| J'ai trouvé assez symptomatique que, dans une réunion comme                 celle-ci, consacrée à un produit, au fond peu important dans                 l'échange international, et dont les échanges sont peu                 importants par rapport à la production, le riz, vous ayez                 éprouvé le besoin de parler de globalisation économique et de                 commerce international ; il est vrai que cela est relativement                 nouveau et que pendant très longtemps, y compris dans les                 enceintes académiques, scientifiques et au CIRAD,                 on a conçu le développement économique comme devant être                 autocentré. Je n'ai pas voulu interrompre la verve du Premier Ministre mais                 je me permets de dire — je suis aussi historien — qu'il nous                 a dit une énormité lorsqu'il a affirmé que tout décollage                 économique s'effectuait par le biais du marché intérieur ;                 cela est faux :
 
 - le décollage économique de la Grande-Bretagne s'est fait aux                 XVIIIe et XIXe siècle aussi par la conquête des marchés                 internationaux ;
 - le décollage économique, asiatique d’hier, chinois                 d'aujourd'hui s'est fait en particulier par le développement                 d'une activité économique d'exportation.
 Je ne dis pas que tout s'effectue par l'international, que nous                 ne devons voir dans un modèle économique que son extraversion.                 Mais nous sommes obligés de constater que le modèle que nous                 avions en tête dans les années 60 et 70, les premières                 décennies du développement, le modèle autocentré a quand                 même apporté quelques beaux échecs et exemples de                 non-développement économique ; il en a été un peu de même                 dans le champ agricole, où nous avons imaginé un                 développement rural qui devait être autocentré et les années                 60 et 70, dans les pays du Sud mais aussi dans ceux du Nord,                 furent l'âge d'or de politiques agricoles quand même                 terriblement tournées sur elles-mêmes, sachant que la                 perception des marchés internationaux était limitée à                 quelques exportateurs patentés ou bien à quelques cultures                 dites d'exportation, dont on regrettait — Michel Rocard y a                 fait référence et je me place un peu en faux par rapport à                 lui — qu'elles mangeaient la terre des cultures vivrières.
 
 Ce modèle, nous en connaissons les grandeurs et les limites ;                 je rappelle qu'il aura tout de même été relativement efficace                 car c'est ce modèle autocentré qui aura par exemple permis                 l'adoption et l'expansion de la révolution verte dans les                 années 1960 et 1970, surtout lorsque que sont survenus quelques                 chocs externes comme la flambée des prix mondiaux entre 1972 et                 1976.
 
 En revanche, il est clair qu'aujourd'hui le contexte a quand                 même largement changé ; le fait que vous vous interrogiez sur                 la globalisation économique et le commerce international montre                 bien que les années 1990 sont passées par là ; elles ont                 apporté l'irruption non seulement d'un certain vocabulaire,                 mais aussi d'un certain nombre de concepts nouveaux —                 j'appelle cela le monde, la puce et le marché — c'est-à-dire                 la mondialisation, la nouvelle économie et le libéralisme, la                 prise de conscience que quelques belles histoires réussies de                 développement se sont effectuées dans des contextes quand                 même relativement ouverts à l'échange international — même                 si cela n'était pas toujours le cas d'ailleurs dans le champ                 agricole, car il n'y a pas plus protectionniste, en matière                 agricole, que la Corée du Sud ou Taïwan. Il est évident que                 le décollage économique asiatique, auquel on a assisté dans                 les années 1990 a largement inspiré, en particulier la                 dominance et la domination d'un nouveau paradigme, celui du                 temps du marché. A partir des années 1990, nous sommes                 véritablement rentrés dans une logique de la croyance en une                 sorte d'efficience suprême du marché, d'une main invisible                 permettant de résoudre à peu près tous les problèmes, qu'il                 serait donc dangereux de pervertir par quelque intervention                 publique que ce soit.
 
 Ceci s'est traduit par une volonté, de la part des                 organisations internationales, mais également de la part des                 politiques nationales, de libéraliser, d'ouvrir                 incontestablement :
 - d'une part les frontières,
 - d'autre part les organisations jusque-là gérants, filières                 et autres, aux forces du marché.
 
