a b c B u r k i n a

Pauvreté rurale et Commerce International (suite)

Le coton constitue une des principales sources de croissance de l'économie nationale et contribue à la formation du PIB pour 30% et 60% aux exportations.
200 000 exploitants cultivent le coton dont les recettes font vivre directement 2 millions de personnes.
C'est là autant d'éléments qui confèrent au coton une importance de premier plan dans notre pays.
Il va sans dire donc que la chute du cours du coton au plan mondial ne peut que préoccuper les agriculteurs mais aussi le premier responsable en charge de l'Agriculture. Le ministre d'Etat, Salif Diallo répondant à un article de M. Jean-Paul Rouamba sur la question, apporte un éclairage à travers un écrit volumineux intitulé "Pauvreté rurale et commerce international" dont voici la deuxième partie.

II - Lutte contre la pauvreté et commerce international des produits agricoles : le cas du coton

A ma connaissance, deux enquêtes prioritaires ont été réalisées par l’INSD en 1994 et 1998. Ces enquêtes ont révélé que la pauvreté au Burkina Faso sévit essentiellement au sein des populations rurales et son incidence est plus grave au niveau des agriculteurs vivriers qu’au niveau des agriculteurs de rente. De plus, les régions du plateau central (non compris la ville de Ouagadougou), où prédominent les cultures vivrières, sont plus pauvres que celles de l’Ouest où est cultivé le coton, principale culture de rente du Burkina Faso.

Quand on sait que la majeure partie des cultures vivrières (surtout les céréales) sont auto-consommées par les familles dans les provinces déficitaires du plateau central, l’on comprend facilement la situation de pauvreté qui y prévaut. C’est pourquoi il est important de promouvoir dans chaque zone en plus des cultures céréalières, les cultures de rente qui peuvent s’adapter aux conditions agro - écologiques locales (diversification agricole et spécialisation régionale) car il est difficile de sortir de la pauvreté en pratiquant uniquement une agriculture de subsistance. J’y reviendrai plus loin. Auparavant, il me paraît utile de procéder à une analyse approfondie de la situation de la filière coton afin de mettre en évidence les contradictions qui caractérisent nos relations entre pays développés et pays en développement, en matière de politiques et stratégies de développement, dans le contexte actuel de mondialisation de l’économie. J’aborderai successivement les questions suivantes :

- l’importance du coton dans l’économie nationale et la lutte contre la pauvreté

- les performances des filières coton au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest et du Centre,

- les conséquences néfastes des subventions accordées aux producteurs de coton des pays développés (USA et UE),

- les solutions possibles pour sauvegarder les filières coton du Burkina et des autres pays en développement.

2.1 L’importance du coton dans l’économie nationale et la lutte contre la pauvreté

Sans vouloir traiter cette question de façon exhaustive, je peux affirmer que le coton joue un rôle stratégique dans l’économie nationale même si personnellement, pour tenir compte des effets écologiques, je suis pour la recherche d’une alternative au coton. Mais en attendant, je voudrais insister sur les faits suivants :

- le coton constitue une des principales sources de croissance de l’économie nationale et contribue à la formation du PIB pour 30% et 60% aux exportations ;

- 200.000 exploitants cultivent le coton dont les recettes font vivre directement environ 2 millions de personnes (sur la base de 10 personnes par famille). Au cours de la campagne 2001/2002, qui a enregistré une production de 375.000 tonnes de coton/graine achetées par la SOFITEX à raison de 200 francs CFA/kg, les producteurs de coton ont perçu des recettes brutes de l’ordre de 75 milliards de francs CFA. Après déduction des charges de production (environ 40%) les recettes nettes peuvent être estimées à 45 milliards de francs CFA, soit en moyenne 225.000 francs CFA par exploitant (revenu trois fois supérieur au seuil de pauvreté établi en 1998) ;

- les zones cotonnières sont également celles où la production céréalière est structurellement excédentaire, du fait du système de rotation des cultures, ce qui contribue à la sécurité alimentaire au niveau national, contrairement aux thèses véhiculées par certaines personnes mal informées ou de mauvaise foi ;

- sur le plan agro-industriel, il convient de signaler le développement des huileries (ex : SN-CITEC, SOFIB), de filature (ex : FILSA), d’usines de production d’aliments de bétail nécessaires pour l’intensification de l’élevage (graines et tourteaux). Le coton produit également des effets d’entraînement au profit des transporteurs (coton graine et balles de coton fibre), fabricants et commerçants de cyclomoteurs et motocyclettes, vendeurs d’hydrocarbures, de matériaux de construction, etc. ;

