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… mais pas de rupture avec Monsanto

Le 2 février 2016, nous avons publié la lettre 502) Le Burkina Faso abandonne le coton Bt transgénique

Nous avons reçu plusieurs courriers nous demandant si ce n'était pas une rumeur, la nouvelle n'ayant reçu aucune confirmation du gouvernement burkinabè. Aujourd'hui, la nouvelle est confirmée au plus haut niveau. Voici comment.

La semaine dernière, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré expliquait « La fibre de coton que nous produisons aujourd’hui est devenue courte », et donc plus difficile à filer, « ce qui signifie que sur le marché c’est une activité qui n’est plus très intéressante pour nous ».

Il faisait écho à l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) qui a décidé d’aller « vers le 100 % conventionnel », a confirmé le 5 avril Wilfried Yaméogo, directeur de la principale société cotonnière du pays, la Sofitex.

Et aussi, le compte rendu du conseil des ministres du 13 avril 2016

« Le Conseil a adopté un rapport relatif au partenariat avec la firme Monsanto sur la culture du Coton génétiquement modifié (CGM) au Burkina Faso et la préparation de la campagne cotonnière 2016/2017.

Le partenariat avec la firme Monsanto a permis d’expérimenter le coton Bt depuis 2003. Les résultats obtenus au terme de la période d’expérimentation ne sont pas favorables dans la mesure où la longueur de la soie issue de l’égrainage du coton Bt s’est dégradée et ne répond plus aux besoins du marché.

Cette situation est à l’origine de la perte du « label coton burkinabè » sur le marché mondial de la fibre et des difficultés financières de toute la filière.  Le Conseil a autorisé le ministre en charge du dossier d’engager, en rapport avec les acteurs de la filière, une réduction graduelle et significative des superficies emblavées en coton génétiquement modifié (CGM) au profit du coton conventionnel. » (fin de citation)

Conseil des ministres du 13 avril 2016

« C’est une bataille de gagnée », s’est félicité Christian Legay du Conseil national de l’agroalimentaire biologique qui regroupe des associations de consommateurs et d’agriculteurs et milite pour un moratoire de 5-10 ans sur les OGM au Burkina.

Cependant, le président burkinabè a toutefois confié à l'AFP que le pays « poursuivait les discussions avec Monsanto ».

Certains espèrent des dédommagements du géant américain qui parie sur une nouvelle variété de coton biotechnologique pour la campagne 2020-2021.

burkina cotonGeorges Yaméogo, conseiller technique à la Sofitex, assure qu’ « il n'y a pas de rupture » avec Monsanto. « Si dans 3, 4 ou 5 ans, ils trouvent une solution, il n'y a pas de raison qu'on ne reparte pas vers les OGM. C'est un recul tactique, pas un rejet total des OGM ».

Pour Christian Legay, « les inquiétudes, ce sont les expérimentations en cours sur les céréales, notamment le maïs, le sorgho et le nimbé, avec Monsanto ».

Mais, souligne-t-il, la renonciation du Burkina au CGM est un « bon avertissement pour les autres pays d'Afrique qui étaient tentés ou incités par le gouvernement américain et courtisés par les firmes d'agrobusiness ».

« La collaboration idyllique » entre la Sofitex, l’Inera et Monsanto est-elle définitivement terminée ? La fin de l’ère Compaoré ou les manifestations citoyennes d’envergure ont-elles permis l’expression de ce mécontentement ? Tout pousse à croire que la guerre est déclarée... sur le coton GM. Mais la porte n’est pas totalement fermée. L’AICB a certes appelé les agriculteurs burkinabés à abandonner rapidement la culture du coton transgénique Bt et à revenir au coton conventionnel... mais seulement tant que de nouvelles semences Bt qui corrigeraient les défauts de celles actuellement sur le marché ne seraient pas proposées.

N’oublions pas que le Burkina Faso, avec l’aide de la Fondation Bill et Melinda Gates, notamment, a commencé à travailler sur la modification génétique du maïs, du niébé et du sorgho. » (cf. Info'OGM du 7 avril 2016)

Or la Fondation Bill et Melinda Gates possède 500 000 actions de la firme Monsanto...

Nul doute que les services d'un chercheur ingénieur agronome du Burkina sont moins onéreux que ceux d'un ingénieur américain !

Koudougou, le 15 avril 2016
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

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