Conte gouin par Mme Justine Fayama

10. Le lièvre, l’éléphant et l’hippopotame

Un jour, le lièvre voulut savoir qui est le plus fort entre l’éléphant et l’hippopotame. Il va acheter une grosse corde. Il en attache un bout à un arbre et part chez l’éléphant en trimbalant sa corde par terre. Il lui dit : « Ami, on m’a offert un bœuf, mais je n’arrive pas à le tirer. Si tu le veux et si tu arrives à le tirer, tu le gardes pour toi. Il lui remet un bout de la corde et lui dit : « Attends un peu que j’aille voir s’il est toujours à l’autre bout. »

Il court trouver l’hippopotame et lui dit la même chose, détache la corde qu’il avait attachée à l’arbre, la lui remet et lui dit de se débrouiller. Il s’en va retrouver l’éléphant et lui dit que le bœuf est toujours à l’autre bout de la corde ; il lui dit de se débrouiller et s’en va.

Voilà nos deux frères qui se tirent, tirent, tirent, sans résultat ; ils redoublent d’efforts, chacun de son côté, mais en vain. Fatigués de tirer, ils ont la même idée: aller voir le bœuf en question. Chacun attache sa corde à un arbre et part voir à l’autre bout en la suivant. A leur grande surprise, ils se croisent au milieu de la corde, se demandent ce qui s’est passé et les deux donnent les mes explications. Ils se rendent compte que le lièvre s’est moqué d’eux. Ils décident de le punir. L’éléphant dit : « A partir d’aujourd’hui, il ne mangera plus d’herbe ici. » L’hippopotame, quant à lui, lui interdira de boire de l’eau.

Or, le lièvre est caché près d’eux; il entend tout de leur conversation. Il rentre chez lui et se met à réfléchir à ce problème qu’il a cherché et trouve vite une solution. Il tue une chèvre et en fait sécher soigneusement la peau. Il se revêt de la peau et se dirige vers la brousse en marchant péniblement.

En voyant l’éléphant, il le salue sur un ton maladif.

L’éléphant lui demande : « Quelle est la maladie qui a pu te rendre ainsi, amie chèvre ? »

« C’est le lièvre qui m’a rendue ainsi. »

« C’est le lièvre qui t’a rendue ainsi ? Avec quoi ? »

« Avec son mauvais doigt. »

« Il a un mauvais doigt ? »

« Oui, il a un mauvais doigt. »

« Comment fait-il ? »

« Il suffit qu’il te pointe de son index pour que tu deviennes comme moi; cela fait maintenant trois jours que je suis ainsi.»

« S’il te pointe de son index, après trois jours, tu deviens comme ça ? »

« Non, c’est le même jour que tu deviens comme ça. »

L’éléphant dit : « Va lui dire qu’il peut venir manger de l’herbe comme bon lui semble, que la guerre est finie. »

Notre lièvre part trouver l’hippopotame et reprend le même discours. L’hippopotame prend peur lui aussi; il l’envoie annoncer au lièvre que la guerre est finie, qu’il peut venir boire comme il veut et qu’il peut même, s’il le désire, se laver.

Notre lièvre part enlever sa peau de chèvre et revient manger l’herbe, à la vue de l’éléphant. Il fait semblant d’avoir peur, mais ce dernier lui dit de ne pas avoir peur, que la guerre est finie. Il va voir l’hippopotame et c’est la même chose.

Notre ami lièvre a retrouvé la paix parce qu’il est le plus malin.

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