| Les producteurs du             sud des Etats-Unis, ceux de Grèce ou d’Espagne tremblent-ils pour             leurs subventions face à l’offensive dans laquelle sont engagés             quelques pays ouest- africain ? Les prix du coton à New York             se redressent-ils à la perspective d’une baisse éventuelle des             aides publiques et donc des récoltes dans les pays développés ? 
 A toutes ces questions, la             réponse est bien sûr négative.             Les responsables des filières cotonnières du Burkina Faso, du             Mali, du Bénin, du Togo, du Tchad, de Côte d’Ivoire ont beau             montré leurs muscles, il est peu vraisemblable que cela puisse             impressionner les forteresses développées. Les Américains ont déjà             mis au point une défense de fer. De l’avis d’un représentant             du gouvernement hollandais présent ici et habitué des cénacles             européens, la Grèce tient farouchement à ses subventions et ne lâchera             rien. D’ailleurs, le représentant d’une association suisse qui             épaule les Africains dans ce combat le reconnaît : « les chances             de succès sont minimes ». Elles sont minimes parce qu’il reste             peu de temps jusqu’à la réunion de l’OMC en septembre à             Cancun pour populariser les thèses africaines.
 
 Les chances de succès sont minimes aussi parce que l’Afrique             semble divisée.             Les organisations régionales sont nombreuses, et rivalisent             d’initiatives qui parfois ne débouchent sur rien de concret comme             l’expliquait le délégué à Ouagadougou de la Communauté             Economique des Etats d’Afrique de l’ouest. Cette structure réunit             15 pays. « Nous nous sommes réunis à Accra au Ghana, au mois             d’avril dernier. Nous avons évoqué cette problématique du             coton, disait-il. Nous avons pris quelques décisions. Aucune n’a             été suivie d’effet. Et nous avons préféré annuler la réunion             que nous avions prévu fin mai pour ne pas concurrencer celle-ci ».             La réunion de Ouagadougou est en effet organisée par une autre             structure régionale, l’Union Economique et Monétaire d’Afrique             de l’Ouest, qui ne regroupe que des états francophones à la différence             de la CDEAO.
 Enfin, la division             semble aussi régner entre les différents dirigeants de la région.             Le président Blaise Compaoré du Burkina Faso a repris le dossier a             son compte et est allé le plaider la semaine dernière à Genève.             Mais selon ce qui se dit dans les couloirs de la réunion de             Ouagadougou, ni             le président sénégalais ni son homologue malien ne semblent animés             de la même pugnacité. Le chef de l’état malien Amadou Toumani Touré doit se rendre aux             Etats-Unis avant la fin juin. Son pays est le principal producteur             de coton de la région. Mais au grand dam de ceux qui se battent             pour l’élimination des subventions américaines et européennes, il             n’est pas évident qu’il soit décidé à évoquer ce dossier à             Washington. |