- la majorité des prêts accordés par les banques dans le secteur agricole sont destinés à financer les équipements et les intrants agricoles au bénéfice des Groupements de Producteurs de Coton (GPC) ou à l’achat du coton graine par la SOFITEX ; ces prêts à court terme s’élèvent à plus de 100 milliards de francs CFA par an ;

- la réalisation et l’entretien de pistes rurales dans les zones de production, ce qui contribue au désenclavement de ces régions.

Au regard de l’importance du coton dans le tissu économique actuelle du Burkina, une crise de la filière coton aura necessairement des répercussions néfastes sur l’ensemble de l’économie nationale ; d’où la nécessité d’une prise de conscience de l’opinion publique nationale sur l’importance et les enjeux de cette filière à l’heure actuelle.

2-2 Les performances des filières coton au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest et du Centre

Grâce aux efforts conjugués des différents acteurs, des progrès sensibles ont été réalisés au niveau des performances des filières coton en Afrique de l’Ouest et du Centre ces dix (10) dernières années, surtout depuis la dévaluation du franc CFA en 1994, malgré les difficultés rencontrées (aléas climatiques, problèmes phytosanitaires, chute des cours mondiaux du coton fibre). Ces performances méritent d’être portées à la connaissance de l’opinion publique afin de lui permettre de mieux apprécier les conséquences néfastes créées par les distorsions du marché mondial dues au non respect des règles du commerce international par certains pays développés producteurs de coton.

2.2.1. Performances de la filière coton du Burkina Faso

Grâce au plan de relance de la production cotonnière 1995-2000 adopté par le gouvernement, la filière coton a pu être redynamisée et la production de coton graine est passée de 143.000 tonnes durant la campagne 1994/1995 à une production record de 375.000 tonnes pour la campagne 2001-2002.

Le prix d’achat très attractif de 200 francs CFA par kg de coton graine et la bonne pluviométrie expliquent la forte augmentation des volumes de cette dernière compagne. En effet, après la très bonne production de la campagne 1997-1998 à 338.000 tonnes, les résultats des trois (3) campagnes suivantes se limitaient à 284.000 tonnes de coton-graine pour la campagne 1998/1999, 254.000 tonnes pour la campagne 1999/2000 et 274.000 tonnes pour la campagne 2000/2001, suite notamment aux attaques de mouches blanches, à des inondations et à un niveau important d’impayés qui avait atteint plus de 6 milliards de francs CFA à la fin de la campagne 1999/2000.

Ces dernières années, la production cotonnière a fortement progressé dans de nouvelles zones situées principalement dans le Sud-Ouest (la Léraba, la Comoé, le Ioba, la Sissili, le Ziro) et à l’Est du pays (la Tapoa).

La relative bonne performance de la filière coton au Burkina Faso par rapport aux autres pays producteurs de la sous-région sont dus aux mesures ayant porté sur :

1. La signature de l’accord interprofessionnel le 22 février 1999 entre la SOFITEX et les producteurs de la filière a instauré la gestion paritaire de la filière coton. Cet accord comporte les mécanismes de fixation et de soutien des prix du coton mis en oeuvre par un comité de gestion de la filière. Il fixe les modalités d’entrée des producteurs au capital de la SOFITEX. Conformément à cet accord, les parts cédées par l’Etat, d’un montant de 3 milliards de francs CFA ont été libérées sur des reliquats de ristourne et sur les intérêts du Fonds de soutien de la filière en fin d’année 1999 et rendent désormais les producteurs actionnaires à 30% de la SOFITEX. Un avenant à cet accord a été signé le 27 février 2001. Il a procédé au relèvement du prix d’achat du coton graine de 15 francs CFA.

Le prix plancher est donc passé de 160 FCFA à 175 FCFA le kg de coton-graine pour le premier choix. Le nouveau seuil d’appel du fonds de soutien a été fixé à 650 FCFA prix FOB Abidjan par kg de coton fibre. Les producteurs assurent également la présidence du comité de gestion de la filière.

