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Cameroun :                      

Villes et villages : 

Vers une union sacrée pour promouvoir la souveraineté alimentaire

Le 16 juin 2006, le Président national de l’Association citoyenne pour la défense des intérêts collectifs (Acdic), Bernard Njonga, nous a envoyé la lettre ci-dessous.

 

Bonjour à tous,

  Après les "poulets congelés", nous sommes fin prêts pour notre campagne suivante, centrée cette fois sur la Souveraineté Alimentaire. Campagne baptisée : " Aidons-les à nous nourrir", les producteurs s'entend.

Cette préoccupation tire son origine de la campagne poulets congelés dont les résultats probants sur les importations sont venus mettre à nu les faiblesses de notre politique agricole, ou encore les faiblesses des producteurs à satisfaire la demande des consommateurs. Partant de là, nous disons que la base de notre Souveraineté Alimentaire se construit autour du principe suivant :  "Consommons ce que nous produisons, et produisons ce que nous consommons". Force est cependant de constater que nos producteurs vont mal et que notre agriculture va mal. D'où le nom de baptême de cette campagne : "Aidons-les à nous nourrir." 

Pour construire les bases argumentaires de notre plaidoyer, nous avons diligenté des études sur six filières de production (riz, maïs, blé, oignons, lait, tomates), mené deux enquêtes : une pour consommateurs et l'autre producteurs, analysé la politique Agricole Commune de l'UE et le Farm bill des USA, étudié le fonctionnement de notre Ministère de l'Agriculture et son système d'accompagnement des producteurs.

Tenez !  Ces premières conclusions :

- État actuel des producteurs en milieu rural : Catastrophique;

- État actuel de la consommation en ville : Extravertie;

- État de gestion du Ministère de l'Agriculture : 
Corruption et détournement systématisés; Sur 100 FCFA donnés à ce ministère, 5 arrivent en milieu rural. Et encore.

 - Propositions de l'ACDIC : Aides directes aux producteurs.

Pour le lancement de notre campagne, trois actions sont prévues :

Une conférence de presse le  22.
Un dîner parlementaire le 25.
Un sit-in devant le siège de la Banque Mondiale le 30. 

Comprenez que le Cameroun vient d'atteindre son point achèvement... pour reprendre le jargon du FMI. Il y a des liquidités, nous dit-on. Il nous faut donc battre le fer quand il est chaud et qu'on ne nous dise pas qu'il manque de l'argent à donner en milieu rural pour la production. Et surtout que les bailleurs de fonds ici représentés par la Banque Mondiale ne nous disent pas qu'on n'a pas le droit de subventionner notre agriculture. On l'a déjà entendu une fois.

Les six mois qui viennent  seront bien animés, jusqu'à la nouvelle loi de finance qui sera votée par le parlement en décembre où nous voudrions voir inscrit le montant alloué à la subvention de l'agriculture.

Une des grandes particularités de cette nouvelle campagne est sa dimension sous régionale. Nous avons, à travers plusieurs ateliers, construit la toile dans tous les pays de la sous région et le réseau est établie. Si nous avons la chance d'obtenir l'appui dont nous avons besoin, la production des outils de campagne sous-régionale sera lancée. Déjà; comme convenu, les représentants des 9 pays de la CEEAC seront avec nous dès la semaine prochaine pour participer au lancement de la campagne côté Cameroun.

 Voilà quelques nouvelles d'ici.

Bien à vous.

Bernard Njonga
Président national de l’Association citoyenne 
pour la défense des intérêts collectifs (Acdic)

 

Commentaires de abc Burkina :  ce courrier me semble intéressant à plus d'un titre. Même si la situation du Burkina (et plus largement de l'Afrique de l'Ouest) et celle du Cameroun ne sont pas identiques, ce courrier peut nous donner quelques pistes de réflexions. Pourquoi, par exemple, ne pas essayer de répondre, nous aussi, à cette question : sur 100 F attribués au Ministère de l'Agriculture (et/ou des ressources animales), combien arrivent effectivement en milieu rural ?

Mais l'apport le plus significatif me semble celui-ci : nous voyons se dessiner au Cameroun une alliance des populations urbaines et des populations rurales en faveur de la souveraineté alimentaire. Je crois que le moment est venu au Burkina et dans les autres pays de l'Afrique de l'Ouest de travailler résolument en ce sens. Je m'explique. Les organisations paysannes sont convaincues de la nécessité  de promouvoir la souveraineté alimentaire. Il leur faut maintenant construire des alliances avec les consommateurs urbains. En commençant, probablement, par les syndicats et les ligues de consommateurs et diverses associations ou ONG. Faute de quoi, la souveraineté alimentaire restera une utopie jamais atteinte.

Le 4 juillet 2006
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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