a b c B u r k i n a

Pour une préparation efficace des pays ACP 
aux négociations commerciales agricoles

(2° partie)

Le CTA (Centre Technique Agricole Européen) , en collaboration avec Solagral, a lancé un forum sur les négociations commerciales agricoles entre l' Union Européenne et les Pays ACP. La synthèse de ce forum nous a semblé suffisaemment intéressante pour l'accueillir sur notre site.

Deuxième partie :

L'intégration régionale

L'objectif de cette deuxième phase du forum était d'examiner le rôle que peuvent jouer les groupements régionaux pour améliorer la participation des pays ACP aux négociations agricoles internationales. La question de l'intégration régionale est en effet au cœur des négociations entre l'Union européenne et les pays ACP puisque l'Accord de Cotonou prévoit la mise en place, à partir de 2008, d'accords de partenariat économique (APE) entre l'Europe d'une part, et les pays ACP regroupés au sein de blocs régionaux d'autre part.

Les bénéfices de l'intégration régionale

Les discussions ont permis de souligner l'importance de l'intégration régionale pour traiter les problèmes rencontrés par le secteur agricole des pays ACP sur les marchés mondiaux (faible compétitivité, protectionnisme persistant des marchés des pays développés, et notamment de l'Union européenne, faiblesse des capacités techniques et institutionnelles pour participer aux négociations, etc.).

En effet, la plupart des marchés des pays ACP sont trop restreints, et l'élargissement des marchés au niveau régional permet de bénéficier d'économies d'échelle. Il a été noté cependant que ces économies d'échelle ne sont vraiment intéressantes que pour les produits à forte valeur ajoutée, et donc bénéficient davantage aux produits industriels qu'aux produits agricoles.

Un autre avantage de l'intégration régionale est qu'elle permet de mieux défendre les intérêts des pays membres dans les négociations puisque ces pays, qui connaissent des difficultés similaires, peuvent tirer un plus grand bénéfice des capacités de tel ou tel membre. C'est particulièrement le cas dans le domaine des normes sanitaires, phytosanitaires et techniques où le niveau régional est beaucoup plus efficace pour traiter les problèmes rencontrés par les pays ACP (harmonisation des réglementations et du contrôle, laboratoires régionaux, etc.).

Des interrogations nombreuses

Mais il existe de nombreuses réserves sur le rôle que peuvent jouer les intégrations régionales pour renforcer la participation des ACP aux négociations agricoles internationales.

Tout d'abord, la constitution de groupements régionaux dans les pays ACP est très lente et rencontre de nombreux obstacles. De plus, contrairement à ce que prétend la théorie économique, les pays ACP pourtant voisins n'ont pas toujours intérêt à développer les échanges entre eux (existence de marchés plus porteurs en dehors de la zone, infrastructures de transport moins bien développées à l'intérieur des zones que avec des régions plus lointaines). Parfois, leurs structures de production sont davantage similaires que complémentaires et l'ouverture aux marchés voisins signifie une concurrence accrue pour les productions agricoles locales.

De plus, tous les processus d'intégration régionale qui ont réussi ont avant tout été motivés par des considérations politiques et stratégiques. Or, la volonté politique n'est pas toujours présente pour soutenir les processus d'intégration régionale dans les pays ACP.

L'appartenance de nombreux pays ACP à plusieurs zones d'intégration régionale complique l'approfondissement des processus d'intégration ainsi que la définition de stratégies et de positions communes. Or, il faut que les structures d'intégration régionales aient la capacité, le mandat et la volonté de définir ces stratégies. Ceci suppose aussi que les pays membres de ces organisations soient suffisamment impliqués dans le processus de décision ce qui n'est pas toujours le cas.

Les négociations des APE prévues par l'Accord de Cotonou vont-elles renforcer les processus d'intégration en cours ?

Il a été souligné que cette négociation pouvait avoir un effet positif en stimulant les processus en cours. En effet, si les pays ACP ne signent pas d'APE, ils pourraient perdre l'accès préférentiel au marché européen dont ils bénéficient aujourd'hui.

Mais ceci n'est pas valable pour les pays ACP PMA (qui bénéficient de l'initiative "Tout sauf les armes") ce qui risque au contraire de mettre en danger les groupements régionaux déjà existants. De plus, l'ouverture aux importations agricoles européennes beaucoup plus compétitives prévue par les APE pourrait annihiler tout les bénéfices que les pays ACP pourraient tirer de l'ouverture au marché régional.

Première partie                           3° partie  (à paraître)                   4° partie (à paraître)

Accueil  - Politiques agricoles et Pays du Sud - Actualités - Actualités du coton