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Hong Kong :

Un petit pas sur le chemin de la souveraineté alimentaire ?

 

Les pays en développement se sont assurés des mesures pour protéger les agriculteurs pauvres ( § 7 ) :

 Tout en n’acceptant pas la proposition du G-33 (groupe dirigé par l’Indonésie et les Philippines pour l’agriculture ) selon laquelle les pays en développement devraient être en mesure de désigner jusqu’à 20% de toutes les lignes tarifaires comme produits spéciaux (le texte parle simplement d’un ‘nombre approprié’ à négocier à Genève), le texte comprend un langage favorable sur les produits spéciaux et un mécanisme de sauvegarde spéciale. Il reconnaît, par exemple, que les pays en développement doivent être en mesure de décider pour eux-mêmes quels produits protéger (c'est-à-dire sur lesquels ils pourront mettre des droits de douanes significatifs) pour préserver la sécurité alimentaire, le développement rural et les moyens d’existence des agriculteurs pauvres.

Pour ce qui est du mécanisme de sauvegarde spéciale, il comporte des seuils de déclenchement fondés à la fois sur les prix et sur les volumes, ce qui devrait garantir que le mécanisme de sauvegarde spéciale est plus efficace pour freiner les brusques poussées des importations. Le traitement effectivement accordé à ces produits déterminera leur utilité dans la pratique, et ceci reste à négocier à Genève. (source : un document d'Oxfam international : Que s'est-il passé à Hongkong ?)

La porte n'est donc pas fermée pour une certaine protection (ce que demande la plupart des exploitants familiaux à travers le monde), mais rien n'est encore acquis. C'est dire que les paysans du monde entier doivent rester mobilisés.

Au niveau de l'Afrique de l'Ouest, les paysans doivent donc continuer à se battre sur trois fronts : le front de l'OMC; le front de la défense de la politique agricole de l'Afrique de l'Ouest (ECOWAP); le front des accords de partenariat économiques avec l'Union Européenne. En effet, les ministres du commerce de la CEDEAO devaient se réunir en décembre 2005 pour fixer le TEC (Tarif Extérieur Commun) de la CEDEAO. A ma connaissance, cette réunion n'a pas eu lieu. Le TEC de la CEDEAO n'est donc pas encore défini de façon définitive.

Sans vouloir prendre la place de quiconque, il me semble pouvoir dire que le ROPPA (Réseau des  Organisations Paysannes et des Producteurs Africains) est le mieux placé pour provoquer (sans tarder) une réunion des leaders paysans représentant l'ensemble de la CEDEAO. Cette réunion aurait pour tâches :

  • de définir la liste des produits spéciaux  sur lesquels la CEDEAO se réserverait un droit de protection significatif (variable en fonction des prix du marché mondial).
  •  de faire des propositions concrètes en faveur d'un TEC rehaussé (par rapport à celui de l'UEMOA).

Les paysans de la CEDEAO doivent maintenir la pression sur leurs gouvernements. Sans cela, la porte entrouverte à Hong Kong risque de se refermer. Sans cette pression les gouvernements africains ne changeront pas de politique : ils continueront à tout faire pour nourrir les populations urbaines au moindre coût, oubliant que la majorité de la population  de leurs pays n'est pas dans les villes mais dans les villages. Il serait temps de prendre conscience qu'on ne peut pas espérer que de tels pays se développent si on laisse le commerce international écraser les populations rurales, sous prétexte qu'il y a aussi des pauvres en ville !

Koudougou, le 24 décembre 2005
Maurice Oudet

P-S : Si vous n'avez pas reçu le numéro 164 (ou un autre) d' abc Burkina, vous pouvez vous rendre sur le sommaire de Vu au Sud - Vu du Sud

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