 Sur le plan international, cela n'a pas été très compliqué                 à réaliser, puisqu'il n'existait de toute manière                 pratiquement rien, mais sur le plan national, ce fut dans les                 années 1990 tout un vent de dérégulations, de privatisations.                 On a vu, en particulier dans les pays du Sud, les libéraux les                 plus doctrinaires utiliser l'influence qu'ils pouvaient avoir au                 travers du Fonds, de la Banque, etc. pour se servir un peu de                 ces pays comme terrain de jeu : ce qu'ils ne pouvaient faire                 dans la remise en cause des politiques agricoles des pays du                 Nord, ils le faisaient très volontairement dans les pays du Sud                 ; ce fut le grand adieu aux caisses de stabilisation, aux boards,                 à tous les offices qui jusque-là avaient encadré tant                 l'agriculture d'exportation que l'agriculture vivrière.
 
 Nous avons vécu des années 1990 qui, dans la conception des                 relations entre agriculture, marché agricole et marchés                 internationaux, ont été assez souvent décapantes, quelques                 apprentis sorciers, de bonne volonté certainement, estimant que                 la seule solution était l'ouverture vers les marchés                 internationaux. A ce sujet d'ailleurs, je trouve que Michel                 Rocard a eu tout à fait raison de s'interroger sur la                 pertinence de l'ouverture vers des marchés du Nord                 hypothétiques et peut-être moins gratifiants qu'on ne le                 pense. Cela a constitué incontestablement une période forte,                 dont on commence aujourd'hui à revenir un peu, en se                 réinterrogeant sur la pertinence d'avoir, à un moment donné                 peut-être trop rapidement, jeté le bébé avec l'eau du bain.
 
 A partir de cette analyse, je souhaiterais présenter deux                 points :
 - le premier, puisqu'il s'agit du thème de dangers et                 opportunités, consiste à dresser le tableau qu'un économiste                 libéral — car tel est plutôt mon point de vue même si cela                 ne transparaît pas vraiment — peut avoir de la réalité de                 la scène internationale ;
 - dans un autre point, je souhaiterais m'interroger sur ce que                 l'on peut entreprendre sur le plan international et considérer                 les dangers, les opportunités et les défis.
 
 La réalité de la scène internationale, lorsque l'on                 considère les marchés, en particulier agricoles, comporte deux                 réalités :
 - premièrement, il s'agit de marchés par nature instables,                 spéculatifs, volatiles, etc. ;
 - deuxièmement, ces marchés sont totalement dénaturés par                 les politiques des pays développés protectionnistes.
 
 Ainsi, les marchés internationaux des produits agricoles sont                 des marchés par nature totalement instables : un prix résulte                 de la rencontre, à un moment donné, d'une offre et d'une                 demande ; si le rapport offre sur demande varie, le prix varie                 également. Nous supposerons que la demande est relativement                 stable ; en revanche, vous le savez, malgré tous les efforts du                 CIRAD et des                 agronomes du monde entier, il peut se produire des variations de                 la production, de la productivité, des rendements :                 souvenez-vous d'El Niño et autres phénomènes                 météorologiques de ce genre. Le résultat est que la relation                 offre/demande, surtout en ce qui concerne les marchés                 internationaux qui sont un domaine plus étroit que celui de la                 production, est en permanence variable, engendrant une                 instabilité naturelle des prix.
 
 En outre, si l'offre excède la demande, il est assez légitime                 que le prix baisse ; cela n'est pas trop libéral de le dire. En                 revanche, si la demande excède l'offre, les prix monteront ;                 les marchés réagissent à cette relation existant entre                 l'offre et la demande. La caractéristique d'un marché agricole                 est que je ne sais pas de quoi demain sera fait ; tout                 producteur qui se rend sur un marché agricole international ou                 national, s'il n'est pas régulé, est par essence ce que                 j'appellerai un spéculateur : horrible mot ! pire encore que                 celui de corruption prononcé par Michel Rocard.
 