2. Les producteurs, étant actionnaires à 30% de la SOFITEX, siègent désormais au Conseil d’Administration de cette société cotonnière où ils disposent de trois (3) sièges. Cette représentation leur a permis de mieux défendre leurs intérêts et de devenir des acteurs de premier plan dans la gestion de la filière.

3. Depuis la campagne 2000/2001, les comités de crédit avec les Unions Départementales des Producteurs de coton pour l’octroi des crédits d’intrants ont été systématiquement tenus. Par ailleurs, depuis cette campagne, les GPC avec des montants impayés importants n’ont plus eu accès aux crédits intrants. Ces mesures ont permis à la SOFITEX de récupérer plus d’un milliard d’impayés par campagne tout en augmentant la production de coton-graine.

4. Une réduction des quantités des intrants livrés et le niveau des crédits octroyés aux GPC. Durant la campagne 2001/2002, la SOFITEX a livré pour environ 25 milliards de FCFA d’intrants alors qu’elle en avait livré 35 milliards durant la campagne 1998/99.

5. La professionnalisation des Unions départementales, provinciales et de l’Union nationale des producteurs de coton qui disposent d’un personnel d’appui (conseiller en gestion, inspecteurs, cadres à l’UNPCB) financé en grande partie par les ressources propres de ces organisations.

A ce propos, une étude publiée par le Conseil Consultatif International du Coton (CCIC) en septembre 2001, concernant le coût de production net d’une livre de coton fibre, indique que, sur le plan mondial, le Burkina Faso avait le coût de revient le plus faible (147 FCFA) tandis que les Etats-Unis avaient le coût le plus élevé (476 FCFA), alors que le cours moyen du coton fibre sur le marché mondial estimé par "l’Indice Cotlook  A" se situait autour de 294 FCA. En l’absence de leurs subventions donc, les Etats-Unis auraient vendu leur coton fibre avec une perte de 182 F CFA, tandis que le Burkina aurait gagné 148 ou 149 FCFA sur chaque livre de coton vendu en 2001.

Alors M. Rouamba, "ma rage" contre les subventions procèdent de l’existence de ce mécanisme inique, et à l’évidence, tant que ces subventions existeront ou se renforceront nous sommes condamnés à ne plus vendre à l’extérieur le coton mais aussi d’autres productions agricoles. Cela constituerait une axphysie permanente pour nos économies.

2-2-2- Performances des filières coton en Afrique de l’Ouest et du Centre

Le constat aujourd’hui est que le coton joue un rôle économique majeur dans les zones rurales des pays africains de l’Ouest et du Centre. Environ 2 millions d’agriculteurs produisent plus de 2 millions de tonnes de coton graine (830 000 t) de coton fibre pour un chiffre d’affaires se situant entre 500 et 700 milliards de francs CFA. Les pays de l’AOC en terme de part de marché (15%) ont vu leur position s’améliorer au plan international où ils occupent la 2e place parmi les exportateurs de coton fibre.

La compétitivité potentielle du coton africain est attestée par un coût de revient variant entre 322 et 350 F.CFA malgré les coûts de mise en marché (transit et transport liés aux marchés d’exportation en Europe et en Asie). Ce coût est équivalent à la moyenne des cours actuels de filières sur le marché international. La qualité du coton d’origine africaine est bien appréciée sur les marchés internationaux à cause de son degré de propreté favorisé par la cueillette manuelle. Le coton africain en moyenne obtient des prix de vente relativement plus élevés que le coton provenant d’Asie ou d’Amérique latine grâce à une qualité appréciée.

Cependant, si les tendances actuelles de perturbation du marché international de la fibre persistent avec la politique agricole commune de l’Europe (PAC) et la Farm Bill américaine, la filière coton africaine serait simplement asphyxiée et pourrait à terme disparaître.

2.3 – Les dispositions provoquées sur le marché mondial du coton et les menaces sur les filières coton du pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

J’ai évoqué plus haut les résultats des mesures mises en œuvre dans les PAS et le PASA dans la libéralisation de l’économie du secteur agricole au Burkina. L’objectif principal de ces mesures de libéralisation, sous l’impulsion des institutions de Bretton Woods vise une intégration plus poussée de l’économie nationale au marché dans un contexte de mondialisation. C’est en réalité organiser notre marché selon une nouvelle vision du droit international.

