Dans un document récent et officiel de la F.A.O. (en bleu ci-dessous), nous lisons :

http://www.fao.org/french/newsroom/news/2002/7833-fr.html

Les pays en développement deviendront toujours plus tributaires des importations de céréales, de viande et de lait, car leur production ne parviendra pas à répondre à la demande. En 2030, ils pourraient produire seulement 86 pour cent de leurs propres besoins céréaliers, avec des importations nettes qui passeraient des 103 millions de tonnes actuelles à 265 millions de tonnes en 2030. Les exportateurs de céréales traditionnels, comme les Etats-unis, l'UE, le Canada, l'Australie et l'Argentine, et les pays en transition en tant qu'exportateurs émergents, devraient produire les excédents nécessaires pour combler ce déficit. "Si les prix réels des aliments n'augmentent pas, et les exportations des produits et services industriels progressent comme auparavant, la plupart des pays pourront se permettre d'importer des céréales pour satisfaire leurs besoins. Cependant, les pays les plus pauvres sont généralement les moins à même de payer les importations".

Pour faire de telles prévisions, avec des données chiffrées si précises, il faut faire des hypothèses de travail. Sur quelle hypothèse de travail se fondent les experts de la F.A.O. ?
C'est bien simple : de telles prévisions supposent que les règles actuelles du commerce international ne changeront pas. Or il est clair pour tous, que les règles du commerce international fonctionne en faveur des pays riches, qui s'enrichissent chaque jour, et contre les pays en développement qui s'enfoncent dans la pauvreté.

Pourquoi les pays en développement seraient-ils incapables de produire leur propre nourriture (ce qu'ils faisaient assez bien il y a 50 ans !) ? Parce que le commerce international tel qu'il fonctionne aujourd'hui décourage les producteurs des pays en développement. C'est ce que nous avons vu pour le riz il y a deux semaines (voir : http://www.abcburkina.net/fr/nos-dossiers/vu-au-sud-vu-du-sud/13-2-de-la-riziere-de-bama-au-marche-de-bobo-dioulasso ).
Mais c'est la même chose pour le blé, le maïs... qui eux aussi sont fortement subventionnés.

Plus grave : les experts de la F.A.O. semblent accepter l'intolérable, quand ils écrivent :

"Cependant, les pays les plus pauvres sont généralement les moins à même de payer les importations".

Comprenez : Les pays riches continueront à déverser leurs excédents de maïs, riz, blé (c'est pour eux le prix à payer - bien peu cher - pour que l'industrie agroalimentaire continue à se développer partout dans le monde à leur profit) sous forme d'aide alimentaire, décourageant, chaque jour un peu plus, les producteurs des pays en développement. J'en donnerai un seul exemple.

En janvier 98, j'ai travaillé dans la région de Houndé. A ce moment, les paysans me disaient que leur plus grande difficulté était qu'ils n'arrivaient pas à vendre leur maïs à un prix rémunérateur. Mais pendant ce temps, différentes ONG américaines déversaient les excédents de maïs des producteurs américains, sous forme d'aide alimentaire.

Remercions la F.A.O. de nous avoir montré où nous conduisent les règles actuelles du commerce international : les pays riches prospèrent, et les pays en développement s'enfoncent dans la pauvreté. Mais ne nous arrêtons pas là (comme le font les experts de la F.A.O. qui ne s'engagent pas pour changer le système actuel qui condamne à mort la paysannerie du sud), et travaillons à changer les règles du jeu. Reconnaissons le droit des peuples à produire leurs aliments de base. Et puisque le Nord n'est pas prêt à mettre fin à l'agriculture subventionnée, reconnaissons le droit pour tout pays de protéger son agriculture par des taxes à l'importation.

Ce que les pays du Nord ont toujours fait, et qu'ils continuent à faire. Mais aussi, ce qu'ils veulent interdire au pays du Sud !

Maurice Oudet
webmaster

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