Dakar et la Souveraineté alimentaire

 Je suis arrivé à Dakar un dimanche soir, dans la nuit du 12 au 13 juin. Me trouvant au Sénégal pour la première fois de ma vie, dès le lundi midi, j'ai voulu mangé un plat qui symbolisait pour moi le Sénégal. Je suis donc entré dans un petit restaurant populaire, et j'ai commandé un poulet yassa avec du riz comme accompagnement.

J'ai été très déçu ! Non pas que la sauce n'était pas bonne ou le riz mal cuit. Mais la cuisse de poulet n'avait aucun goût! Manifestement, il s'agissait d'une cuisse de poulet importé. De ces fameux poulets congelés qui "plument l'Afrique". C'est promis, dès mon retour au Burkina Faso, je mangerai un bon poulet yassa. Les cuisinières de Ouaga savent très bien le préparer, et surtout elle me prépareront un "poulet bicyclette". Il sera moins tendre, mais il aura le goût de poulet !

Après une courte sieste, je suis entré dans une boutique d'alimentation générale. Je cherchais un produit sénégalais, sans en trouver. Finalement, j'ai découvert des yaourts provenant de la laiterie Daral de Dakar, bien marqué "fabriqué au Sénégal". J'ai demandé au vendeur quel lait utilisait cette laiterie pour la fabrication de ses yaourts. Il m'a répondu sans aucune hésitation : du lait en poudre importé.

 J'ai pris mon repas du soir à l'hôtel où nous sommes descendus. J'ai commandé une bière en me disant qu'au moins cette boisson sera bien fabriqué au Sénégal. Ils ne servaient pas de bière mais uniquement des sucreries. Je me suis rabattu sur une bouteille d'eau minérale. La serveuse m'a apporté une bouteille d'eau "Kirène". Ouf ! Enfin un produit sénégalais !

Demain, au cours de l'atelier qui m'a conduit au Sénégal, je dois m'adresser à quelques responsables africains chargés des négociations à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et des négociations entre l'Union Européenne et les pays de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest). Il faut que j'ajoute un paragraphe à mon intervention :

"Messieurs les responsables, battez-vous pour que nos états retrouvent leur souveraineté alimentaire. Nous ne voulons pas d'un monde où le seul produit local que nous pourrons consommer sera l'eau du robinet. Et encore, jusqu'à quand ?"

Dakar, le 15 juin 2005
Maurice Oudet

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