Burkina - Novembre 2003 :

Récolte céréalière record !

Grâce à une bonne pluviométrie, mais aussi au développement des fosses fumières, le Burkina Faso s'apprête à faire une récolte céréalière record. Cette récolte devrait dépasser les 3 600 000 tonnes, alors que les besoins de la consommation humaine sont de l'ordre de 2 millions de tonnes. La production céréalières de cette année marque une progression de 17 % sur celle de 2002 (déjà excédentaire) et de 31 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années.

Il est intéressant de noter que les provinces du Nord, habituellement déficitaires, connaissent cette année des situations excédentaires. Les greniers vont donc se remplir à nouveau. Il faudra en construire de nouveaux. A Seguenega, par exemple, les vieux disent qu'ils n'ont pas vue une si bonne récolte depuis au moins 50 ans !

Notons également, que grâce à cette bonne pluviométrie les puits et les barrages sont bien remplis, et les pâturages de bonne qualité. Ce qui promet une bonne saison de maraîchage.

Mais des interrogations demeurent.

M. Salif Diallo, ministre de l'Agriculture, qui a annoncé ces bons résultats au cours d'une conférence de presse (le 6 novembre 2003) signalait la baisse généralisée des prix des céréales. Ce qui peut satisfaire les consommateurs, mais pas les producteurs, qui voient leurs espoirs de gains financiers s'écrouler, et avec eux les possibilités d'investir. M. Diallo terminait par ces mots :

"Il est temps que nos produits agricoles trouvent des débouchés porteurs et que des mesures soient prises pour faciliter la création d'industries agro-alimentaires en vue de donner une valeur ajoutée à ces produits."

Parmi ces "mesures" n'est-il pas temps de revendiquer un droit : le droit à la souveraineté alimentaire, et donc le droit (voire le devoir) de protéger son agriculture et ses industries de transformation agro-alimentaires, par des taxes à l'importation.

Va-t-on laisser les ONG américaines continuer à faire de la "monétisation", c'est à dire à recevoir gratuitement une partie de la surproduction des paysans américains? Ces surplus sont ensuite vendus sur le marché burkinabè au risque d'accentuer la baisse générale des prix des céréales.

Va-t-on continuer à encourager la consommation de pain et de pâtes alimentaires (en important du blé à un prix très bas, car largement subventionné), alors que les producteurs de maïs se plaignent, à juste titre, que "le maïs ne se vend pas".

En taxant davantage le pain et les pâtes alimentaires de blé pur, il serait possible de commercialiser un "pain" et des pâtes alimentaires contenant plus de 50 % de maïs (et un peu de soja). La population des villes s'en porterait mieux... ainsi que les producteurs de maïs.

Pour conclure : Va-t-on laisser les produits agricoles (largement subventionnées) des pays riches se déverser dans nos villes, alors que nos paysans sont capables de nourrir toute la population du pays.

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