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Unissons-nous, et chassons le lait en poudre !

Les 21 et 22 mars, les représentants de 16 laiteries (20 femmes et 13 hommes) et de quelques groupements d'éleveurs se sont retrouvés à Ouagadougou. Chaque mini laiterie s'est présentée, avec son histoire et ses difficultés. Tous les intervenants ont manifesté qu'ils étaient fiers de maîtriser la transformation du lait frais en lait pasteurisé, en yaourt, en dégué... Tous ont aussi exprimé la difficulté de la commercialisation de leurs produits.

Il est apparu également qu'un tiers de ces laiteries n'avaient pas deux ans d'âge. Souvent, elles ont été suscitées par un projet d'appui aux organisations paysannes, puis abandonnées à leurs propres forces sans accompagnement. 

Après cela, il y a eu un échange informel, où il est apparu très vite que l'ennemi numéro Un de ces laiteries est le lait en poudre, notamment sous sa forme de sac industriel de 25 kg. C'est la laiterie de Bittou qui la première a dénoncé les méfaits du lait en poudre sur la commercialisation de ses produits. Par la suite, tous terminaient leur intervention par ces mots :

Unissons-nous, et chassons le lait en poudre !

Une fois de plus, il apparaît clairement que le manque d'une véritable politique agricole, digne de ce nom, se fait cruellement sentir au Burkina Faso. Les programmes se succèdent les uns après les autres sans politique d'ensemble, sans protection.

Le dernier jour, les participants ont décidé d'un plan d'action et d'un calendrier pour la mise en place d'une union de mini laiteries. Cinq représentants des laiteries ont été choisis pour faire en sorte que l' Assemblée constitutive de l'union puisse se tenir avant fin juin 2007. Il reste à préciser quelles laiteries pourront faire partie de l'union. D'après les échanges qui ont précédé le choix des membres du comité, il semble que l'on s'achemine vers une union de mini laiteries qui transforment le lait local (à l'exclusion du lait en poudre) et qui se fournissent auprès des petits éleveurs (sans exclure la possibilité de se tourner aussi vers quelques éleveurs "modernes" - opérateurs économiques ayant investi dans le secteur de l'élevage).

Beaucoup auraient souhaité que l'on commence sans tarder le plaidoyer pour obtenir la protection du lait local par des taxes à l'importation. D'autres ont signifié qu'il fallait se mobiliser dès maintenant pour que le lait soit retenu comme produit sensible par la commission de la CEDEAO qui négocie les Accords de Partenariat Economique avec l'Union Européenne.

Au moment de se séparer, tous ont manifesté leur joie de se sentir moins isolés. Tous faisaient le même voeux : Que cette rencontre ne soit pas un atelier de plus (sans suite), mais le début d'un processus qui va permettre la naissance d'une organisation forte et dynamique, capable de défendre les intérêts des petits éleveurs et des transformateurs du lait produit localement.

A noter : Cette semaine, vous trouverez aussi sur notre site trois articles sur le coton. Rendez-vous à la page : Agitation autour du coton, mais peu d'espoir pour le coton africain !

 

 

Koudougou, le 23 mars 2007
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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