Investir dans l'agriculture.

Les 16 et 17 mars 2013, j'ai participé, à Laval (Mayenne), au Forum « Regards croisés Nord-Sud sur l'agriculture au Burkina-Faso ». Ce Forum était organisé par l'Union des Burkinabè du Grand Ouest de la France (UBGOF) et par le Comité de Jumelage Laval-Garango, Garango étant une ville de 70 000 habitants située dans la province du Boulgou. Je voudrai revenir sur l'un des thèmes de ce forum : « Le financement de l'agriculture et de l'élevage au Burkina Faso : Problématique de l'agro-business et de l'agriculture familiale.

Forum de Laval - PanelAtelier du Forum de Laval : "Investir dans l'agriculture"« Sur le financement de l’agriculture, le constat établi par le socio-économiste Simplice Méda est implacable : Il n’y a pas d’institutions bancaires ou financières dédiées spécialement au financement de l’agriculture burkinabè. « Les crédits accordés par les banques au secteur agricole représentent seulement 2% du volume des prêts » a-t-il révélé. Les banques sur place ne sont que des filiales de grands groupes internationaux (BICIA-B, SSBG, BIB-UBA, etc.) qui font du dépôt leur principale activité et qui se refusent à prendre des risques de financer des projets agricoles même quand ils sont bien montés. Pis, racontant sa propre expérience, il a expliqué que son projet, qui n’avait pas bénéficié de financement, a par la suite été soutiré par un cadre de la banque pour être exécuté. Seul le réseau des Caisses populaires trouve grâce à ses yeux. Présent dans toutes les provinces du pays, proches des paysans, il les accompagne dans le financement de leurs activités, mais à des montants relativement bas. » (Lefaso.net du 25 mars 2013).

Le ministre Toussaint Abel Coulibaly s'en est pris aux aux intervenants qui « n’ont pas mentionné que le Burkina a atteint les 10% du budget consacré à l’agriculture comme l’avaient recommandé les chefs d’Etat lors du sommet de l’Union africaine à Maputo en 2003 ». Mais il a omis de dire que la part du budget du Burkina consacré à l'agriculture baisse régulièrement depuis 5 ans, et surtout que plus de la moitié des dépenses du budget du Ministère de l'Agriculture passe dans son fonctionnement ! (D'après le rapport de la FAO – Suivi des politiques agricoles et alimentaires du Burkina Faso – Février 2013 ).

Mais le Ministre Coulibaly n'a pas manqué de rappeler l'importance de la Coopération décentralisée pour le développement de l'agriculture. Il a fait savoir que le Burkina entretenait 183 partenariats dans le monde, dont 163 avec la France.

Les participants étaient nombreux... et attentifsLes participants étaient nombreux... et réactifs !De fait, le lien entre « Investir dans l'agriculture » et la Coopération décentralisée n'a pas été suffisamment souligné. Pourtant la quasi totalité des participants à ce forum étaient des membres actifs de cette coopération décentralisée (à travers des jumelages – comme le jumelage -Laval-Garongo -, mais aussi comme membres d'associations française soutenant des partenaires burkinabè , sans oublier les membres de l'UBGOF !).

Et c'est pour moi, aujourd'hui, l'occasion de dire :

Merci ! Merci ! Merci !

à tous ceux qui œuvrent efficacement dans des ONG ou des associations de solidarité internationale. Votre action est irremplaçable. Elle a souvent le mérite de rejoindre ceux qui en ont le plus besoin. Elle met l'homme et les échanges au cœur de vos partenariats, car « le remède de l'homme, c'est l'homme. » Grâce à vous des investissements (financiers, mais aussi faits de conseils techniques, d'échanges d'expériences...) se font non seulement « dans l'agriculture », mais au sein de petites exploitations agricoles familiales. Là où les banques ne prêtent pas. Soyez-en remerciés.

Des progrès sont sans doute encore possibles. La demande de l' UBGOF (les Burkinabè de l'Ouest de la France) d'établir un partenariat avec l'association « Citées Unies France » est sûrement très pertinente.

Une autre piste, me semble-t-il, serait pour les acteurs des ONG ou des Associations de solidarité internationale d'inscrire leurs actions en concertation avec les Maires et les Membres des Conseils Municipaux des communes rurales du Burkina (une commune rurale est un regroupement de villages ayant au moins une population au nombre de cinq mille (5000) habitants et justifiant un budget annuel d’au moins cinq millions (5 000 000) de francs CFA). Vous pouvez trouver la liste des 49 communes urbaines et des 302 communes rurales dans l'Annuaire de l'Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) du Burkina, paru en avril 2009.

Oui, longue vie à la Coopération décentralisée ! Et continuons d'investir dans le monde rural.

Paris, le 15 mai 2013
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

FaLang translation system by Faboba