C’est dans ce même esprit que l’Organisation mondiale du commerce a été créée en 1995 en remplacement du GATT (Accord général sur les tarifs et le commerce) mis en place depuis 1948. Il convient de rappeler que l’OMC a pour mandat de réaliser les missions suivantes :

- veiller à la bonne mise en œuvre de l’accord signé à Marrakech au Maroc en 1995,

- administrer les procédures de règlement des conflits ;

- devenir le lien d’une négociation commerciale permanente ;

- administrer le mécanisme d’examen des politiques commerciales ;

- coopérer avec le FMI et la Banque mondiale.

Quant à l’accord agricole entré en vigueur le 1er juillet 1995, il vise les objectifs suivants :

- faciliter l’accès au marché,

- réduire le soutien interne à la production,

- améliorer la concurrence à l’exportation.

Dans le cadre de cet accord, les pays développés devraient réduire de 20% entre 1995 et 2000 les montants des budgets de soutien interne à la production et de 36% ceux destinés aux subventions à l’exportation des produits agricoles ; les pays en développement disposant d’un délai de 10 ans pour réduire ces subventions (13%) pour le soutien à la production et 24% pour les subventions à l’exportation).

C’est donc, M. Rouamba, à la lumière de ces dispositions des règles de l’OMC qu’il convient d’analyser les pratiques de certains pays développés (ex. : Etats-Unis, Union européenne, Australie). Le cas des Etats-Unis et de l’Union européenne mérite une attention particulière car non seulement ils n’ont pris aucune mesure pour baisser leurs subventions mais pire, ils les ont renforcées. De ce fait, il existe des menaces que les subventions qu’ils accordent à leurs producteurs de coton font peser sur les filières coton en Afrique de l’Ouest et du Centre du fait des distorsions créées sur le marché mondial du coton fibre.

2-3-1 L’importance des subventions accordées aux producteurs du coton aux Etats-Unis

Selon des informations contenues dans le volume 55-n°5 du Comité consultatif international du coton (CCIC) publié en mai/juin 2002, aux Etats-Unis, l’aide directe accordée aux producteurs de coton a augmenté de 600 millions de dollars (1997/98) à 2,7 milliards de dollars (1999/2000).

En 2001-2002 et conformément au programme de soutien mis en œuvre en 1996, le gouvernement américain doit dépenser 2,3 milliards de dollars en aide directe aux producteurs de coton moyen.

En vertu de ce programme, un cultivateur américain moyen reçoit de l’aide par le biais de deux systèmes de subventions :

- un paiement compensatoire de prêt calculé chaque semaine en tant que différence entre un taux de prêt moyen et un prix mondial ajusté. Les USA donnent donc aux producteurs une subvention pour adoucir le prêt contracté pour sa production afin de baisser son taux d’intérêt ;

- Un paiement compensatoire pour la flexibilité de production, en fait un paiement fixe pour compenser les agriculteurs pour les pertes d’aide précédente liées aux prix.

Les paiements compensatoires de prêt pour 2001/2002 sont estimés à 1,8 milliard de dollars et les paiements de flexibilité à 458 millions de dollars. Au total, les producteurs américains de coton pour la seule campagne 2001/2002 recevront un total de 3,7 milliards de dollars en subventions gouvernementales.

En plus de tout cela, une nouvelle loi agricole entrant en vigueur en 2002/2003 vient d’être approuvée aux Etats- Unis. Cette nouvelle loi remet en place le concept d’un prix cible qui est fixé à 506,8 F.CFA la livre et le taux d’emprunt établi à 364 F.CFA soit 142,8 F.CFA.

Cette loi agricole entre en vigueur à partir de la récolte de 2002 pour 6 ans. Le budget global de cette loi agricole a été évalué à 180 milliards de dollars sur une période de dix (10) ans. Comme dit Nobila Cabaret c’est la mal mort pour les économies du tiers monde notamment africaines.

La nouvelle loi agricole devrait permettre aux Etats-Unis de demeurer un des producteurs et exportateurs les plus importants jusqu’en 2007/2008 avec plus de 2,5 millions de tonnes de fibres par an.

Si les producteurs américains vivent ainsi grassement des subventions de leurs pays et que le Président Bush déclare que l’agriculture est la première industrie des Etats-Unis (ce qui justifie toutes ces subventions) dans nos pays la tendance est à l’accentuation de la pauvreté du producteur et à la baisse des recettes de l’Etat.

