Pour profiter pleinement du système éducatif burkinabè, mieux vaut être un garçon et naître en ville !

Malgré les efforts faits pour développer la scolarisation au niveau du primaire et du secondaire, les taux de scolarisation restent encore faibles, notamment en milieu rural, spécialement pour les filles. C’est ce qui ressort des résultats définitifs du recensement général de la population de décembre 2006.

Les informations publiées  dans le document officiel se rapportent à l’année 2006-2007.

Nous nous intéresserons au taux net de scolarisation, définit comme étant : « le rapport entre la population scolaire d’âge règlementaire d’un niveau d’enseignement donné et la population qui d’après les règlements nationaux devrait être scolarisée à ce niveau d’enseignement. »

Jeune femme suivant un cours d'alphabétisation pour adulte en langue peuleC’est ainsi que le taux net de scolarisation au primaire (6-12 ans) par sexe et selon le milieu de résidence donne les résultats suivants (en %) :

Pour l’ensemble du pays, il est de     48,4 %
En milieu urbain il s’élève à                90,9 %
Alors qu’en milieu rural, il est de        39,7 %
Et pour les filles du milieu rural de    35,5 %

Malgré les efforts faits également pour développer les lycées et collèges en milieu rural, il reste encore fort à faire !

C’est ainsi que le taux net de scolarisation au secondaire est décrit par les résultats suivants :

Pour l’ensemble du pays, nous avons un taux de     15,8 %
En milieu urbain ce même taux s’élève à                   45,7 %
Alors qu’en milieu rural, il est de                                  07,0 %
Et pour les filles du milieu rural, il est de                    04,9 %


Examinons maintenant les résultats du recensement quant au niveau d’instruction. Le niveau d’instruction correspond à la classe en cours de fréquentation ou la dernière classe suivie pour ceux qui ne fréquentent plus.

Niveau d'instruction de la population de 7 ans ou plus selon le milieu de résidence et le sexe

Niveau d'instruction
Ensemble Urbain Rural
Total Homme Femme Total Homme Femme Total Homme Femme
Sans Niveau
70,7 64,5 76,2
40,1 33,9 46,1 80,6
75,1
85,5
Primaire 20,1 23,8
16,7
31,5
33,1
30,0
16,3
20,5
12,6
Secondaire 1er cycle
6,1
7,4
5,0
17,7
19,2
16,1
2,4
3,3
1,6
Secondaire 2ème cycle
2,0
2,7
1,4
6,7
8,3
5,1
0,5
0,8
0,3
Supérieur 1,1
1,6
0,7
4,1
5,6
2,6
0,1
0,2
0,1


Au Burkina Faso, plus de 70 % de la population de 7 ans ou plus n’ont aucun niveau d’instruction, 20,1 % ont le niveau primaire, 8,1 % le niveau Secretariat d'une Organisation Paysanne à Orodarasecondaire et 1,1 % le niveau supérieur. Cette situation nationale varie selon le sexe et le milieu de résidence. En effet, le niveau d’instruction est plus élevé chez les hommes que chez les femmes et meilleur en milieu urbain qu’en zone rurale comme il apparaît dans le tableau ci-dessus représentant le niveau d’instruction de la population de 7 ans ou plus selon milieu de résidence et le sexe.

Ainsi, en milieu rural, en décembre 2006, 15 % seulement des filles et des femmes avaient bénéficié d’une certaine instruction. Toujours en milieu rural, 5 personnes sur 1 000 ont bénéficié d’une formation du niveau du 2nd cycle du secondaire, et 1 personne sur mille de l’enseignement supérieur (à rechercher sans doute dans les cadres de l’administration et les enseignants des établissements secondaires). Nous avons là le résultat d’une double réalité : peu de jeunes du monde rural bénéficient d’une formation du 2nd cycle du Secondaire et de l’Université, et quand ils en ont bénéficié, rares sont ceux qui ne partent pas en ville.

Pour aller un peu plus loin dans l’analyse, demandons-nous où en est l’alphabétisation de la classe d’âge des 15-19 ans. Nous avons le résultat suivant :
Taux d’alphabétisation pour l’ensemble du pays :    33 %
Taux d’alphabétisation en milieu urbain :                   67 %
Taux d’alphabétisation en milieu rural :                      20 %
Taux d’alphabétisation des filles en milieu rural :    15 %
(source : le site web de l’Institut National de la Statistique et de la démographie : www.insd.bf )
Ce dernier taux est à comparer au 85,5 % des filles et des femmes du monde rural de 7 ans et plus dit « sans niveau d’instruction » du tableau ci-dessus (et donc des 14,5% "instruites"). Comme si l’Etat burkinabè avait du mal à dépasser le taux d’alphabétisations de 15 % pour les femmes du monde rural.

Pas étonnant que les Organisations Paysannes manquent de leaders bien formés pour se développer. D’où la nécessité pour elles, de veiller sur la qualité des enseignements des écoles, lycées et collèges implantés en milieu rural, mais aussi de mettre en place des formations alternatives correspondants aux besoins spécifiques du développement agricole de leur région. Dans leur plaidoyer auprès des autorités politiques et administratives, le développement du système éducatif (en quantité et en qualité) devrait tenir une place importante.

Koudougou, le 23 mars 2009
Maurice Oudet
Président du SEDELAN
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