Le SEDELAN, au service du monde rural
Présentation
Le Burkina Faso, terre de diversités
Le monde rural
Nos dossiers, à découvrir
La filière lait
Restez connectés avec notre newsletter !
Découvrez tous nos ABC

Nos newsletters (les "ABC") sont des réflexions partagées sur des sujets d'actualités qui touchent le monde rural du Burkina Faso et plus largement de l'Afrique de l'Ouest.

N'hésitez pas à réagir ou à nous contacter pour plus d'informations !

Accéder à la liste de tous les ABC


De Dar es Salaam en Tanzanie :
Les enfants des rues et le commerce du maïs
Ce courrier est un bon exemple de ce que nous pouvons faire ensemble, en réseau. Nous voulons garantir aux paysans des prix rémunérateurs. Cela suppose des choix. Cela suppose une réforme du commerce, et tout spécialement du commerce international. Pour y arriver, il nous faut dénoncer les effets pervers de l'organisation actuelle du commerce. Chacun peut le faire au niveau de son pays. Et ainsi, avec d'autres, nous serons plus fort pour obtenir les changements nécessaires.

Merci Maurice pour m'avoir envoyé le bulletin sur les effets du commerce sur l'agriculture. Je suis toujours intéressé par ces questions, même si actuellement je ne suis plus directement impliqué dans le développement rural. Depuis décembre dernier j'ai la direction d'un centre pour enfants de rue. Mais le problème des enfants de rue trouve bien son origine dans la pauvreté des zones rurales. 75% des enfants dans notre centre sont originaires des zones rurales et les raisons qui les ont poussés à quitter leurs familles et leurs villages ont toutes à la base la pauvreté dans les milieux ruraux. Et une des principales raisons de cette pauvreté est le fait que les prix payés pour les produits agricoles ne sont pas rentables. Les 14 dernières années, j'étais dans le diocèse de Sumbawanga. La région se trouve dans le sud-ouest de la Tanzanie, le long du Lac Tanganyika à l'Ouest de la frontière avec la Zambie au sud, à plus de 1000 km de Dar es Salaam et autres villes importantes comme Mwanza, Arusha ou Tanga. La région n'a pas d'importantes cultures de rente, mais elle produit un surplus de maïs, qui est la nourriture de base dans la plus grande partie du pays. Seulement à cause de la grande distance et du mauvais état des routes, il est extrêmement coûteux de transporter du maïs de Sumbawanga jusqu'à Mwanza ou Dar es Salaam. Un expert de l'Union Européenne me disait un jour que cela coûte environs $ 20, de transporter un sac de maïs de Sumbawanga jusqu'à Dar es Salaam. Actuellement le prix de gros pour ce même sac de maïs à Dar es Salaam est de $ 17,50. Donc aucun commerçant ne trouve intérêt a chercher du maïs a Sumbawanga. Le débouché le plus indiqué pour le maïs de Sumbawanga serait la Zambie et le Congo où il y a souvent des déficits. Mais dans le passé il est arrivé à plusieurs reprises que le gouvernement interdise l'exportation de maïs.

Pour cela il y avait deux raisons. Souvent il y a des régions manquant de maïs en Tanzanie, pour lesquelles le gouvernement demande de l'aide alimentaire. Cette demande d'aide est mal reçue, s'il devient connu que, par ailleurs, le pays exporte du maïs. Seulement à cause du prix de transport, les gens des régions déficitaires ne viennent pas acheter du maïs à Sumbawanga. La deuxième raison, c'est que dès qu'il y a exportation, le prix du maïs sur les marchés locaux peut doubler et cela crée des problèmes pour les ménages des fonctionnaires et en général pour les ménages urbains dans la région. Mais le résultat est que le paysan est obligè de produire à un prix qui ne couvre pas le coût de la production.

Le cas du maïs a Sumbawanga montre que beaucoup de facteurs jouent. Mais finalement c'est le paysan qui paye les frais.

Bien des salutations,

Piet Buijsrogge.

Reçu le 16 juin 2003.

FaLang translation system by Faboba