2.3.2 – Conséquences des subventions accordées aux producteurs de coton des pays développés et les menaces sur les filières coton en Afrique

Les subventions accordées aux producteurs des pays développés du fait des distorsions qu’elles provoquent sur le marché mondial de fibres menacent l’existence des filières des pays en développement.

En particulier en Afrique de l’Ouest et du Centre dont le Burkina fait partie. Les conséquences de cette situation sont multiples :

- volatilité du cours mondial du coton fibre,

- perte des recettes d’exportation,

- baisse des revenus des producteurs,

- baisse de la croissance économique,

- volatilité du cours mondial du coton fibre.

* Volatilité du cours mondial du coton fibre

Les prix internationaux moyens du coton fibre ont été constamment très bas ces 4 dernières campagnes. En effet ils se situent autour de 420 F.CFA la livre avec un niveau historiquement bas de 287 F.CFA en 2001-2002 alors que la moyenne des 25 dernières années était de 507,5 F.CFA/livre.

Cependant au cours de cette période la production mondiale de coton fibre a augmenté de 700 millions de tonnes.

Pendant la même période, alors que la superficie cotonnière a diminué de 1. 500 000 ha dans les pays qui n’accordent aucune subvention directe aux producteurs, elle a augmenté de 500 000 ha dans les pays qui accordent d’importantes subventions à leurs producteurs.

Une telle situation indique très clairement que l’accroissement de la production mondiale malgré un cours mondial très bas est le fait des producteurs des pays développés qui bénéficient des subventions de leurs gouvernements. La demande mondiale n’ayant pas augmenté pendant la même période concernée (19,5 millions de tonnes), cette augmentation de l’offre ne pouvait qu’entraîner une chute historique des cours de la fibre. Ces pratiques faussent les règles du marché et provoquent une instabilité des cours mondiaux du coton fibre, sources d’incertitudes pour les filières des pays en développement.

* Baisse des recettes à l’exportation : le cas du Burkina

Dans la plupart des Etats de l’AOC, on a enregistré d’importantes baisses de recettes d’exportations ; les sociétés cotonnières ont vendu à perte leur coton fibre, le cours mondial étant inférieur au prix de revient.

Si au niveau du Burkina, la compétitivité de la filière a permis à la SOFITEX d’équilibrer ses comptes malgré le prix d’achat payé au producteur (200 F/KG) dans certains pays voisins, les gouvernements ont dû prendre des mesures exceptionnelles (y compris des prêts auprès des institutions financières internationales) pour soutenir les producteurs. Quand on connaît les faibles capacités financières de nos Etats, il est évident que si la situation n’évolue pas favorablement, de tels efforts ne peuvent pas être soutenus plus longtemps et la pauvreté va s’aggraver dans nos pays.

* Baisse des revenus des producteurs.

Pour réduire le déficit provoqué par la chute du cours mondial du coton, une des mesures prises porte sur la baisse du prix d’achat au producteur, en l’absence de caisse de stabilisation, notre ancienne structure de régulation des prix.

C’est ainsi qu’au Burkina, le comité de gestion de la filière coton présidé par l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCB) a dû fixer le prix d’achat du coton graine à 175 F par kg pour la campagne 2002/2003. Cela va entraîner une baisse de recettes brutes de 25 F.CFA/kg par rapport à la campagne 2001/2002. Sur la base d’un objectif prévisionnel de production de 400 000 tonnes de coton graine, cette baisse représente un manque à gagner de dix (10) milliards de francs CFA pour les 200 000 exploitants, soit en moyenne 50 000 F.CFA/par exploitant producteur de coton.

Au-delà des producteurs c’est l’économie nationale qui pert plus de 10 milliards de F.CFA dont une partie aurait pu être utilisée dans des investissements productifs en vue de moderniser l’agriculture.

* Baisse de la croissance économique

Quand on connaît l’importance du coton dans l’économie de certains pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Burkina, il est évident que si la crise de la filière coton perdure, cela va remettre en cause les objectifs de croissance économique retenus dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (8% à partir de 2003). De même, les secteurs d’activités qui dépendent du coton connaîtront également des difficultés (banques, transports, industries agroalimentaires etc.).

Quant aux producteurs, la perte de revenus va accroître l’exode ural avec toutes les conséquences que cela peut entraîner sur l’aggravation du chômage et de la délinquance, toutes choses qui vont à l’encontre de la réduction de la pauvreté.

3° Partie : Pauvreté rurale et Commerce international. (suite et fin)

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