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Paysans de tous les pays du monde, unissez-vous !

Voici un document qui nous a été transmis par AFDI Afrique de l'Ouest.

Ce document, nous semble-t-il, marque une évolution intéressante de la FNSEA. Nous n'avons pas participé à cette rencontre. Nous aurions aimé poser la question suivante à M. LEMETAYER. Si telle est la position actuelle de la FNSEA par rapport à la PAC, et à sa réforme, qu'est-ce qui retient encore la FNSEA de participer à la plateforme des ONG  pour une réforme de la PAC basée sur la souveraineté alimentaire sans dumping défini comme l'exportation au dessous du coût de production ?

Ce cri du cœur est de Jean-Michel LEMETAYER, président de la Fédération Nationale des Syndicats des Exploitants Agricoles (FNSEA), en mission du 6 au 12 avril 2003 au Burkina Faso et au Sénégal.

Cette mission fait suite à une rencontre tenue à Louvain en octobre 2000 entre des responsables d'organisations professionnelles agricoles du Nord et des leaders paysans du Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles d'Afrique de l'Ouest (ROPPA).

Organisée par le réseau Agricord (Agriterra, AFDI, UPA DI …) et le comité pour la coopération et le développement (DDC) de la FIPA (Fédération Internationale des Producteurs Agricoles), la rencontre de Louvain visait à rapprocher les professionnels agricoles du Nord et du Sud pour échanger entre eux sur les accords internationaux portant sur l'agriculture.

Renforcer cette concertation et ces échanges entre paysans du monde sur leur avenir commun, tel est l’objectif de la mission du président de la FNSEA en Afrique de l’Ouest. Il a pu plaider haut et fort les convictions actuelles des agriculteurs français sur la profession à travers le monde :

- Les agriculteurs européens veulent vivre des fruits de leur exploitation et non de subventions ! Ils refusent d'adhérer à la position officielle de l'Europe relative aux soutiens internes à l'agriculture à l'ordre du jour des prochaines négociations sur la Politique Agricole Commune (PAC). Ces subventions, mêmes découplées de la production, engendreront dans certaines filières des surproductions. Bradées sur les marchés des pays en développement, ces excédents continueront à couler encore plus les agricultures du Sud.

- L'agriculture partout dans le monde doit permettre aux paysans de vivre dignement. C’est à eux d'assurer l'autosuffisance alimentaire de leur pays. C'est pour cela que les décideurs se doivent d’assurer des prix rémunérateurs aux produits agricoles et non des subventions aux agriculteurs.

- La production locale est en permanence dérégulée par des importations incontrôlées. Vivre de son agriculture, c’est aussi la protéger dans des espaces régionaux cohérents. Cette vision de l'agriculture exige de remettre la protection des frontières à l’ordre du jour des prochaines négociations de l'OMC.

- Face aux conséquences des surproductions agricoles des pays industrialisés sur les marchés des produits agricoles dans les pays en développement, les agriculteurs Européens appliquent certaines mesures pour contrôler l'offre de produits alimentaires par le maintien ou la réduction des surfaces cultivées, alors que les fermiers américains restent dans une logique d'accroissement de la production.

La mission FNSEA déplore que malgré ces efforts, les positions officielles des pays en développement lors des négociations de l'OMC, sont plus proches de celles du groupe de Cairns que de l'Europe.

- La FNSEA lance un appel aux OP du Sud pour un renforcement de la concertation et des échanges et pour une convergence de vision lors des négociations au niveau de l'OMC concernant l'agriculture. Pour elle, la solidarité entre paysans reste fondamentale pour aider à construire dans les différents pays du monde, des positions qui puissent les faire sortir de l'ornière dans laquelle ils s'enfoncent, entraînés par l’excès de libéralisme de l'OMC. Les paysans du monde doivent construire ensemble une capacité de résistance à la vague libérale actuelle.

Découvrant l'environnement institutionnel des OP du Burkina Faso marqué par certaines dissensions, la mission FNSEA a encouragé ces dernières à une plus grande concertation pour relever les défis du monde rural.

Partageant l'expérience des OPA Françaises, elle a montré l'intérêt d'une complémentarité entre les organisations par filières, à vocation économiques, et des organisations transversales pour gérer toutes les problématiques communes à la profession telle que la question foncière.

Les OP ont une fois de plus montré un intérêt à approfondir la collaboration avec la FNSEA pour défendre les intérêts de la profession agricole de tous les pays du monde.

Les responsables de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) approuvent la vision de la FNSEA pour la réhabilitation de la protection de l’agriculture. A ce propos, ils n'ont pas manqué de l’interpeller sur les accord de Cotonou qui proposent également à l'horizon 2009, la levée des protections douanières des pays ACP face aux importations des produits agricoles Européens. Pour l'UEMOA, ces accords vont dans le même sens de libéralisation des filières agricoles.

La FNSEA très satisfaite de ces contacts avec les OP du Sud, découvre que celles-ci vivent les mêmes préoccupations liées aux politiques internationales que leurs OPA. Elle souhaite que les contacts sur les questions stratégiques ainsi amorcés par le biais de l'AFDI, se poursuivent et s’intensifient. C’est un premier pas pour développer une solidarité autour des négociations internationales concernant l'agriculture, notamment dans le cadre de l'OMC et des accords de Cotonou.

Document transmis par AFDI Afrique de l'Ouest, avril 2003

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