Bourrasque en vue sur le marché du coton

 Chronique des matières premières, du 04/11/2004  sur www.rfi.fr

Du coton à ne savoir qu’en faire va s’abattre sur le marché mondial dans quelques mois. Partout, aux États-unis, au Brésil, en Australie, la récolte de coton va dépasser les records historiques. Selon le Comité International du Coton à Washington, la production va frôler les 25 millions de tonnes. C’est presque 25% de plus que l’an dernier. Cela s’explique par des rendements en forte hausse, par le recours accrû aux OGM, par l’extension des surfaces en particulier au Brésil. Bien sûr, ces 25 millions de tonnes excèdent largement les niveaux de la demande mondiale. La conséquence logique, vous l’aurez compris, c’est que les cours mondiaux du coton vont lourdement chuter. Les experts de Washington s’attendent à une dégringolade de l’ordre de 30%. A Paris, certains traders craignent même un retour aux niveaux dramatiquement faibles atteints il y a trois ans. En 2001, les cours du coton étaient passé sous le seuil des 30 cents la livre. Cela promet des heures difficiles pour l’ensemble des producteurs sauf aux États-unis où les programmes d’aide fédérale constituent un bouclier très efficace contre l’orage qui vient. Mais ceux qui vont souffrir le plus dans ce difficile contexte, ce sont bien sûr les producteurs d’Afrique de l’Ouest. Ceux-ci cumulent les handicaps. En plus de la faiblesse des prix, la force de l’euro et donc du franc CFA par rapport au dollar est un gros handicap. C’est encore 30% de revenus en moins. De l’autre côté, les paysans africains sont obligés de payer leur essence et les engrais, qui sont des produits dérivés du pétrole, au prix fort. Ils perdent donc sur tous les tableaux. Encore ces cultivateurs pourraient-ils se consoler s’ils avaient une part de responsabilité dans l’effondrement des cours, si leur production massive contribuait à déstabiliser le marché. Malheureusement, l’Afrique de l’Ouest commence à être dépasser par la concurrence. De l’Asie centrale à l’Australie en passant par le Brésil, les rendements sont de plus en plus élevés. L’Afrique est en train de perdre la bataille du coton. 

Jean-Pierre Boris

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