 Or, vous êtes tous, lorsque vous êtes producteurs et que vous                 vendez sur les marchés internationaux, des spéculateurs ; en                 latin, speculare signifie se projeter dans le lointain, essayer                 d'imaginer ce que sera demain. Je n'ai pas pris de parapluie                 aujourd'hui ; j'ai spéculé sur le fait qu'il ne pleuvrait pas.                 Il faut bien en être conscient : si vous êtes producteurs de                 riz en Thaïlande et que vous vous placez sur un marché                 international, vous allez au casino ; peut-être obtiendrez-vous                 200 $ ou 400 $ la tonne de votre riz avec 5 % de brisures                 qualité B de Thaïlande ; mais vous ne savez pas, au moment où                 vous allez programmer votre campagne, à quel prix vous vendrez                 votre riz.
 Ne m'embêtez pas avec des notions que l'on adore dans les                 conférences internationales, de ce qui est le juste prix, le                 bon prix, etc. car cela n'existe pas. Et de ce point de vue, il                 faut convenir que tous les efforts internationaux pour parvenir                 à une plus grande stabilité des marchés, les accords                 internationaux de stabilisation comme il y en eut sur le café,                 sur le cacao, sur le caoutchouc, etc. ont abouti à des échecs                 ; plus rien n'existe. Je signale d'ailleurs que le produit qui                 intéresse plus particulièrement cette journée, le riz, n'a                 jamais fait quant à lui directement l'objet de quelle                 stabilisation que ce soit.
 
 On peut éventuellement imaginer optimiser la spéculation sur                 les marchés internationaux en utilisant d'horribles techniques,                 qui sont celles des marchés dérivés et des marchés à terme.                 J'ai d'ailleurs sur le riz une très charmante anecdote : ceux                 d'entre vous qui auraient la curiosité de retrouver un discours                 de François Mitterrand à un sommet africain en 1983 ou 1984                 trouveront un éloge pour la création d'un marché à terme du                 riz qui avait été rédigé à l'époque par son conseiller                 Éric Arnoult, devenu en littérature Éric Orsenna et votre                 serviteur. Il est probablement dommage que, pour des marchés                 comme celui du riz, nous ne disposions pas aujourd'hui à                 l'échelle internationale, de véritables outils de transparence                 comme les marchés à terme. Mais, de toute manière, ils ne                 changeront rien ; prenons donc d'abord en compte la réalité de                 la scène internationale : vous êtes producteur, vous allez sur                 les marchés internationaux et vous ne savez pas quel sera le                 prix que vous obtiendrez ; ce prix ne sera pas injuste,                 négatif, etc., mais simplement la confrontation de l'offre et                 de la demande.
 
 Jusque-là j'estime qu'il s'agit du libéralisme, du marché pur                 et dur, notion qui peut choquer, mais au moins, la main                 invisible du marché fonctionne relativement bien. En revanche,                 cette main apparaît totalement vérolée lorsque pour un                 certain nombre de productions, il faut tenir compte d'un état                 de fait, à savoir qu'en matière agricole, les pays                 développés maintiennent et maintiendront extrêmement                 longtemps leur politique agricole. Une chose m'a frappé dans le                 catalogue de ce que Michel Rocard a dit ce matin de ce que                 doivent faire les pays du Nord : vous remarquerez qu'il n'a                 absolument pas dit qu'il fallait réformer la politique agricole                 commune ou modifier la politique agricole américaine — il                 n'est pas fou ; nous disposons, que ce soit au niveau européen                 avec la PAC ou aux États-Unis avec le Farm Bill, des politiques                 agricoles lourdes — on peut toujours l'imaginer qu'elles vont                 s'orienter vers un plus grand découplage dans les années à                 venir — qui sont aujourd'hui fortement perturbatrices du                 marché.
 
 Commençons, pour être méchant, par les États-Unis. Au mois                 de mars, ceux-ci vont probablement adopter le Farm Bill le plus                 cher de leur histoire, avec des inventions diaboliques, de                 nouvelles méthodes de target prices d'urgence, de deficiency                 payment qui vont peser encore un peu plus sur les marchés.                 Pourquoi un pays comme la Thaïlande souffre-t-il aujourd'hui                 dans ses exportations de riz, si ce n'est qu'il faut entretenir                 les producteurs de riz américain ? Il en est de même pour le                 coton, le soja, ainsi que le maïs ; à l'heure actuelle où les                 marchés agricoles mondiaux sont particulièrement déprimés                 concernant les grands produits agricoles (en ce qui concerne le                 cacao et le café, pour une fois, ce n'est pas du fait des                 États-Unis) tels que :
 
