nous ne leurs garantissons pas des prix rémunérateurs et stables et s’il n’existe pas des politiques agricoles fortes qui favorisent les méthodes de production qui préservent les ressources naturelles tout en luttant contre le réchauffement climatique. Nous réclamons un projet politique, un projet de société. Parce que la faim justifie les moyens !

Retrouver les propositions des ONG et des autres associations sur :
www.oxfamsol.be, www.sosfaim.be, www.cncd.be

Bruxelles, le 6 décembre
Thierry Kesteloot - Oxfam-Solidarité,
Virginie Pissoort - SOS Faim,
Stéphane Desgain - CNCD-11.11.11

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