Il faut un appui concret et franc au coton africain

Le 07 février 2008, j’étais à Bruxelles pour une réunion sur le coton organisé par IDEAS centre et les ACP.
Les  pays du C4 et les représentants de  l’Union Européenne étaient les principaux invités à cette rencontre.
Cette rencontre est similaire à la rencontre que IDEAS avait organisée une année auparavant aux USA.

Mais cette fois ci, en plus des ministres du C4, IDEAS a invité les ambassadeurs des autres pays africains qui soutiennent le dossier coton.

La rencontre s’est déroulé sous la président de Kadré Désiré OUEDRAOGO  président  du comité coton de Bruxelles, et Représentant Permanent auprès de l’Union Européenne.

Des ministres et des ambassadeurs africains ont, dans leurs communications, démontré  l’impact des revenus  du coton africain dans la lutte contre la pauvreté et l’importante  population qui vit du coton en Afrique.

Le coton est l’une des rares cultures de rentes produites dans plusieurs pays africains et qui est d’une importance capitale dans l’économie de ces pays.

 La menace qui plane sur ce produit à cause des subventions a été un sujet qui a immédiatement fédéré les experts africains en négociation, ceux -ci ont apporté leur soutien aux pays du C4.

A cette rencontre de Bruxelles, les ministres du C4 ont mis l’accent sur le rôle du coton dans l’agriculture. Les  accords entre la production du coton, des céréales et l’élevage.  

Les intervenants ont également fait ressortir les liens naturels (la proximité des continents)   historiques (les langues adoptées (français, anglais, portugais, espagnols)) sociaux et économiques qui lient l’Afrique à l’Europe.

A mon avis,  la dynamique dans les liens économiques s’est arrêtée après l’étape de la production et la commercialisation en Afrique. L’Europe n’a pas réalisé l’étape de la transformation du coton sur notre continent. Elle est allée le réaliser ailleurs.

Lorsque les procédures bloquent la solidarité entre peuple

Quand ils ont pris la parole, les représentants de l’Union Européenne ont reconnu la place du coton dans le développement des pays africains.

Pour l’une des rares fois, ces intervenants ont reconnu la diversité des cultures (élevage, céréale, coton) dans les exploitations cotonnières africaines. 

Cependant, ils ont  continué à soutenir leur argument de « plusieurs millions qu’ils pensent avoir investi dans le développement de pays africains ».

Ils ont continué en arguant que les pays africains n’inscrivent pas la crise cotonnière dans la liste des priorités dans les demandes de financement qu’ils leur adressent.

Concernant l’arrêt des subventions, la proposition de découplage à hauteur de 65% devrait suffire selon eux. Il suffirait que les américains en fassent autant pour que les difficultés que traversent le coton africain soient réglées.

En intervenant par rapport à ces dires de l’Union Européenne, j’ai d’abord souligné qu’il m’est difficile de comprendre que l’Union Européenne mette tant de millions dans nos pays  et ne cherche pas à connaître l’impact de leur appui dans le secteur coton, alors que celui-ci constitue un dossier qui revient toujours dans nos échanges.

Le président du comité coton, M OUEDRAOGO, a rappelé que l’Union Européenne a accordé depuis plusieurs années dans un document officiel 15 millions € pour le secteur coton.  Cependant, de cet argent, seulement 2 millions € ont pu être débloqué.

Cet exemple montre que le contribuable européen cotise pour le développement, les fonds collectés sont mis à disposition de l’Union Européenne pour résoudre un problème des producteurs de coton africains ; et malgré les dispositions, l’argent n’arrive pas à la filière cotonnière africaine.

Ainsi, les15 millions € destinés à résoudre un problème urgent perdent toute leur valeur d’urgence !

Je trouve que le contribuable européen est trompé, et les producteurs de coton africains au nom desquels de l’argent a été cotisé, eux  meurent lentement. Cet état de fait ne facilite pas et ne devrait pas refléter les relations Europe - Afrique.

Et le contribuable européen lui va subir doublement.

D’abord en contribuant pour la lutte contre la pauvreté, deuxièmement en voyant le producteur de coton venir des côtes africaines. Et là, il ne va rien comprendre !

Le producteur de coton africain objet des discussions, lui n’a pas senti grand-chose de tous ce qui se discute dans les instances internationales; il voit sa jeunesse partir et voit ses enfants qu’il ne peut plus scolariser.

Pendant que la misère s’étend, l’argent du contribuable européen dort quelque part.

L’Union Européenne cite souvent les USA pour montrer qu’elle fait plus d’efforts.

Mais les producteurs de coton africains ne voient pas cette différence car ils n’arrivent pas à toucher ce qui leur est promis. Ils sont entrains d’abandonner un travail qu’ils connaissent, qu’ils veulent faire et dont ils veulent vivre.

S’ils ne perçoivent pas un appui concret, les producteurs de coton africains finiront par dire que ces deux puissances sont toutes pareilles.

 

L’AProCA veut parler directement aux producteurs de coton européens

 

Maintenant pour ce qui concerne les subventions, lorsque l’Union Européenne propose le découplage à 65%, je pense que l’Europe peu mieux sinon plus faire avec le même montant à condition qu’elle ne le lie pas à la production.

En effet, les pays producteurs de coton en Europe, la Grèce et l’Espagne sont riches, disposent de moyens mais leurs producteurs qui sont nos frères produisent à perte et au détriment de leur confrères d’autres continents.

Je suis certain que le fait de produire à perte ne rehausse pas la dignité des producteurs de coton européen.

Si les pays européens donnent à leurs producteurs de l’argent pour qu’ils restent sur leurs terroirs et choisissent une spéculation rentable, je trouve cela absolument normal.

En tant que président de l’AProCA, je souhaite tendre la main à ces producteurs grecs et espagnols pour qu’on se parle !

Dans cet échange nous pourrons leur montrer qu’on n’est pas contre leur volonté de rester sur leur terroir et que nous les soutiendrons dans leur intention d’être des producteurs rentables.  Nous voulons leur montrer que nous ne sommes pas ces acteurs que leur ont décrits certains politiques. Des politiques qui se posent d’ailleurs en rideau entre nous producteurs des deux continents.

Je souhaite également que l’Union Européenne arrête de souffrir avec son argent.   

Le contribuable européen va lui demander des comptes et le producteur africain va avoir les yeux rivés sur elle parce qu’il a entendu quelque chose qu’il ne voit pas.

Je pense que le lien fraternel qui existe entre nos eux entités doit être revalorisé afin de permettre de résoudre des problèmes actuels.

En effet, dans cette mondialisation, il est nécessaire de réadapter les relations même historiques entre l’Europe et l’Afrique sinon ce sont d’autres partenaires qui vont se positionner. La connaissance que l’Europe a de l’Afrique ne servirait à rien dans ce combat car ce sont les résultats économiques qui compteront.

Lorsque ce qui est fait est dans la logique économique, les résultats apparaissent.

Les africains sont sensibles aux résultats qui leur permettent de vivre et par conséquent  ils sont fidèles à ce type de partenariat dans lequel ils gagnent.

Je peux dire que ce séminaire a donné beaucoup d’enseignements que l’Europe et l’Afrique doivent prendre en compte pour trouver des solutions adaptées aux besoins de leurs populations.     

Bobo Dioulasso le 11 février 2007

François B TRAORE

Dr Honoris Causa

Président de l’AProCA

 

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