Main basse sur les terres agricoles en Afrique, à Madagascar et au Burkina Faso.

Une nouvelle menace plane sur l'Afrique et les paysans africains. La crise alimentaire aidant, on voit des pays riches soucieux de leur sécurité alimentaire qui achètent à l'étranger de vastes domaines agricoles. Le plus souvent, ils s'appuient sur des sociétés agro-alimentaires et des investisseurs privés qui voient dans les investissements dans des terres agricoles à l’étranger une source de revenus importante et nouvelle. Les paysans des pays qui bradent ainsi leur terre risquent fort de se retrouver bientôt sans terre.

En Afrique et à Madagascar

 La Corée du Sud et Madagascar viennent de s'illustrer brillamment dans cette pratique. A un niveau tel qu'on de la peine à le croire : « Le géant sud-coréen Daewoo Logistics vient de conclure un accord avec Madagascar pour louer 1,3 million d’hectares – la moitié de la surface cultivable de la Grande Ile – lui permettant de produire du maïs et de l’huile de palme pendant 99 ans. Comment un gouvernement peut-il hypothéquer ainsi l'avenir de sa population ? Il faut savoir qu’avec un taux de croissance de la population de plus de 3 %, la population de Madagascar double en moins de 25 ans. Où iront les enfants des paysans d’aujourd’hui si la moitié des terres cultivables de leur pays est ainsi bradée ? »

« Mais la Corée du Sud n’est de loin pas le seul pays riche à se ruer sur l’Afrique. Selon la FAO, ils seraient de plus en plus nombreux à mettre la main sur les immenses terres du continent noir pour assurer leur approvisionnement alimentaire ou fournir le marché croissant des biocarburants. Espérant des retombées économiques, la plupart des gouvernements africains sont prêts à accorder des concessions à des investisseurs étrangers. Même si cela doit se faire au détriment de leur propre population affamée. Ainsi l’Angola est en négociation avec des investisseurs brésiliens, canadiens et américains. Le Soudan cherche preneur pour ses 900 000 hectares. L’Ethiopie courtise les Saoudiens et la Tanzanie suscite l’intérêt des Occidentaux pour la production de biocarburants. L’agence onusienne a beau tirer la sonnette d’alarme et mettre en garde contre les risques de «néocolonialisme», le phénomène ne cesse de s’étendre. » (La Tribune de Genève du 25/11/08).

 Au Burkina

Au Burkina, on n’en est pas encore là, mais il y a déjà de quoi s’inquiéter et donc de rester vigilant. Même si ce n’est pas encore massif, plusieurs sociétés privées ont obtenu des terres pour y faire pousser du Jatropha en vue de produire des agrocarburants. Mais il y a aussi un phénomène interne. Les proches du pouvoir et les gens riches du pays sont en train de s’accaparer les meilleures terres. C’est ainsi qu’au cours de l’Assemblée générale annuelle de l’association SOS Sahel international Burkina, Alfred Sawadogo s’est exprimé sur les exploitations agricoles de certains membres du gouvernement. Il a fustigé le rachat des bonnes terres par ceux-ci en ces termes : « Au cours de l’exercice de ses fonctions, il n’est pas souhaitable qu’un ministre rachète des terres d’une certaine étendue. La mission des membres du gouvernement, c’est de prendre des mesures énergiques pour impulser les producteurs, les paysans qui vivent directement du travail de la terre, à devenir des producteurs modernes dans des exploitations modernes. Il ne convient pas que ce soit les membres du gouvernement qui rachètent les bonnes terres et deviennent des producteurs modèles… »

Aussi a-t-il émis la crainte d’une expropriation, « dans une vingtaine d’année, de toutes les bonnes terres de notre pays » qui seront, selon lui, entre les mains de gens riches, laissant les fils des paysans dans un dénuement total. (le quotidien burkinabè « Le Pays » du mardi 2 décembre 2008)

 Pour compléter votre information, nous vous conseillons un article très documenté sur ce phénomène sur le site de Grain.

Koudougou, le 5 décembre 2008
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

 

 

FaLang translation system by Faboba