|           Burkina Faso : La filière riz. Quand un         "expert international"  |      
Rencontrer "un expert" est une expérience         étonnante. Il est impressionnant de voir comment, trop souvent,          la certitude qu'il a de posséder des outils d'analyse  que ne         possèdent pas le citoyen ordinaire, le rend incapable de comprendre des         réalités toutes simples. Je viens d'en faire à nouveau l'expérience, et de quelle manière ! Il y a huit jours, j'étais invité à prendre part à la restitution d'une étude réalisée par "deux experts" (c'est ainsi qu'ils se définissent en page deux de l'étude) : un "Agro-économiste, en qualité d'expert international au         compte du Ce n'est pas le lieu ici de rendre compte de l'ensemble de cette         analyse. 
 A propos de la politique tarifaire. On constate que la filière nationale est doublement protégée : par son enclavement (frais de transport) et par les taxes sur le riz importé qui représentent plus du tiers du prix payé par le consommateur final. Ce qui conduit le riz local à être         moins cher que le riz importé (cf enquêtes SONAGESS,         enquêtes de la mission, rapports de stages et observations         ponctuelles). Ahurissant ! 1. Dommage que l'étude ne donne pas plus de détails sur ces         "observations ponctuelles". Dommage que M. l'expert international n'est pas interrogé un de ces         pauvres de Ouagadougou (dont il semble se soucier plus que des         producteurs de riz !). Il lui aurait dit qu'il ne mange pas le même riz         que lui. Quand il achète du riz thaïlandais, il le paie 210 F, voire         220 ou 230 F le kilo. Avant de me rendre à la restitution de l'étude, j'ai fait un tour         autour de la Grande Mosquée de Ouagadougou. J'ai  trouvé du riz         vietnamien à 5 250 F le sac de 25 kg (soit 210 F le kilo). Interrogé, sur cette affirmation, durant la restitution, l'expert international s'est réfugié derrière ses chiffres (qui ne sont pas dans l'étude - qui fait déjà 112 pages - et qu'il n'a pas pu nous montrer). Par la suite, à la pause, il m'a dit qu'il avait fait la moyenne de         38 relevés de marché. 2. L'étude nous dit (en caractère gras, page 110) : "les taxes sur le riz importé représentent plus du tiers du prix payé par le consommateur final". Nos experts ont été incapable de justifier cette assertion durant         la restitution. Tout le monde (au moins parmi les experts) sait que le TEC (Tarif Extérieur Commun de la UEMOA, qui définit les droits de douanes à l'importation dans l'Union) a fixé les droits de douanes sur le riz à 10 % (à comparer au 100 % du Nigeria, et au 500 % du Japon). Comment un expert européen (agro-économiste de surcroît) qui sait combien l'Europe protège son agriculture peut affirmer que cette protection est suffisante. J'aimerai qu'on m'explique - entre autre - comment cette taxe protège les producteurs de riz du Burkina d'une chute du dollars de plus de 30 % par rapport à l'euro (et donc au Franc CFA). Or, c'est ce que nous avons vécu il y a peu de temps. Pour ma part, je n'ai actuellement qu'une explication (jusqu'à         preuve du contraire) : Pour notre part, nous pensons que de tels accords sont suicidaires pour nos pays. De plus, ils ne respectent pas la Politique Agricole de la CEDEAO (appelée ECOWAP) que nos chefs d'Etat ont signé le 19 janvier 2005 à Accra. Celle-ci, en effet, se place résolument dans la perspective de la Souveraineté Alimentaire. Si l'Europe se veut vraiment notre partenaire (mais il est permis d'en douter, ou alors, il s'agit d'un partenariat à l'image de celui que Maître Renard souhaite signer avec Dame Poule), qu'elle aide nos pays à défendre et à actualiser l'ECOWAP, comme elle a su mettre en place sa PAC (Politique Agricole de la Communauté Européenne), et comme elle sait la défendre aujourd'hui. Koudougou, le 21 juillet 2005  |