Burkina Faso :

Baisse de 50 % des revenus
des producteurs de coton

Dans leur "Déclaration de Bamako sur le Développement de la filière cotonnière en Afrique de l'Ouest et du Centre", les Chefs d'État du Bénin, du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et du Sénégal écrivent :

"Force est de constater que la crise que traversent les filières coton, loin de trouver une solution, s'aggrave. En effet, pour la seule campagne 2004-2005, l'Afrique de l'Ouest et du Centre connaîtra un déficit estimé à plus de 220 milliards F CFA, soit plus de 400 millions US $, aggravant ainsi la pauvreté en annihilant les efforts de développement."

Comment cela va-t-il se traduire  pour les producteurs de coton burkinabè pour la prochaine campagne ? Au Burkina, les prix d'achat du coton et le prix de vente des intrants sont fixés avant la campagne. Pour fixer le prix du coton, on part du prix plancher et on ajoute les bénéfices de l'année précédente. Comme cette année, il n'y aura pas de bénéfices, mais des pertes, le prix d'achat aux producteurs du kilo de coton-graine (pour la meilleure qualité, dite "1° choix", a été fixé au prix plancher, soit 175 F le kilo. Au même moment, le prix du sac d'engrais (lié en partie au prix du pétrole) passe de 12 500 FCFA à 15 000 FCFA. Soit une augmentation de 20 %.

Ce qui, en terme de revenu, se traduit ainsi (il s'agit bien évidemment d'une moyenne, avec en plus l'hypothèse de pluies favorables !) :

L'an passé : Revenu d'un producteur par kilo de coton-graine récolté :
                   210 F (prix d'achat du 1° choix) - 100 F (estimation moyenne des investissements en intrants) = 110 F

La prochaine campagne : 175 F - 120 F = 55 F

Ce qui nous donne, à l'hectare, une baisse de 50 % des revenus des producteurs de coton.

Ce qui veut dire : des enfants et des adultes qui ne seront pas soignés, des élèves qui seront renvoyés de leur collège parce que les parents n'auront pas payé la scolarité, des maisons inachevées parce que la famille n'a pas pu payer les tôles pour le toit, des couturiers qui n'auront plus de travail car la population se contentera de la friperie...

Koudougou, le 26 février 2005
Maurice Oudet

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