 - le soja, le maïs (fortement exportés par l'Argentine)
 - le coton (les pays d'Afrique francophone en savent quelque                 chose !),
 - le riz (je pense la Thaïlande et au Vietnam),
 
 dans tous ces cas, le facteur perturbateur ayant provoqué                 l'effondrement des prix est directement la politique agricole                 américaine : c'est littéralement une situation de très fort                 isolationnisme agricole de la part des États-Unis, ce qui                 apparaît d'ailleurs paradoxal, si l'on considère l'image                 qu'ils veulent se donner à l'échelle mondiale. On peut tenir                 des propos aussi incisifs à propos du Japon et de la politique                 agricole commune, sans avoir la cruauté d'aller jusqu'à                 compter toutes les subventions dont bénéficie la riziculture                 de la plaine du Pô en Italie, pour reprendre le cas du riz.
 
 La crainte que l'on peut nourrir, de ce point de vue, réside                 dans le fait qu'aujourd'hui, les États-Unis comme l'Europe                 dépensant à peu près les mêmes sommes, de manière                 d'ailleurs aussi inefficace en matière agricole, risquent de se                 neutraliser ; ma crainte est que du processus lancé à Doha ne                 sorte rigoureusement rien, et certainement rien de positif pour                 les pays du Sud.
 Prenez le cas du sucre : en matière sucrière, la PAC et la                 politique agricole américaine sont à peu près aussi                 dramatiquement subventionnantes, puisque le betteravier                 européen, tout comme son collègue betteravier ou producteur de                 canne aux États-Unis touche grossièrement 25 cents la livre,                 alors que le prix du marché mondial actuel est de 6 cents ;                 c'est à ce prix que la Thaïlande exporte son sucre. Dans la                 mesure où l'Europe et les États-Unis se neutralisent, le sucre                 est un merveilleux produit qui est passé au travers de toutes                 les vagues, de toutes les réformes, à se demander même                 parfois s'il est un produit agricole.
 Ainsi, la réalité de la scène internationale comporte deux                 éléments importants :
 - premièrement, des marchés instables dont on ne sait pas ce                 qu'ils seront demain, ce qui est certes la logique des marchés                 mais qui pose bien entendu un problème pour des acteurs                 agricoles, et
 - deuxièmement, pour de très nombreux produits dont le riz qui                 est quand même directement concerné, il faut tenir compte de                 l'irresponsabilité des politiques agricoles des pays du Nord.
 
 Il est très beau de dire que nous allons ouvrir nos marchés,                 mais nous le faisons lorsqu'il n'y a pas directement concurrence                 ; cependant pour les produits lourds, les grand produits de                 l'exportation, les États-Unis et l'Europe restent                 fondamentalement perturbateurs et le resteront. L'oubli de                 Michel Rocard dans son discours était pour moi tout à fait                 symptomatique en ce sens.
 Face à cela, que faire sur le plan national ?
 Je souhaiterais juste évoquer trois éléments : le premier est                 qu'il ne faut pas détruire vos politiques agricoles ; il est                 évident que, sans aller jusqu'aux excès des pays du Nord, il                 me semble que les pays du Sud ont le droit — je dirais même                 le devoir — de protéger leurs marchés. Le problème est                 celui d'un subtil équilibre. Je reprends l'expression du livre                 de Bertrand Hervieu, aujourd'hui président de l'INRA — du                 droit des peuples à se nourrir eux-mêmes et je l'étendrai au                 droit des pays du Sud à avoir, lorsqu'ils le peuvent, des                 politiques agricoles.
 
