Que faire pour mieux vendre

nos oignons ?

Depuis quelques mois, nous avons commencé une enquête auprès des jardiniers des environs de Koudougou. Grâce à eux, nous trouvons toutes sortes de légumes sur le marché. Si vous trouvez parfois que les légumes sont chers, allez à leur rencontre dans leur jardin. Vous verrez qu’il faut beaucoup de travail pour récolter un kilo de carottes ou un kilo d’oignons.

Surtout, ils vous expliqueront les difficultés qu’ils rencontrent pour vendre leur produits à un bon prix. Quand ils vont sur le marché de Koudougou, il arrive qu’à midi, ils n’ont pas pu vendre tous leurs produits. Ils sont obligés de les vendre très peu cher. Cela ne paye pas leur travail. C’est ainsi qu’il leur arrive de vendre un sac d’oignons
à 5 000 F, alors qu’ils espéraient en trouver 10 000 F : c’est que ce jour là, les acheteurs étaient moins nombreux que les jardiniers !

Or l’autre jour, de passage à Boromo, une vendeuse m’a proposé des oignons. Je lui ai demandé d’où ils venaient. Je me disais, sûrement, elle va me dire : « De Koudougou !» Or elle m’a répondu :
« Du Niger ». Cela m’a beaucoup étonné. Alors que les jardiniers de Koudougou n’arrivent pas à bien vendre leurs oignons, comment se fait-il que les jardiniers du Niger vendent leurs oignons au Burkina ?

 

De retour à Koudougou nous avons été faire une enquête sur les marchés de Koudougou. Nous y avons rencontré un commerçant venu du Niger avec un camion rempli d’oignons. Il nous a dit : « C’est vrai les oignons du Burkina, spécialement ceux de Koudougou, sont meilleur que ceux du Niger. Ils ont plus de goût. Quelques oignons du Burkina suffisent pour assaisonner tout un plat. Les cuisinières (et les consommateurs !) préfèrent les oignons du Burkina.

Seulement, les oignons du Niger sont moins chers ! »

Donc lui, il vient à Koudougou pour ajouter des oignons du Burkina à ceux du Niger. Ensuite, il ouvre tous ses sacs, et il mélange les oignons du Niger avec ceux du Burkina. Enfin, il met des oignons du Burkina au dessus de son sac. Puis il repart avec son camion sur Bobo-Dioulasso et Bouaké, en Côte d’Ivoire.

Nous sommes partis à Bobo-Dioulasso pour continuer notre enquête. Là, nous avons rencontré la même pratique : des commerçants qui mélangeaient les oignons du Niger et ceux du Sourou (province du Burkina), pour continuer vers la Côte d’Ivoire.

A la fin de cette enquête, moi, Têngembiiga, j’ai envie de poser quelques questions au jardinier du Burkina :

1) Saviez-vous qu’on vend au Burkina des oignons venus du Niger, et que malgré les frais de transport, ils sont moins chers que ceux du Burkina ?

2) Saviez-vous que de nombreux commerçants mélangent les oignons du Niger à ceux du Burkina pour aller les vendre en Côte d’Ivoire ?

3) Saviez-vous que les cuisinières et les consommateurs préfèrent les oignons du Burkina à ceux du Niger ?

Ainsi, la force des oignons du Niger, c’est leur prix : Ils sont moins chers que ceux du Burkina.

La force des oignons du Burkina, c’est leur qualité : Ils ont meilleur goût et ils se conservent plus longtemps.

Comme les oignons du Burkina, le plus souvent, sont plus rouges et plus petits que ceux du Niger, il est assez facile de les distinguer. Alors, j’ai une dernière question à poser :

4) Est-ce que les jardiniers du Burkina ne pourraient pas s’unir et s’organiser pour garantir aux consommateurs des oignons de bonne
qualité ?

Pourquoi ne pas vendre les oignons du Burkina dans des sacs laissant voir la qualité des légumes (comme les sacs de pommes de terre), avec des étiquettes garantissant la qualité, la date de la récolte, la provenance (lieu de production) et le poids de la marchandise. Ces sacs seraient accompagnés d’une facture, pour que le commerçant puisse garantir sa marchandise.

Les jardiniers qui seraient reconnus comme produisant des oignons de qualité aurait le droit d’avoir des sacs avec des étiquettes spéciales. C’est ce qu’on appelle « un label de qualité ». Sur cette étiquette, on pourrait écrire par exemple : « Oignons du Burkina - Qualité contrôlée et garantie »

Sûrement que de tels oignons se vendraient bien à Bouaké, et même à Abidjan !

Cet article a été écrit d’après l’enquête de M. René Bama et de M. Eric Batiébo de Radio Palabre, dans le cadre du réseau 4R. Une émission radiophonique d’une demi-heure sur ce thème est également disponible auprès du SEDELAN (B.P. 332 - Koudougou - tél: 44 03 56) ou de Radio-Palabre (B.P. 196 - Koudougou - tél. 44 00 81).

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