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Quelques bonnes raisons pour retarder la signature d'un APE entre l'Union Européenne et l'Afrique de l'Ouest

Nous commençons, aujourd'hui, une série de 3 (?) abc Burkina, un peu techniques, sur les négociations préparatoires aux Accords de Partenariat Economique que l'Europe veut signer avec les pays ACP (Afrique - Caraïbes - Pacifique).

0) Avant tout, je signale que la dernière raison exposera pourquoi un tel retard   peut-être justifié devant l'OMC, et donc admis par la communauté internationale !

1) Le cycle de Doha n'est pas achevé.

La Commission européenne exerce une forte pression en faveur d’un calendrier extrêmement serré pour ces négociations qui, normalement, peuvent s’étaler jusqu' à fin 2007, la dérogation accordée par l’OMC sur les préférences tarifaires unilatérales cessant d’être valable le 1er janvier 2008.

En 2002, la Commission européenne entendait coupler le calendrier des APE avec le calendrier fixé à Doha pour les négociations du nouveau round qui, elles, doivent se terminer le 1 janvier 2005. Pascal Lamy l’a déclaré au Parlement européen le 14 mai 2002 : « Les négociations ACP doivent tenir compte des négociations multilatérales dans le cadre de Doha. » Or, à l'OMC, le cycle de Doha est loin d'être achevé.

Bien plus, les pays ACP ont maintes fois signalé à la Commission européenne qu'ils n'avaient pas les moyens de négocier en même temps à l'OMC et avec l'Union Européenne pour les APE. 

Oui, les pays ACP ont besoin d'une pause avant de reprendre les négociations avec l'U.E. en vue de préparer ces APE.

 2) L'intégration régionale de la CEDEAO est encore trop fragile.

L'Union Européenne a décidé elle-même de ne plus négocier avec l'ensemble des pays ACP, mais par zone géographique. Pour l'Afrique de l'Ouest, elle a choisi de négocier avec la CEDEAO, à laquelle s'est jointe la Mauritanie.

La CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) a été créée à Lagos (Nigeria) le 28 mai 1975 par un traité signé par 15 pays rejoints par le Cap vert en 1977. 

Regroupant tous les pays de l'Afrique de l'Ouest (les 8 pays ouest-africains de la Zone franc CFA + Cap Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Nigeria, Sierra Leone), la CEDEAO (ECOWAS en anglais) a pour mission de promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l'activité économique, d'abolir, à cette fin, les restrictions au commerce, de supprimer les obstacles à la libre circulation des personnes, des services et des biens, à l'harmonisation des politiques sectorielles régionales.

L'objectif majeur reste la constitution d'un vaste marché commun ouest-africain et la création d'une union monétaire.

L'adoption d'une monnaie commune de la CEDEAO ne pourra se réaliser qu'après l'adoption d'une monnaie commune (l'Eco) aux pays de la ZMAO (Guinée, Gambie, Ghana, Nigeria et Sierra Léone) et la fusion de l'Eco avec le Franc CFA. 

Force est de constater que les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des ambitions, pour de nombreuses et complexes raisons.

(source : http://www.izf.net/pages/cdeao-communaut-conomique-des-tats-lafrique-louest )

Il est vrai qu'en janvier 2006 la CEDEAO a semblé faire un pas important vers cette intégration régionale. Elle a adopté un Tarif Extérieur Commun (TEC), en d'autres termes, une protection douanière commune. Mais ce TEC est loin de faire l'unanimité. Les organisations paysannes, et bon nombre de Nigérians, le contestent fortement. Il est préférable d'attendre et de voir comment ce débat va s'achever.

Quant à l'intégration monétaire, elle n'a pas encore commencé. Les pays hors Zone franc n'ont pas encore de monnaie commune. Initialement prévue pour 2003, puis pour 2004, cette monnaie se fait attendre. Plus personne n'ose proposer une nouvelle date pour sa création !

3) La Côte d'Ivoire est en panne !

Unanimement reconnue comme un des moteurs économiques de la CEDEAO, la Côte d'Ivoire est en panne ! Depuis septembre 2002, elle a d'autres problèmes à résoudre que de se préparer à signer un APE avec l'Union Européenne. Bien plus, avec la Côte d'Ivoire coupée en deux, c'est toute l'intégration régionale qui est en panne. Voilà déjà quatre ans de retard. Ce qui pourrait nous conduire à remplacer le 1er janvier 2008 par le 1er janvier 2012 (dans l'hypothèse où les élections se passeront bien le 30 octobre prochain !)

A suivre  (2° partie)

3° partie

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