 Il est clair qu'on peut se dire qu'un agriculteur européen ou                 américain peut éventuellement subir aujourd'hui les aléas du                 marché ; nous avons lancé en France il y a quatre ou cinq ans                 un marché à terme du blé. Je pense que maintenant les                 agriculteurs européens peuvent commencer à barboter dans le                 bain du marché ; en revanche, lorsque j'entends des personnes                 très brillantes du FMI et de la Banque mondiale m'affirmer que                 cela est très simple, que l'agriculteur de Côte d'Ivoire                 pourra s'arbitrer sur le marché à terme du cacao à New York,                 je rigole : cela n'est pas possible ; il y a un devoir de                 maintenir des systèmes de protection, en particulier d'ailleurs                 un peu plus en ce qui concerne l'agriculture vivrière, bien                 entendu en maintenant ce subtil équilibre nécessaire, mais qui                 n'est jamais évident, entre le prix qu'il faut arriver à                 garantir aux producteurs et éventuellement celui que le                 consommateur peut payer.
 Inclus dans cette problématique se pose d'ailleurs tout le                 problème de savoir comment gérer les filières d'exportation ;                 on a surtout parlé ici des agricultures vivrières ; mais nous                 disposons malheureusement d'un très bel exemple qui est en                 train de se dérouler sous nos yeux, probablement pas le plus                 optimal, à savoir la manière dont un pays comme la Côte                 d'Ivoire est en train de gérer son système d'exportation du                 cacao ; il me semble — et je serais très intéressé par                 écouter le représentant thaïlandais — qu'en matière de                 production de riz, nous avons beaucoup de choses à apprendre                 d'un certain pragmatisme thaïlandais (peut-être est-ce parce                 que je n'y connais rien que je le trouve très beau).
 
 En outre, il est également évident — et Michel Rocard l'a                 rappelé — que le développement agricole réside dans l'idée                 de diversifier, de ne pas mettre l'intégralité de ses oeufs                 dans le même panier, ce qui relève de l'évidence.
 
 En conclusion, évoquons dangers, opportunités et défis. Les                 dangers sont bien entendu ceux de la stabilité. Je pense que                 pour l'instant, les pays du Sud doivent maintenir leurs                 barrières ; l'instabilité est naturelle sur les marchés                 agricoles mondiaux ; elle y est même souhaitable, puisque                 lorsqu'un prix baisse, c'est un message envoyé qui signifie une                 trop grande production et qu'il faut donc ajuster, ce dont je                 pense que de nombreux systèmes agricoles des pays du Sud en                 sont incapables.
 Le second danger réside dans la dépendance des marchés                 internationaux, lorsqu'un produit représente l'essentiel des                 recettes à l'exportation ; à ce sujet, il faut probablement                 arriver à mettre ses oeufs dans des paniers différents.
 
 Enfin, le dernier danger est aussi celui d'être la malheureuse                 victime des contradictions des agricultures du Nord.                 Aujourd'hui, le prix du riz dépend de l'influence des groupes                 de pression d'agriculteurs de Louisiane et du Texas sur la                 protection de leur propre marché, de leur propre existence. Il                 est actuellement symptomatique de remarquer que l'exercice                 américain du Farm Bill est bloqué par un certain nombre de                 représentants et de sénateurs des États du Sud sur les deux                 productions que sont le riz et le coton. Il ne faut pas                 négliger ces dangers.
 
 Concernant les opportunités, il faut considérer que, d'une                 part, il y a tout de même des besoins alimentaires à                 l'échelle de l'humanité que, sur une longue période, il                 faudra bien remplir et je ne crois pas que l'autosuffisance sera                 suffisante ; on observe incontestablement des ouvertures de                 marchés et d'ailleurs, l'impact de l'adhésion de la Chine à                 l'OMC en est un exemple. Il existe également des créneaux ou                 des niches dans nombre de marchés : s'il y a un marché pour le                 non-OGM, produisez-en ! Et au contraire, pour un certain nombre                 de filières, il y a probablement des opportunités à saisir.
 Paradoxalement, suivant ma perception, le défi n'est pas celui                 des marchés ni de l'espace international ; mais beaucoup plus,                 d'après la perception que j'en ai celui de la gestion des                 filières ; il faut essayer, dans cette gestion des filières                 qui ont été souvent terriblement tournées vers le national,                 dont des forces extérieures pas forcément toujours                 bienveillantes voudraient voir la disparition totale, de les                 faire bien évoluer de manière à tenir compte du message                 envoyé par la situation internationale, sans toutefois en être                 totalement dépendant.
 
 Voilà en quelques mots dépeinte l'obscure clarté qui tombe                 des marchés ; elle n'est de toute manière probablement pas                 suffisante pour éclairer l'importance des problèmes nationaux.
 
 Mr Philippe CHALMIN   Nous remercions vivement Mr               Philippe CHALMIN qui nous a autorisé à publier son intervention sur notre site.
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