Dewral - Teriya - Zoodo – Alliance ou amitié

Il y a quelques jours, j’étais dans un village au sud-ouest du Burkina. Là j’ai pu me réjouir en voyant les fruits et les bienfaits de l’amitié entre éleveurs et agriculteurs.

Mais hier soir, j’ai téléphoné à un de mes amis peuls au sud du pays pour avoir de ses nouvelles. Il me disait qu’ils étaient tristes et inquiets car ils avaient, encore une fois, perdu un de leurs bergers, mort assassiné. C’est pourquoi, aujourd’hui, je me dis que nous ne pouvons pas rester à rien faire, attendant seulement que les conflits entre agriculteurs et éleveurs se multiplient. Et que bientôt, nous ne soyons plus maîtres de la situation.

Champ de MucunaIl y a bientôt un an, je me suis arrêté pour échanger avec un ami agriculteur dans la province du Tuy, près de Houndé. Il me disait qu’il participait à un projet baptisé « Teriya » (en jula, amitié). J’ai interrogé mon ami pour avoir plus de précisions. Il m’a expliqué que ce projet, soutenu par Fertipartenaires, invitait quelques éleveurs et agriculteurs à cultiver une herbe fourragère, le Mucuna, en vue de fertiliser le sol et d’augmenter la quantité de fourrage disponible.

Mais ce qui a le plus retenu mon attention, c’est le nom de ce projet : « teriya, l’amitié » ! Je me suis dit, de fait, plutôt que de laisser se développer les conflits entre éleveurs et agriculteurs, pourquoi ne pas essayer de développer de façon plus systématique des alliances entre agriculteurs et éleveurs. D’où le titre de cet article : zoodo voulant dire amitié ou alliance (en moore), et dewral voulant dire alliance (en fulfulde). On pourrait aussi utiliser Yigiraagu qui veut dire amitié en fulfulde. En effet, agriculteurs et éleveurs ont besoin les uns des autres. Les éleveurs manquent cruellement de fourrage, spécialement à la saison sèche. Les agriculteurs manquent souvent de fumier pour fabriquer assez de compost de bonne qualité.

Les éleveurs pourraient acheter suffisamment de semences d’une plante fourragère, pour eux-mêmes, et pour en offrir à des amis ou voisins agriculteurs. A charge pour ces derniers d’offrir le fourrage aux éleveurs en échange d’une quantité de fumier convenue à l’avance.

J’ai interrogé un bon nombre d’éleveurs et d’agriculteurs pour voir quelle serait, d’après eux, la plante fourragère la plus appréciée pour cette niebe fourrageropération. La grande majorité s’est prononcée en faveur du niébé fourrager. Des paysans affirment qu’un kilogramme de semences de niébé fourrager peut produire jusqu’à une tonne de bon fourrage. De plus, ils peuvent consommer les haricots qui sont bien appréciés.

A noter que le niébé est également très utile pour améliorer la fertilité du sol, notamment grâce à sa capacité à fixer l’azote de l’atmosphère. Au moment où on cherche à diversifier les cultures, nul doute que le niébé a sa place, entre autres, dans une bonne rotation des cultures. Rotation nécessaire pour assurer une bonne fertilité des sols, mais aussi pour freiner le développement de la plupart des nuisibles.

Le temps des semailles approchent. Il est donc temps de faciliter aux éleveurs (et agriculteurs) l’acquisition de semences de niébé fourrager. Actuellement, Il est possible de se fournir auprès des stations de l’INERA de Saria (le kg de semences de niébé fourrager est vendu à 1 250 F). Pour la fiche technique, cliquez ici .

 

Koudougou, le 10 mai 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN


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