Forum social mondial de Bamako :

Thomas Sankara, invité d'honneur !

Nous sommes trois du SEDELAN à avoir participé au Forum social mondial de Bamako.

Que retenir de ce Forum ?

J'ai envie de dire que le premier fruit de ce forum, c'est qu'il donne aux participants l'occasion de faire le plein d'énergie pour continuer la lutte. Au cours de ces trois jours nous avons rencontré une multitude d'hommes et femmes de tous les continents qui font déjà un travail formidable de résistance à la mondialisation néolibérale. Les débats étaient intéressants. La joie et l'espérance dominaient. Cela fortifie notre propre espérance et nous donne envie de continuer le combat là où nous sommes, à notre place.

Quand en janvier 2005, il a été décidé de faire un triple " Forum social mondial ", sur trois continents, beaucoup pensaient qu'ils s'agissait d'une idée folle. Et bien ce forum de Bamako a été un franc succès avec la participations de 20 000 inscrits dont 10 000 maliens, et 5 000 autres africains. Quand on sait que les africains étaient peu présents aux précédents Forum, on apprécie la portée d'une telle décentralisation.

Le Forum a enregistré plus de 700 activités, réparties sur diverses thématiques. Le Comité malien d'organisation se sera montré très novateur. Tout d'abord en ouvrant un espace entièrement dédiée aux femmes. Plus de 1 500 femmes ont participé aux différentes discussions qui se sont déroulées au Palais de la Culture de Bamako. Mais surtout en confiant aux jeunes eux-mêmes l'organisation du Camp International de la jeunesse dédiée à Thomas Sankara.

« C’est la première fois que l’on donne un nom au camp, explique Ibrahim Hamani Souley, président du Camps international de la jeunesse Thomas Sankara. Nous avons choisi Thomas Sankara pour témoigner du fait que l’Afrique avait également son Che (Guevara, ndlr). Quand on écoute ses discours, on se rend compte qu’il était un alter mondialiste avant l’heure. Déjà en 1986, il évoquait l’annulation de la dette des pays africains, une thématique chère aux alter mondialistes aujourd’hui. En Afrique, les décideurs ne font pas confiance aux jeunes et ne leur confient pas de responsabilités. Ils ne les utilisent qu’à des fin politiques. Alors que Thomas Sankara, qui a dit : ’Libérer la parole des jeunes pour libérer l’Afrique et le reste du monde’, est la preuve de notre capacité d’action. Arrivé au pouvoir à 30 ans, il a, en 5 ans de règne, largement œuvré pour la sauvegarde de l’intérêt des peuples africains. » (cité par Falila Gbadamassi sur afrik.com).

Mais Sankara n'était pas seulement présent au Camp International de la Jeunesse. Pour ma part, durant ce forum, j'ai passé l'essentiel de mon temps à la Bibliothèque Nationale où les débats portaient sur les diverses agressions subies par les sociétés paysannes et les résistances de ces dernières. Là aussi, Thomas Sankara a été plusieurs fois évoqué. Dans l'atelier "Pour une Afrique sans OGM" nous avons même fait une minute de silence à sa mémoire, à la demande d'un participant. C'est que les populations rurales étaient au coeur de ses préoccupation. Un slogan bien connu des burkinabè résumait sa vision de l'économie du développement pour les pays d'Afrique de l'Ouest : " Consommons ce que nous produisons - Produisons ce que nous consommons ! ". C'est une façon pédagogique d'aborder la question de la souveraineté alimentaire, un des thèmes majeurs de ce forum qui a noté une forte participation de paysans maliens et burkinabè.

Sur le Forum social mondial de Bamako, nous vous invitons également à lire le numéro suivant d'abc Burkina, sur les OGM et la Souveraineté alimentaire.

Maurice Oudet,
Koudougou, le 25 janvier 2006

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