Nouvel Appel des Producteurs de Coton d'Afrique

Cet appel fait suite à celui que nous, Producteurs de Coton d’Afrique, avons lancé le 21 novembre 2001 à Bobo-Dioulasso en direction des amis et sympathisants des producteurs de coton de notre continent. Celui-ci ploie sous le fardeau des effets néfastes des subventions accordées par les européens et les américains à leurs producteurs de coton. Nous remercions les nombreuses organisations, notamment le Réseau Foi-Justice Afrique-Europe, le Réseau-Solidarité pour le rôle capital joué pour que notre appel soit largement diffusé et entendu.

C’est avec une note d’espoir que nous avons accueilli (ce jour 08 mai 2002, à travers les ondes de Radio France Internationale), la nouvelle de la plainte que l’Union Européenne vient de déposer contre les subventions accordées par les Etats-Unis d’Amérique à leurs producteurs de coton. Nous soutenons fermement cette action et appelons les gouvernements de nos pays à emboîter le pas à leurs pairs européens pour porter nos préoccupations devant les instances de l’OMC. Cette organisation n’ a-t-elle pas elle-même reconnu dans son rapport annuel « une chute de 20% des prix du coton, une chute qui a sérieusement mis à mal les recettes d’exportations du Bénin, du Tchad, du Mali et du Burkina Faso ». Elle a décelé, face au comportement de nos Etats, « des interrogations quant à l’intérêt pour les pays en développement de participer aux échanges internationaux ».

 

Le Sénat américain s’apprête à voter une nouvelle loi sur les subventions agricoles qui garantit aux fermiers américains le prix de 72 cents, alors que la livre de coton s’établit aux alentours de 35 cents sur le marché de New York.

Avec cette nouvelle loi, les producteurs américains ont la garantie d'un revenu sans obligation de limiter leur production. «C'est un blanc-seing pour produire. Plus on produit, plus on perçoit», affirme un consultant à Washington. En fait, c’est une machine à conquérir les marchés mondiaux, qu'elle promet de bouleverser.

Conscients de la gravité de la nouvelle loi américaine sur les subventions agricoles que le sénat s’apprête à adopter, nous , responsables des organisations de producteurs de coton d’Afrique, restons solidaires de la protestation engagée par les Européens. Nous leur demandons d’appuyer notre mouvement ici, en Afrique, en vue de nous permettre de nous regrouper, d’harmoniser nos interventions et de dégager des stratégies pour sortir nos gouvernements de leur léthargie.

 

Nous rappelons que le coton est la principale source d’entrée de devises dans les pays africains qui le produisent. Les effets des subventions américaines aux producteurs de coton des U.S.A. sont néfastes pour nos économies et aggravent davantage la pauvreté et l’insécurité sociale et alimentaire de nos populations. En effet, combien sont-ils à être nourris, logés, scolarisés, soignés etc. grâce au coton ? Avec le coton, les cultivateurs peuvent acquérir du matériel agricole tels que les charrues, les bœufs, les charrettes.

Nous appelons les autres pays producteurs de coton en Afrique à se joindre au mouvement, car nous avons besoin d’aller en rang serré au sein de nos organisations sous-régionales et régionales ( UEMOA, CEDEAO, etc.) avant d’atteindre l’OMC.

Aussi, nous demandons à tous ceux qui veulent construire un monde juste et équilibré, dans lequel les plus forts se soucient de la survie des plus faibles, de se joindre à notre mouvement dans un élan de solidarité.

Fait à Bobo-Dioulasso, le 08 mai 2002

Le Président de l’UNPCB (BURKINA) François TRAORE

Le Président de la FUPRO ( Bénin) Issa IBRAHIMA

Le Président du SYCOV (Mali) Ampha COULIBALY

La Maison des Paysans de la Région du Sud-Ouest de Madagascar et son représentant Risoja FILIHA

Le Président des Producteurs du Cameroun Mamadou ADJIO

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