Afrique de l'Ouest :

Qu'ils ne nous tiennent pas par le ventre !

En prélude au forum régional sur la souveraineté alimentaire qui se tiendra du 7 au 10 novembre 2006 à Niamey, le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest (ROPPA) a animé une conférence de presse à son siège le jeudi 2 novembre 2006. Selon cette structure, l'Afrique est capable de nourrir elle-même ses populations et le "Ventre doit être hors des négociations politico-financières".

L'agriculture de nos Etats subit déjà les effets de la concurrence de l'agriculture occidentale. Pour 4% de sa population, l'Union européenne finance l'agriculture à hauteur de 131 milliards de dollars.

Contrairement à leurs décisions de Maputo en 2003, nos pays n'ont pas pu encore accorder à leur agriculture, pourtant moteur de leur économie, 10% de leur budget.

L'intégration prônée dans la sous-région peine à se concrétiser pour l'émergence d'un marché intérieur prospère. C'est dans un tel contexte que l'Union européenne veut signer un accord de partenariat économique (APE) avec les pays Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP).

Cet accord est caractérisé par les préférences commerciales non réciproques accordées aux ACP, notamment l'accès illimité au marché de l'Union européenne de 99% des produits industriels et de beaucoup d'autres types de produits, pour en particulier 39, des pays les moins avancés (PMA), membres du groupe ACP.

Quand la daba rivalise de production avec le tracteur, l'usager du premier outil disparaîtra inéluctablement au profit du second. De plus en plus, nos pays deviennent des marchés de consommation : nous consommons ce que nous ne produisons pas, le surplus de production de l'Occident.

C'est pour faire face à cette problématique que se tiendra du 7 au 10 novembre à Niamey le forum régional sur la souveraineté alimentaire.

Selon les conférenciers, notamment le président d'honneur du Roppa, Mamadou Sissoko ; le vice-président de la confédération paysanne du Faso, Nebnoma Sawadogo, et leurs collaborateurs, cette rencontre réunira 360 participants dans la capitale nigérienne.

Parmi eux, des décideurs politiques, des personnalités scientifiques, des syndicats de consommateurs, des représentants d'organisateurs paysannes et nous en oublions. La souveraineté alimentaire est la possibilité pour une population de maîtriser les choix essentiels qui lui permettent d'assurer sa propre sécurité alimentaire par ses ressources.

Selon les conférenciers, elle est la base de tout développement. "Celui qui tient ton ventre te tient", a précisé Mamadou Sissoko.

Le Roppa exige des différents accords la prise en compte des principes de la souveraineté alimentaire comme droit fondamental des peuples ouest-africains à produire pour eux-mêmes et par eux-mêmes les aliments dont ils ont besoin.

Avant d'ouvrir leur marché, les autres ont d'abord assuré une bonne production et un marché intérieur fluide. Sans passer par ses étapes, notre "ouverture au monde" peut se révéler suicidaire.

L'Observateur Paalga du 2 novembre 2006 (Ouagadougou)
Abdou Karim Sawadogo

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