Nouvelle menace sur le coton africain 
et sur les produits agricoles de la zone franc :

la chute du dollar.

La plupart des exportations des produits agricoles de la zone franc sont libellées en dollar. C'est par exemple le cas du coton. Un dollar de coton vendu en janvier 2003 rapportait 0,95 € soit 623 F CFA. Aujourd'hui, en février 2004, il ne vaut plus que 512 F CFA. C'est dire que du fait que le F CFA est lié à l'euro (1 € = 656 F CFA), quand le dollar baisse, les revenus à l'exportation baissent d'autant.

Et comme entre le 1° janvier 2003 et le 10 janvier 2004 le dollar a perdu un quart de sa valeur face à l'euro, les exportations des produits agricoles de la zone franc se sont détériorées d'autant. C'est le cas notamment du coton. Heureusement, des volumes importants de coton de la récolte 2003-2004 ont été vendu quand le cours du coton (libellé en dollar) était assez élevé, et avant que la chute du dollar soit trop forte. Mais qui est capable de prévoir ce qui attend les producteurs de coton pour la saison prochaine. Les exportations agricoles de la zone franc sont ainsi gravement menacées par la chute du dollar.

Mais ce n'est pas tout : les producteurs de riz (entre autres) subissent également les effets de la chute du dollar. Cela est moins visible, mais pas moins grave. Prenons un exemple. Le prix du riz thaïlandais est libellé en dollar. Depuis plusieurs années il est resté stable : autour de 180 $ la tonne. Mais pour un importateur burkinabè, cette stabilité (en dollar), combinée à la chute du dollar est équivalent à une baisse (en F CFA) du riz thaïlandais. C'est une des raisons qui font qu'aujourd'hui les commerçants burkinabè s'intéressent davantage au riz thaïlandais qu'au riz burkinabè. Et les producteurs de riz burkinabè ne trouvent plus d'acheteurs à un prix rémunérateur : ils sont obligés de brader leur riz en dessous des coûts de production. Et la misère s'installe dans les rizières du Burkina Faso. Comme le N° 322 d' Afrique agriculture de février 2004 le signalait sur sa couverture :

Dollar en baisse… pauvreté en hausse !

Une monnaie forte (le franc cfa lié à l'euro) ne favorise pas les producteurs de l'Afrique de l'Ouest. La reconnaissance de la souveraineté alimentaire permettrait au moins de taxer le riz à l'importation et de protéger ainsi les producteurs de riz des effets pervers de la chute du dollar sur leurs revenus.

Maurice Oudet
Samagan, le 24 février 2004

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