Le droit des paysans bafoués.

Nous vous proposons, cette semaine, une déclaration de presse qui nous vient du Niger. Elle émane de la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN) du Niger. Elle porte sur ses oignons dits « Violets de Galmi ».

Les oignons du Niger dits "Violets de Galmi"Face à la démarche initiée, auprès de l'Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), par la société sénégalaise Tropicasem, filiale de Limagrain (société coopérative française spécialisée dans la vente de semences), en vue de la certification à leur profit, des semences de l'oignon violet de Galmi, les organisations membres de la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN) Niger réunies en assemblée générale extraordinaire, ce jour, jeudi 16 Avril 2009, au siège de la Plate Forme Paysanne, font la déclaration suivante :

  • ·        Considérant que la variété d'oignon dite « Violet de Galmi » est une variété originalement nigérienne, qui détient son nom de la localité d'où elle a été domestiquée : Galmi est un village de la Commune de Doguéraoua, Département de Birni N'Konni, Région de Tahoua en République du Niger. C'est seulement par la suite, au vu de ses qualités, que cette variété a été vulgarisée dans les pays de la sous région ouest africaine;

  • ·        Considérant que les communautés locales nigériennes (les paysans), à l'instar des autres paysans du monde, ont des droits collectifsLes violets de Galmi sur les plantes traditionnelles cultivées, qu'ils ont domestiquées et/ou améliorées, et qui constituent leur patrimoine génétique ;

  • ·        Considérant que la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme garantit que «toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété » et que « nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété »;

  • ·        Considérant que le Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, garantit le droit à la propriété, et la libre disposition, par les peuples, de leurs richesses et de leurs ressources naturelles ;

  • ·        Considérant que la souveraineté pour la protection et la sauvegarde de sa diversité biologique est reconnue à chaque Etat, par la Convention de RIO ;

    Soucieux du respect des droits sociaux, économiques et culturels, des communautés nigériennes ;

  • ·        Dénoncent avec énergie, le comportement des sociétés françaises et/ou leurs filiales au Niger, de manière générale, et spécifiquement, la tentative de spoliation orchestrée par Tropicasem, société coopérative sénégalaise spécialisée dans la vente de semences, avec la complicité de la multinationale française Limagrain ;

  • ·        Considèrent l'action de Tropicasem et de ses complices comme un vol, une confiscation des efforts de plus d'un siècle des communautés d'agriculteurs de Galmi, ainsi qu'une violation des droits de ces communautés locales. Elle constitue, un immense mépris pour les agriculteurs africains en général et les paysans nigériens en particulier.

  • ·        Dénoncent et condamnent le silence et le mutisme complice des autorités compétentes nigériennes, dont, sans la foire sur les semences organisée au Sénégal, contribueront à sacrifier les intérêts des paysans nigériens et du Niger tout entier;

  • ·        Interpellent le Gouvernement nigérien, à prendre rapidement toutes les dispositions pour contrecarrer la demande de Tropicasem, auprès de l'OAPI, avant la fin du délai réglementaire qui échoit en août 2009, sans préjudice de poursuites judiciaires contre cette société ;

  • ·        Appellent les organisations de la société civile notamment les organisations paysannes et les personnes ressources, soucieuses du respect des droits humains, de la dignité humaine, de justice, et de l'avenir de l'agriculture paysanne, à unir leurs forces pour soutenir et apporter assistance aux communautés nigériennes, pour faire échec à la tricherie de Tropicasem et de l'OAPI.



Fait à Niamey, le 16 avril 2009
La Coordination Nationale de la COPAGEN - Niger

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