Déclaration de la "Coalition du Burkina Faso 
pour un Traitement Spécial et Différencié Renforcé "
sur la Conférence Ministérielle de l'OMC à Cancun

(extrait) .../...(Texte complet)

Il est maintenant clair aux yeux de tous que contrairement à l'idée largement répandue selon laquelle l'OMC a été mise en place pour "veiller à un meilleur fonctionnement des règles du commerce international et par voie de conséquence permettre d'augmenter la croissance économique mondiale et le bien être des populations du monde", seules les grandes puissances économiques peuvent tirer profit de la mondialisation.

Nous disons haut et fort qu'il ne sert à rien de prôner le commerce en lieu et place de l'aide comme le font si bien les Etats Unis et user concomitamment de pratiques commerciales déloyales qui ruinent les efforts de développement des pays pauvres.

quel que soit le regard et l'appréciation que l'on porte sur l'issue de la conférence de Cancun, ce résultat traduit le raz de bol et la résistance des pays en développement, face à l'injustice et à l'iniquité d'une mondialisation triomphante et leur lutte pour la reconnaissance des droits des pauvres à vivre des fruits de leur dur labeur.

Nous osons espérer que cette résistance présage d'une remise en cause de l'option des politiques néo-libérales imposés de l'extérieur.

Les résultats de cette conférence sont à mettre à l'actif de la solidarité, de la nouvelle alliance entre pays en développement et de la détermination dont ils ont fait montre à parler d'une seule voix tout au long des négociations.

L'Afrique en général et le Burkina Faso en particulier doivent tirer leçon de cette conférence. Nous devons nous opposer avec fermeté aux dessins cachés des grandes puissances de confiner les pays pauvres dans le rôle de simples consommateurs.

La lutte pour la restauration de notre souveraineté doit se mener à deux niveaux : contre les injustices à l'échelle internationale et contre les politiques internes incohérentes et de courte vue.

Aussi, invitons-nous les gouvernements des pays africains et en particulier celui du Burkina Faso :

  • à plus de cohérence dans le choix des politiques économiques. Une véritable politique de développement des pays pauvres qui ne sont pas encore au stade de compétir au niveau international et sur un pied d'égalité avec les puissances économiques doit d'abord se focaliser sur la maîtrise du marché intérieur et la recherche de la sécurité et de la souveraineté alimentaire ; particulièrement en protégeant les produits vitaux pour leur pays dès maintenant, sans attendre un accord hypothétique à l'OMC.

  • à maintenir la résistance et la mobilisation afin d'exiger de l'OMC qu'elle assainisse et rende plus transparente les règles de la compétition et rétablisse la concurrence équitable.

  • à exiger l'évaluation de l'application de l'Accord sur l'Agriculture (ASA) sur l'économie de nos pays, depuis sa mise en œuvre (au 1er janvier 1995) avant tout nouvel engagement.

  • à demander une redéfinition du dumping et donc l'interdiction d'exporter en dessous des coûts de production.

  • à continuer d'exiger des pays développés qu'ils tiennent compte au nom de l'équité et de la justice, des niveaux de développement des différents pays membres en rendant les dispositions du Traitement Spécial et Différencié (TSD) permanentes et plus facilement applicables au pays bénéficiaires, en fonction de leur niveau de développement et non de délais arbitrairement fixés.

  • à la vigilance car les pays riches ne resteront pas les bras croisés face à ce qu'ils considèrent comme un échec. Ils n'hésiteront pas comme l'expérience nous l'enseigne , à nous diviser à travers des accords bilatéraux ou régionaux ou passer par le biais de la Banque Mondiale et du FMI pour obtenir ce qu'ils n'ont pas eu à l'OMC.

  • à consolider l'alliance nouée à Cancun entre pays ACP, l'Union Africaine et las PMA.

Nous lançons par ailleurs un appel à toutes les organisations de la société civile et à toutes les personnes de bonne volonté afin qu'elle s'engagent au côté de notre coalition pour poursuivre le travail d'information, de sensibilisation et d'éducation sur les politiques économiques et les négociations affectant le secteur agricole.

Fait à Ouagadougou le 16 octobre 2003
La coalition

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