Pour qui travaillent la Banque Mondiale 
et le Fonds Monétaire International (FMI) ?
Le cas récent du Ghana

Dans notre n° 86 d' abc Burkina , nous avons déjà parlé des effets pervers des importations à bas prix des poulets congelés, voire des morceaux de poulet (ce que l'on appelle le dumping). L'exemple était pris au Cameroun. Nous avons donné cette information : "Entre 1994 et 2003, 90 000 tonnes de poulets congelés sont entrées au Cameroun, entraînant  des fuites de devises chiffrées à 70 milliards de francs  CFA, la fermeture de 92% des fermes existantes dans le pays, et la perte de 110 000 emplois ruraux et urbains."

A cela, nous avons ajouté : "Loin d'être spécifique au Cameroun, cette situation affecte plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique Centrale (Sénégal,  Ghana , Bénin, Togo, Côte d'Ivoire, Gabon, Gambie, Congo Brazzaville, République Démocratique du Congo, etc.)"

Aujourd'hui, nous allons regarder ce qui se passe au Ghana.

Confronté aux mêmes problèmes, le Parlement ghanéen a voté une loi pour protéger sa production de volaille. La loi devait réintroduire des taxes à l'importation. Ces taxes devaient s'appliquer aux morceaux de poulet importés qui font l'objet d'un dumping. Il s'agissait donc de se protéger d'une injustice. Or cette loi a été écartée. Le Président du Ghana a subi des pressions de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) et il n'a pas osé promulguer la loi. 

La vulnérabilité des pays ACP (les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique), qui sont confrontés aux processus de libéralisation lancés par la Banque mondiale et le FMI, apparaît clairement à la lumière de cette expérience du secteur de la volaille du Ghana. Il est temps que les hommes politiques et les producteurs de ces pays en tirent la leçon en renforçant leur unité et en ayant le courage de dépasser les pressions de la Banque Mondiale, du FMI, mais aussi de l'Union Européenne. 

Pour terminer, nous voulons placer cet évènement dans le contexte des négociations de Cotonou. L'Europe cherche à signer des accords de libre-échange avec les pays ACP : ces accords sont appelés Accords de Partenariat Economique (APE). Les pays de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) doivent développer une stratégie efficace s'ils ne veulent pas se faire manger par l'Europe qui dispose d'alliés puissants tels que l'OMC (l'Organisation Mondiale du Commerce), la Banque Mondiale et le FMI. Ils auront sûrement besoin de l'appui de leurs paysans et de la majorité de leurs sociétés civiles s'ils veulent que leurs intérêts soient véritablement pris en compte.

Maurice Oudet
Koudougou, le 22 septembre 2004

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